Réaction à l’article du 09 juin par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme au Burundi (http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16059&LangID=F#sthash.1XJo9J4U.dpuf)
Je m’appelle Pascasie Minani Passy. Je suis canadienne d’origine burundaise et Auteure du livre Femmes en politique au Burundi, leur nombre, leur influence ?
Avant tout, je voulais vous remercier pour le travail que votre organisation fait dans mon pays d’origine, le Burundi. Bien que je n’y habite pas et que je n’ai pas eu la chance d’y grandir à cause du génocide contre les Hutus de 1972, je suis de près, quotidiennement, ce qui se passe dans ce pays.
En faisant ma maîtrise en Mondialisation et développement international, j’avais compris que parmi les objectifs éthiques et professionnels des organisations onusiennes dans tous les pays est la neutralité dans la représentation et la résolution des conflits nationaux et internationaux.
Malheureusement, en lisant votre article susmentionné, je ne vois pas cette neutralité.
Je vois tout simplement les agents de l’opposition qui parlent à travers une organisation onusienne et c’est triste car si une partie des taxes des Canadiens va dans le financement des organisations onusiennes comme la vôtre et que c’est ça que vous montrez comme neutralité dans la crise du Burundi, je suis vraiment déçue ! Ceci est un cas que je connais très bien, que serait de la crédibilité de vos informations sur les conflits ailleurs ? En Lybie ou en Syrie par exemple ? Si vous osez affirmer les mensonges pour le cas du Burundi, comment vous faire la confiance pour d’autres cas ?
1. Vous avez écrit qu’il y a TRÈS PEU D’ACTES VIOLENTS COMMIS PAR DES ÉLEMENTS DE L’OPPOSITION. Par contre, il y a un homme brûlé avec les pneus par les manifestants dans le quartier de Nyakabiga. Il y a les minibus servant de transport public brûlés, des maisons des privés brûlées, il y a les grenades lancées au centre-ville qui ont pris les vies des pauvres femmes vendeuses de légumes, un franco-burundais tabassé en l’accusant d’être un interahamwe, etc.
Si votre organisation est pour le droit de l’Homme. Qui sont ces victimes ? Les Hommes ou pas ? J’aimerais avoir une réponse sur ça s’il vous plaît.
2. J’aimerais vous demander aussi de réfléchir sur le caractère des manifestants. Est-ce qu’ils sont de la société civile ou un groupe de jeunes manipulés par les politiciens qui savent qu’à partir des élections ils n’auront pas de sièges au gouvernement ni au parlement parce qu’ils n’ont pas tout simplement de soutien du peuple ? S’ils sont de la société civile et que les photos sorties dans quelques journaux au Canada nous montrent ces jeunes avec les fusils, ces fusils sont pour quel usage ? Une des photos est ici :
http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201506/04/01-4875451-burundi-ottawa-renvoie-des-ressortissants-malgre-la-crise.php.
Je demande une réponse à cette deuxième question aussi.
3. Pour les témoignages de réfugiés que vous publiez à la disposition du monde entier, est-ce que vous avez les preuves vérifiables dans le besoin ? Je demande car nous, les burundais vivant à l’étranger et grandi vrais réfugiés prenons au sérieux toute publication faite pour diaboliser le gouvernement burundais afin de légitimer le sabotage des élections démocratiques qui doivent se tenir en juin et juillet. Je crois fortement que c’est à partir de ces élections que tout le peuple burundais exprimera sa voix/volonté : pour ou contre le Président Nkurunziza. Ce n’est pas la voix de 5 communes sur 129 communes du Burundi qui doit empêcher autres 124 communes à s’exprimer à partir des élections !
Est-ce que le droit de l’Homme que votre organisation promeut est pour les 5 communes en manifestations plus les 124 qui continuent la vie normale au Burundi ?
S’il vous plait, répondez-moi sur cette troisième question pour que je sache clairement quelles sont vos missions en tant qu’organisation.
3. Je ne peux pas finir sans vous rappeler que le Burundi a connu les massacres qui ont pris les vies des Hutus, des Tutsis et des Twas en 1965, 1969, 1988, 1991, 1992, le génocide contre les Hutus de 1972 et la guerre civile de 1993 qui a pris les vies des Hutus, des Tutsis et des Twas. Donc, soutenir la démocratie et le processus de préparation des élections au Burundi serait la meilleure chose à faire si vous voulez vraiment aider le Burundi à sortir de la crise actuelle tandis que diaboliser le parti au pouvoir avec ses jeunes imbonerakure ne sert qu’à causer plus de maux que du bien, à la société burundaise.
Est-ce que vous vous rappelez que les rôles de certaines organisations onusiennes dans la propagation des rumeurs ont renforcé la rigueur du génocide rwandais en 1994 ? Faites attention s’il vous plaît. Nous voulons la paix et la démocratie au Burundi. Le peuple burundais a assez souffert et je pense qu’il en a assez. Donc, aidez-le à progresser et non à régresser.
Je termine en vous remerciant d’avance pour les réponses à mes questions.
Pascasie Minani Passy