Lors de l’annonce par la Russie d’une intensification des frappes de l’aviation et de la marine russe en Syrie, afin de permettre de préparer une offensive terrestre à l’armée de Bachar al-Assad contre le groupe Etat islamique (EI), le porte-parole du Kremlin s’est prêté au jeu des questions réponses comme il est de coutume en ce genre d’occasions.
A la question : Comment différenciez-vous, lors des bombardements en Syrie, les terroristes des rebelles modérés (ceux qui sont armés et financés par Washington) ?
Il a apporté cette réponse qui en dit long sur l’idée que se fait Moscou de l’existence des « rebelles » modérés : « Depuis le début des opérations militaires en Syrie, nous avons pris cela en considération. Contre les terroristes normaux, nous utilisons des bombes normales, et contre les terroristes modérés, nous avons recours seulement à des bombes modérées. Nous nous sommes orientés dans ce sens, autrement dit, dans le sens de la Justice. »
Question : excusez-moi, mais pouvez-vous me dire en quoi les bombes modérées sont différentes des bombes normales ? Réponse : « Nos bombes normales se différencient des bombes modérées, exactement comme les terroristes normaux se différencient des terroristes modérés. Les secondes sont en fait peintes avec d’autres couleurs, aux tons décidément plus doux et plaisants. »
Puis écartant le sujet, il est revenu sur le bilan des frappes qui ont débuté le 30 septembre. Rappelant que le président Poutine estimait que pour le moment l’opération était satisfaisante même si les actions anti-terroristes nécessitent du recul avant de pouvoir prétendre tirer un bilan réel, il a notifié que les frappes avaient touché 112 cibles. Et les raids sont en contante intensification.
Il a de même expliqué que le président russe a évoqué une possible offensive terrestre de l’armée syrienne contre l’EI, affirmant que les prochaines opérations militaires russes dans le pays seront synchronisées avec celles des forces gouvernementales.
En appui des raids aériens lors de cette offensive syrienne interviendront probablement à nouveau les navires russes. Déjà hier, quatre croiseurs russes de la flottille de la Caspienne ont tiré 26 missiles de croisière sur 11 cibles de l’EI et du Front al-Nosra, franchise locale d’Al-Qaïda en Syrie, les détruisant toutes.
Si la localisation des navires n’a pas été précisée, une infographie publiée sur le site du ministère de la Défense montre les missiles tirés depuis la mer Caspienne, à près de 1.500 km de leur destination, survolant l’Iran et l’Irak avant de frapper en Syrie, évitant ainsi l’espace aérien de la Turquie et de l’Azerbaïdjan.
Selon le ministère, les missiles russes ont atteint leurs cibles — des ateliers de fabrication d’explosifs, des postes de commandement, entrepôts de munitions et camps d’entraînement — avec une précision de moins de 3 mètres. Cette nouvelle opération permettant à la Russie de tester la coordination de l’ensemble des soutiens qui seront mis en oeuvre lors de l’assaut syrien.
P. JM. Robinne