Theresa May, au bord des larmes, annonce sa démission
La Première ministre britannique Theresa May, usée par l’interminable casse-tête du Brexit qu’elle n’a pas su mettre en oeuvre, a annoncé vendredi sa démission, au bord des larmes, laissant à celui ou celle qui lui succédera un pays paralysé par les divisions.
Chemin de croix
Le mandat de Theresa May, aux airs de chemin de croix tant elle a rencontré d’adversité, de critiques voire de complots au sein de son propre parti, restera comme l’un des plus courts de l’histoire des Premiers ministres britanniques depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Boris Johnson favori
Avant d’entrer en fonction, son successeur devra être élu à la tête du Parti conservateur, puis être nommé officiellement à la tête du gouvernement par la reine Elizabeth II. L’ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, champion des Brexiters, fait partie des favoris pour la remplacer.
Le lourd héritage de Cameron
Theresa May avait pris la tête de l’exécutif en juillet 2016, peu après que les Britanniques eurent voté à 52% en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016, succédant à David Cameron. Mais cette fille de pasteur de 62 ans, ancienne ministre de l’Intérieur, n’est pas parvenue à rallier derrière sa vision de la sortie de l’UE une classe politique profondément divisée sur la question, à l’image de la société britannique.
Brexit insoluble
L’accord de divorce qu’elle a âprement négocié avec Bruxelles a été rejeté à trois reprises par les députés, ce qui a contraint l’exécutif à repousser au 31 octobre au plus tard le Brexit, alors qu’il était initialement prévu le 29 mars, et à organiser les élections européennes en catastrophe.
Sentence des urnes
Le scrutin, qui s’est tenu jeudi au Royaume-Uni, s’annonce calamiteux pour les tories, qui termineraient à une humiliante cinquième place (7%), 30 points derrière le Parti du Brexit du sulfureux europhobe Nigel Farage, selon un sondage YouGov.
L’échec du plan de la “dernière chance”
Mardi, Theresa May avait présenté un plan de la “dernière chance” pour tenter de reprendre le contrôle de ce processus. En vain: le texte a fait l’objet d’un déluge de critiques tant de l’opposition travailliste que des eurosceptiques de son propre parti, entraînant ainsi la démission mercredi soir de la ministre chargée des relations avec le Parlement, Andrea Leadsom.
Que prévoyait-il?
Le projet de loi, que Theresa May comptait faire voter la semaine du 3 juin, ne figurait pas au programme législatif annoncé jeudi par le gouvernement aux députés. Ce plan prévoit une série de compromis, dont la possibilité de voter sur un second référendum et le maintien dans une union douanière temporaire avec l’UE, pour tenter de rallier la majorité des députés. Mais en lâchant du lest, Theresa May a hérissé les eurosceptiques de son camp. Le départ d’Andrea Leadsom a fini de saper l’autorité de Mme May, qui a vu partir au fil des mois une trentaine de membres de son gouvernement.
Tâche impossible
Reste que la tâche de détricoter plus de 40 ans de liens avec l’UE n’avait rien de facile, souligne Simon Usherwood, politologue de l’Université de Surrey, interrogé par l’AFP. “Quiconque dans sa position aurait rencontré de grandes difficultés”, ajoute-t-il, estimant cependant que Mme May “n’a pas vraiment eu la meilleure approche” en choisissant de ne s’appuyer que sur son Parti conservateur, en particulier sa branche la plus déterminée à couper tout lien avec l’UE. “L’Histoire ne retiendra pas d’elle une image favorable”, juge-t-il malgré tout.
AFP