Nous avons eu à dénoncer le comble du cynisme lorsque nous parlions des complices du putsch qui essayaient de le transformer en comédie. Devant le ridicule de cette tentative, Gratien Rukindikiza a revu la copie et s’est efforcé de donner les raisons farfelues de l’échec. Il concédait au moins que le putsch n’a pas été l’oeuvre de Nkurunziza.

Nous venons de mettre à nu le plan macabre de Bernard Henri Lévy. Il serait sur le point de se retirer sur la pointe des pieds. Mais déjà notez que Muhozi Innocent a fait une déclaration hier où il rassurait sur sa propre situation. Il a reconnu que l’interrogatoire s’était bien déroulé et que les juges voulaient en savoir sur l’usage qui a été fait de la TV Renaissance pour diffuser la déclaration annonçant la destitution du président Nkurunziza. Innocent Muhozi a confié ne subir aucune menace particulière tout en fustigeant l’inaction du gouvernement pour restaurer la paix dans les esprits au Burundi. Au moins, il a su se hisser au dessus de la mêlée et casser les polémiques qui se développaient autour de sa personne.

Pour la journée du vendredi 22 mai, il importe de noter la déclaration de Pierre Claver Mbonimpa au nom de la société civile qui participe au dialogue organisé depuis le 5 mai par la MENUB. Sur le plateau de la RTNB, on pouvait facilement lire sur le visage la peine de l’activiste à reconnaître que les manifestations échappent au contrôle de ceux qui ont appelé à descendre dans la rue. Pierre Claver Mbonimpa a reconnu qu’il fallait procéder à l’évaluation des dégâts et prendre des responsabilités devant la communauté internationale. Il a ainsi fait savoir qu’une trêve de deux jours venait d’être décidée pour ce samedi et dimanche.

Le ministre Édouard Nduwimana qui représente le gouvernement dans ce dialogue a salué le geste des activistes. Il a fait remarquer que les dégâts sont très importants et qu’il fallait suspendre sinon arrêter définitivement le mouvement insurrectionnel. Il a cité le nombre de morts parmi les manifestants et les policiers et les militaires, les biens de l’Etat et des particuliers brûlés ou saccagés, les écoles fermées dans la capitale, les travailleurs pris en otage par les manifestants trop violents etc. Il a souligné que les manifestants n’avaient aucun droit de priver d’autres citoyens du droit de travailler et de ne pas avoir la même lecture de la constitution que ceux qui parlent de mandat.

Alors que le président Uhuru du Kenya condamnait sévèrement les manifestations à Bujumbura et appelait à leur fin, la violence allait prendre une autre tournure. Non contents de voir que le quartier de Musaga était sous contrôle de la police et que même à Ngagara, Cibitoke et Mutakura le mouvement perdait beaucoup en nombre et en intensité, les organisateurs ont poussé aux actes de terrorisme aveugle. La ville de Bujumbura était très animée ce vendredi. La circulation a été presque normale et la quasi totalité des magasins ont ouvert. Dans la soirée cependant, des fous ont lancé trois grenades dans un attroupement de gens au niveau de l’ancien marché central de Bujumbura. Ils ont tué de pauvres femmes qui vendaient des fruits sur le trottoir et trois policiers seraient parmi les victimes. Le bilan provisoire fait état de cinq morts et plus d’une vingtaine de blessés. Nous pensons à ces morts de trop. Nous pensons à ces familles en deuil. Nous pensons à ces destins brisés. Silence et consternation.

Ce qui est très énervant, c’est cette manie des détracteurs de Nkurunziza à imposer leur cynisme de monstres. Alors que les grenades venaient d’être lancées et de faire des dégâts combien importants, les accusations ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux pour attribuer le forfait à Nkurunziza. Des conclusions hâtives qui ne font aucun doute sur le plan de ceux qui diffusent ces accusations. Les Burundais et la communauté internationale ne sont pas dupes. Ils savent lire entre les lignes. A coup sûr, l’acte barbare est l’oeuvre de ceux qui ne supportent pas l’avancement du dialogue et le compromis qui est en voie d’être trouvé. Ils se disent que ce terrorisme pourrait être imputé à Nkurunziza et justifier la requête d’avoir des forces étrangères pour protéger les manifestants. La même manie est identifiée du côté de la chanteuse burundaise Kadja Nin. Elle se souvient du Burundi ou elle agit sur commande? Demandez surtout à ces philanthropes de circonstances ce qu’ils accomplissent au Burundi. Juste des larmes de crocodile et une publicité personnelle. Et la tempête passée, ils s’évanouissent dans la nature comme ils avaient apparu sur les devants de la scène. S’ils prenaient au moins la peine de présenter les conflits dans leur portée au lieu de servir un camp contre un autre. Hélas c’est un jeu d’intérêts colossaux et à mille lieues des souffrances de la population des mille et une collines du Burundi.

Nous appelons à des enquêtes rapides sur ce qui vient de se passer au marché central de Bujumbura. Ce terrorisme est à condamner sans réserve et exiger que les coupables en répondent devant la loi. Il ne sert à rien de tenter de récupérer ce genre d’actes insensés et irresponsables. Ceux qui nous fabriquent des coupables devraient réfléchir avant d’ouvrir la bouche ou de laisser quelque écrit sur la toile ou de verser la salive dans quelque média. Il est clair que ce terrorisme est une autre tournure dans la crise et que la communauté internationale ne peut plus cautionner les manifestations violentes à Bujumbura. Elle doit être plus que jamais objective et quitter son penchant pour ceux qui prétendent défendre l’esprit d’Arusha.

La MENUB s’implique dans le dialogue et ses efforts sont d’ailleurs salués par le secrétaire général de l’ONU. Il l’a fait savoir dans un message envoyé hier à Bujumbura. Parce que la voie de sortie commençait à se dessiner. Les délégations de l’Union Africaine, du COMESA, de l’EAC, le chef de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne et Djinnit envoyé spécial de l’ONU dans la région des grands lacs, ont écouté tous les protagonistes burundais. La trêve de 48 heures aurait dû être un engagement plus grand voire une décision de mettre un terme à la violence. Mais dans un règlement de conflit ou dans la médiation, il y a des étapes et chaque pas vers l’autre compte. Le terrorisme aura été une folie de même que la tentative de coup d’Etat a produit l’effet contraire. Si les Burundais savaient tirer les leçons des erreurs qu’ils commettent régulièrement!

Nous recevons des informations sur l’entrée timide de la coalition de Rwasa-Nditije dans les campagnes électorales. Nous nous disons que le réalisme politique est en voie de triompher. Des informations de sources variées font en effet état des militants de Rwasa qui font du porte à porte dans différentes provinces pour appeler à voter pour « Amizero y’Abarundi ». Rwasa choisit encore la duplicité à Bujumbura mais sur terrain, les faits témoignent. Il lui serait profitable de sortir au grand jour et de mener campagne publiquement. Ce qu’il fait en cachette n’est plus un secret et même ceux qui organisent les manifestations ne le portent plus dans leur coeur.

C’est ainsi que les tensions montent entre les manifestants du MSD et ceux de Rwasa. Ces derniers ont accusé hier les personnes qui fournissent à manger aux manifestants de mettre des produits nocifs dans la nourriture destinée à ceux de Rwasa. Notez qu’ils ne mangent pas ensemble. Et même pour les primes versées quotidiennement, ceux de Rwasa seraient moins payés par rapport à ceux du MSD de Sinduhije! Manifester est devenu pour bien des chômeurs et des désespérés de la capitale du boulot ou du moins une source de revenus pour s’acheter de la bière à gogo et des drogues. Les habitants des quartiers où se déroulent les manifestations sont stupéfaits.

Les accusations de produits toxiques dans certaines nourritures? On avait cru à une rumeur visant à casser le mouvement mais après une dizaine de témoignages des manifestants qui se plaignent de maux de ventre et même de santé très précaire depuis quelques jours, nous sommes dans la mesure de confirmer ces allégations. C’est malheureusement une autre forme de terrorisme aveugle et sournois en représailles au double jeu de Rwasa. L’unique issue pour la paix au Burundi: les élections!

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