Le gouvernement du Burundi a décidé que le dernier calendrier électoral proposé par la CENI va être respecté. La CENI déclare que tout est fin prêt pour organiser les élections des conseillers communaux et des députés ce lundi 29 juin. A en croire les journalistes locaux et étrangers qui sillonnent le pays, la population souhaite vivement que ces élections aient enfin lieu. Elle comprend que les tensions et les spéculations vont cesser une fois le scrutin terminé. La population interrogée à Muyinga, Kirundo, Makamba et Rugombo insiste sur l’impératif de tenir ces élections maintenant pour éviter de plonger le pays dans une incertitude de la transition. Il est donc clair que les messages véhiculés par les autorités ont mieux séduit que les menaces jugées grotesques de ceux qui parlent de guerre ou de boycott des scrutins.

Devant cette détermination du gouvernement et de la population, les partis de l’opposition radicale et certaines organisations de la société civile tentent de faire jouer les facilitateurs dans le dialogue à Bujumbura. L’on a vu le sénégalais Bathily demander le report des élections alors que les protagonistes n’ont pas bougé de leurs positions! Son soutien aux réclamations de l’opposition a été vite repris dans un communiqué attribué au Secrétaire général de l’ONU. La même pression contre la tenue des élections est venue de la Belgique.

Le Vice Premier ministre et ministre des affaires étrangères, Didier Reynders a déclaré que la Belgique n’allait pas reconnaître les résultats des élections. Rien de surprenant car la Belgique comme l’Union Européenne ont retiré les observateurs du Burundi. Elle vient de demander aux ONG de ne pas suivre le déroulement des élections. Mais elle oublie qu’avec ou sans observateurs européens, beaucoup de pays dans le monde organisent les élections. Juste pour permettre aux populations de choisir leurs dirigeants et de faire valoir leur droit et devoir de citoyen. Ces ONG belges qui sont souvent pointées du doigt pour leurs pratiques discriminatoires risquent désormais de perdre leur agrément et de ne plus travailler au Burundi.

Les activistes comme Pacifique Nininahazwe, Pierre Claver Mbonimpa et complices ont lancé un appel à la population à ne pas participer aux élections. Sur les réseaux sociaux, les menaces d’insécurité sans précédent sont diffusées pour intimider la population. Ces menaces sont prises au sérieux dans les quartiers de Bujumbura qui viennent d’être secoués par des manifestations violentes. Beaucoup de familles quittent leurs maisons voire même le pays. D’autres vous disent qu’ils ne vont pas sortir de la maison ce lundi par peur. Dans les villages, la population est plutôt sereine et impatiente de voter.

Mais du côté des forces de sécurité, elles assurent que les mesures ont été prises pour sécuriser les élections. Elles promettent les mêmes conditions que pour le bon déroulement du concours nation organisé récemment par le ministère ayant l’enseignement secondaire dans ses attributions. « Si quelque fauteur de troubles se risque à perturber les élections, il aura signé son arrêt de mort! Nous nous en tenons aux consignes qui viennent d’être données par le ministre de la sécurité publique. » A confié un officier de police rencontré à Kanyosha.

Un analyste de la situation politique estime que le gouvernement a pris une décision sage. La population s’est fatiguée de ces campagnes électorales. Elle dénonce le double langage des opposants qui disent boycotter les élections mais invitent les militants à voter pour eux! Du côté de Kayanza et Bururi, les supporters de Rwasa et Nditije appellent à ne pas voter l’UPRONA mais Amizero y’Abarundi. A Gitega, la campagne de RANAC bat son plein. Ils espèrent récupérer les voix de ceux qui veulent sanctionner le CNDD-FDD d’avoir écarté Rufyikiri et Onésime Nduwimana.

Ce sont ici des enjeux que les opposants passent sous silence car c’est le plan B plus réaliste à cause de celui de compter sur les jeunes qui auraient été préparés pour lancer des grenades. Ce plan de semer la panique est renforcé par la déclaration d’un général de Brigade qui vient d’annoncer une guerre contre le Burundi. A ces menaces, tous les analystes reconnaissent qu’il s’agirait d’une folie. Car le peuple burundais aspire à la paix et n’est pas prête à soutenir les combattants. Qui parle de guerre fait penser à une agression qui viendrait du Rwanda. Autrement dit, un conflit ethnique inévitable. Il suffit d’écouter les Burundais qui étaient réfugiés au Rwanda et qui sont rentrés à Kirundo. Ils accusent les autorités rwandaises d’avoir maltraité les Hutus. Ils accusent le Rwanda d’être derrière le complot contre le régime de Bujumbura qui est considéré comme un pouvoir des Hutus. Ils accusent le Rwanda d’empêcher les réfugiés de rentrer librement. D’autres dénoncent le piège qui a été tendu aux réfugiés en leur offrant l’asile promptement. Ceux qui veulent rentrer, les Rwandais leur disent d’attendre les formalités du HCR! Un cadeau qui est devenu un piège! D’autres burundais qui avaient loué des maisons à Kigali ou Butare ont jugé la vie trop chère au Rwanda. Ils ont poursuivi vers l’Ouganda ou ont décidé de rentrer. Tout ce monde dénonce l’imposture du Rwanda, le machiavélisme de ceux qui ont organisé les manifestations et entretiennent des rumeurs de guerre.

Le Rwanda vient d’accorder les facilités aux journalistes burundais exilés à Kigali. Ils produisent et diffusent une émission destinée à encourager la peur et la désobéissance civile. Non seulement les journalistes qui animent ces émissions sont des Tutsis mais surtout Paul Kagame est cité dans les témoignages des cadres rwandais qui dénoncent discrètement ce que le FPR fournit aux opposants comme logistique et appui diplomatique. Le camp de Nkurunziza a réagi en relançant les émissions de la radio REMA FM. Jusqu’à maintenant le gouvernement du Burundi redouble de vigilance et mise beaucoup sur le bon déroulement des élections. Cette stratégie est la meilleure. Car le Rwanda de la dictature ethnique de Kagame n’a aucune leçon de démocratie à donner au Burundi. Ni même celle de la défense des médias ou des journalistes.

Editeurs B-24