Affaire libyenne: un ancien dignitaire revient sur ses accusations contre Sarkozy

L’affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy se nappe encore un peu plus dans la brume.. Deux semaines après avoir publié le témoignage d’un ancien proche de Ziad Takieddine démontant les accusations de celui-ci à l’encontre de Nicolas Sarkozy, Le Journal du dimanche affirme ce 28 juillet qu’une pièce maîtresse de l’accusation, en se murant dans le silence lors de sa dernière audition le 9 février, paraît beaucoup moins solide qu’auparavant. Les maigres déclarations de Baghdadi al-Mahmoudi, plutôt que d’aider les juges, mettent au contraire en lumière des « étrangetés » qui entachent la crédibilité d’un précédent interrogatoire de l’ancien Premier ministre libyen, en 2016 par la justice de son pays.

Auditionné le 9 février dernier par les juges français, l’ancien dignitaire a en effet minimisé la portée de ses précédentes allégations. « Je n’ai pas de relation directe avec les faits, on me les a juste rapportés », a ainsi juré Baghdadi al-Mahmoudi lors de son entretien avec les magistrats, dont la retranscription a été versée au dossier d’instruction ces dernières semaines, selon nos confrères du JDD.

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C’est pourtant le même homme qui, en 2016, certifiait sans ambiguïté au procureur général de Tripoli la véracité de la contribution financière libyenne à la campagne de Nicolas Sarkozy. Visiblement bavard, Baghdadi al-Mahmoudi assurait alors que les directeurs de cabinet du Guide de la révolution et de Nicolas Sakozy – Bechir Saleh et Claude Guéant – s’activaient en coulisse pour mener à bien cette transaction. Les intéressés ont toujours démenti avec force avoir été les chevilles ouvrières de cette opération

Flou artistique

Trois ans plus tard, Baghdadi al-Mahmoudi est beaucoup moins prolixe devant les juges. L’ex-chef de l’exécutif se contente pour chaque réponse de renvoyer ses interrogateurs à ses déclarations antérieures, rapporte Le Journal du dimanche. « Des fonds [sont-ils] parvenus ou non à Sarkozy ? » insistent les magistrats français. « J’avais déjà tout dit dans mon témoignage», rétorque Mahmoudi.

Si l’ancien dignitaire est sur la défensive, il « maintient [ses] déclarations » de 2016, mais ajoute aussitôt : « Les personnes ayant traité avec Sarkozy se trouvent chez vous. Je n’ai donc pas traité avec lui directement et je ne lui ai pas donné d’argent. » « J’avais déjà dit cela par le passé », lâche-t-il à ses interlocuteurs, insistant donc sur le fait qu’il avait déjà minoré sa responsabilité à l’époque. Problème : aucun procès-verbal transmis par la justice libyenne à ses homologues français ne fait état de tels propos tenus par Mahmoudi. De même, le JDD affirme que l’ex-chef de l’exécutif avait assuré en 2016 que le document publié en 2012 par Mediapart, à l’origine de l’affaire, était un « faux ». Or, là non plus, aucune trace d’une telle déclaration n’existe.

Bizarreries

Ce n’est pas tout. D’autres « bizarreries » se sont nichées dans l’interrogatoire du 9 février. Comme ce moment où les magistrats français ont assuré devant Baghdadi al-Mahmoudi disposer d’éléments permettant de prouver l’existence d’autres versements à l’endroit de Nicolas Sarkozy, cette fois-ci par le truchement d’Abderrahmane Chalgham, ministre des Affaires étrangères de ­Kadhafi. Une thèse nourrie… par les propos de Mahmoudi lui-même en 2016. Ce dernier avait alors assuré que les sommes étaient versées « au titre du soutien politique » et étaient prélevées sur un « poste politique » au sein du budget du ministère des Affaires étrangères.

Mis face à ses contradictions le 9 février, Baghdadi al-Mahmoudi assène aux juges : des fonds étaient « alloués au soutien des campagnes électorales dans les États amis», mais cela n’avait « aucun caractère officiel ». Et d’ajouter : « Il ne peut pas y avoir d’origine de ­financement autre que ce compte-là. » Si elle était avérée, cette affirmation mettrait à mal nombre d’investigations de la justice française, qui suit la piste de livraisons d’espèces et de circuits parallèles. Dans une seconde traduction de l’audition exigée par les juges, cette phrase a tout simplement été supprimée, nous apprend le JDD.

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Le Point