« Les sanctions de l’UE fragilisent la diplomatie européenne dans la crise du #Burundi »
Selon un expert européen en relations internationales qui a requis l’anonymat, la décision de prendre des sanctions contre 3 officiels (Bizimana, Ndakugarika, Kazungu) et 1 putschiste (Gnl Léonard Ngendakumana) fragilise encore plus la position de #Bruxelles dans la résolution de la crise politique et sécuritaire au Burundi.
En effet, d’un côté, ceux qui sont visés par les sanctions n’en ressentiront probablement aucun effet : « Les quatre personnalités ne sont pas connues comme de grands voyageurs vers l’Europe. Et même s’ils avaient des biens, il y a peu de chances qu’ils les gardent au-delà de la Méditerranée. »
Pour l’expert, « les sanctions sont donc de niveau purement symbolique. Ce qui n’est pas pour plaire à l’opposition, notamment le CNARED, qui s’attendait à des noms comme Nkurunziza, Bunyoni, Nyamitwe, etc, sur la liste. »
Et d’ajouter qu’il faut aussi comprendre la fébrilité de Bruxelles : « L’Union Européenne ne peut pas s’en prendre frontalement à #Bujumbura alors que la délégation burundaise au 70ème Somment des Nations Unies a été accueillie et félicitée par Ban Ki-moon à New-York, et y enchaîne des rencontres bilatérales avec ses pairs européens. »
Pour l’expert, la composition de la liste reflète donc une victoire diplomatique pour Bujumbura. « Mais il faut tempérer ce sentiment par la frustration sociale que peut susciter ces sanctions. Nos technocrates à Bruxelles n’ont pas vu que la liste des 4 n’est composée que de personnalités hutu. Ce qui n’est pas malin, ni bon, quand on se rappelle des atrocités commises dans ce petit pays depuis des décennies, les propos de certains acteurs non-hutu appelant à la prise d’armes depuis des mois déjà, d’autres fichés dans des rapports d’experts internationaux sans que l’UE se prononce. Ces sanctions peuvent être interprétées comme du deux poids, deux mesures. »
D’où la crainte, pour cet expert, de voir ces sanctions renforcer l’impression de certains qui se disent que soit l’Union Européenne ne comprend pas les enjeux de la crise burundaise, soit elle les comprend, mais a déjà pris sa position.
« Ce sentiment est autant valable pour l’opposition que pour le pouvoir », conclut l’expert.