Mardi le 15 septembre devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève, après une brève visite au Burundi, voici le non-dit qu’on peut retenir de sa communication.
Cette éminence grise du système onusien s’est évertuée à faire un appel du pied aux occidentaux pour qu’ils consentent à décider d’aller châtier le Burundi, traitement de choc qui avait permis le saccage de la Libye, pays qui jusque-là était prospère et qui aujourd’hui est devenu un pays pourvoyeur de réfugiés vers l’Europe, pour lesquels les mêmes occidentaux voudraient fermer leurs frontières, après que l’onde de choc ait atteint les autres pays du bassin méditerranéen.
Il vient de déclarer qu’un « échec de la communauté internationale à intervenir sur la crise au Burundi pourrait aboutir à de « nouvelles atrocités de masse » et même déboucher sur un conflit régional majeur ». De quelle intervention parle-t-il ? Militaire ? Il a déclaré que « de même, c’est dans les régions voisines des Kivus, dans l’est de République démocratique du Congo, que débutèrent les guerres de 1996-1997 et 1998-2003, qui ont impliqué jusqu’à sept pays africains sur le sol congolais ». Il poursuit en disant : « Je tire la sonnette d’alarme pour dire que la communauté internationale, y compris les organisations régionales et internationales, ne peuvent se permettre d’attendre que de nouvelles atrocités de masse reprennent ». Là il sait de quoi il parle, ils ont bien cassé du grain pendant cette période.
Seuls les dupes pourraient se méprendre sur ce message, délivré, pour encourager ceux qui sont passés maitres dans la déstabilisation des pays qui ne sont pas dirigés à leur goût, à agir. La révolution de couleur, vouloir ou pas, pour eux doit avoir lieu, c’est une question de principe, de temps et de moyens.
Regarder devant toujours devant, jamais derrière. Pour nous, le passé compte autant que le présent. Cet expert a oublié que le Burundi a une histoire et que quelques pans de cette histoire méritent encore qu’on y apporte des éclaircissements. L’année la plus ancienne qu’il cite est 1993. Je souhaiterais lui rappeler que le Burundi existe bien avant son accession à l’Indépendance et que grâce aux actions d’experts comme lui, les violations massives des droits de l’homme y compris le génocide de 1972 sont passées sous silence. Regarder devant toujours devant, le fil du temps ne s’arrête pas, il faut s’inscrire dans son continuum.
Avant le saccage de la Libye, ce sont, ce même genre d’experts qui avaient déclaré partout que les droits de l’homme y étaient bafoués, qu’il n’y avait pas la démocratie, qu’il fallait intervenir pour sauver les Libyens, qu’il fallait les aider à accéder à un Etat qui respecte le citoyen, etc… Qu’en est-t-il aujourd’hui de la Libye? C’est un pays en lambeau.
Si réellement c’est un défenseur des droits de l’homme honnête, pourquoi surtout que sa voix porte loin, ne nous aide-t-il pas, afin qu’au moins le génocide de 1972 puisse être reconnu en tant que tel ? Ah non je me trompe, l’année la plus reculée qu’il a mentionnée dans sa communication est 1993 !!!!
En guise de rappel à notre éminent expert onusien, il y a eu au Burundi des événements (tueries) tragiques à plusieurs moments dont principalement :1961, 1962, 1964, 1965, 1969, 1972, 1988, 1991, 1993 à nos jours. Je ne savais pas que les droits de l’hommes seraient devenus à géométrie variable, ou peut-être, seraient devenus un simple instrument géopolitique pour désigner les moutons noirs (pays) à abattre et les autres à choyer.
Au fait la crise qu’il évoque, qui la crée et qui l’alimente ? Qui a les moyens de déstabiliser les autres ? A ce jour, le Burundi pays pauvre et petit n’a aucun contentieux connu avec aucune des puissances mondiales qui justifierait qu’il faille lui faire la peau. C’est ici qu’il faut comprendre la fameuse expression employée par Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris en 1832, la part du lion.
Des droits de l’homme il n’en est pas question, de la démocratie il n’en est pas question. Le plus grand reproche est que le Burundi a osé organiser des élections sans leur aval ou bénédiction. Pour ce crime de lèse-majesté, j’ai peur que certains puisants vont le faire payer très cher aux Burundais.
Mais avant cela, ils lancent comme d’accoutumé, des pseudo-experts pour préparer et aplanir les chemins vers la destruction.
Monsieur l’expert, personnellement j’attends encore que votre Eminence, veuille bien se pencher et me jeter un regard furtif dans votre science droit-de-l’hommiste, car à ce jour je porte encore dans ma chair, comme une chape de béton les stigmates de toutes ces violations des droits de l’homme ainsi que les cycles de violence qui s’en sont suivis au Burundi depuis son accession à son indépendance en 1962.
Vous côtoyez au quotidien les auteurs et co-auteurs de ces faits. Des comme moi, des laissés pour compte vous implorent à réellement défendre les droits de l’homme dans leur lettre et dans leur esprit.
La seule circonstance qu’on pourrait évoquée pour comprendre le raccourci de votre déclaration de mardi dernier est votre court séjour de quelques jours au Burundi. C’est un petit territoire mais l’histoire de son peuple est riche et variée, ne se laisse pas appréhender en si peu de temps.
Si Dieu le veut, le Burundi s’en sortira.
Ruvyogo Michel