Qu’il est loin le temps béni des colonies, c’était parait-il l’âge d’or, évidemment pas pour les colonisés pour qui la chicote était le seul moyen de communication, d’éducation, de contrôle et de gestion. Pour les colons c’était la course aux territoires à coloniser, c’était sans limites puisqu’il suffisait d’y planter son drapeau pour en revendiquer l’acquisition. L’avis des populations propriétaires multiséculaires des lieux n’était pas requis, de toute façon, elles étaient jugées n’avoir ni foi ni loi, disaient les colons, donc des biens meubles qu’on pouvait échanger de façon mercantile.
Aujourd’hui cette tendance subsiste, tenace, dur comme fer, les néo-colons estiment qu’ils sont propriétaires des ressources stratégiques partout où elles se trouvent dans le monde entier et qu’ils ont le droit inné de les exploiter, de les valoriser et d’en fixer le prix. Toute contestation à cet entendement, coûte à chaque fois très, si pas trop cher, à l’impénitent. En témoigne les dizaines de Chefs d’Etats Africains assassinés, victimes de coup d’états, mis en exil, déstabilisés, menacés et j’en passe. A ce jour, ces actes sont considérés comme des faits divers et n’ont jamais interpellé leurs consciences ni leurs concitoyens, si on peut encore se permettre d’évoquer des notions de raison, de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de souveraineté voire de croyance en un Dieu qui a créé l’homme à son image,….
Si l’homme africain noir n’avait pas quitté le continent africain, point de blanc, ni de jaune, non plus de peau rouge, le reste du monde aurait été jusque maintenant le fief de loups, de lions, d’ourses, de cerfs, bref et d’autres animaux sauvages. Nous vivons dans un monde comme si on est en plein conflit de générations, les Africains et le reste du monde. Si Dieu a créé l’homme à son image et si le premier hominidé est africain que faut-il conclure ? Quelle image de Dieu ? La plupart des néo-colons se disent être des Chrétiens, comprennent-ils la notion de création divine et le respect de son œuvre ? Ou faut-il comprendre que le siècle actuel est dominé par le malin ?
L’exploitation de l’homme par l’homme n’est qu’une antivaleur, l’esclavage, la colonisation, la néo-colonisation et toutes les pratiques du genre sont antinomiques à la croyance chrétienne voire même pour les autres religions, car contraire à l’amour du prochain. La pseudo mission civilisatrice qui avait servi de socle aux colons pour dominer les autres peuples, s’avère aujourd’hui, avoir été un puissant moyen d’asservissement, de destruction culturelle pour les peuples assujettis et de nos jours, on en observe au quotidien les effets pervers par les suppôts africains des néo-colons qui n’arrivent pas à s’émanciper et chantent encore à gorge déployée les crédos d’auto-intoxication coloniaux, se maintenant eux-mêmes sous le joug de la domination mentale et morale.
La torpeur dans laquelle certains dirigeants africains sont maintenus avec une conviction que s’ils venaient à couper le cordon ombilical avec les néo-colons, tout s’effondrerait sous leurs pieds, atteste de cette domination mentale, semblable au syndrome de Stockholm liant de façon imaginaire la victime au bourreau. C’est un combat de longue halène de libération mentale qui doit encore être mené et la partie n’est pas du tout d’avance gagnée.
Depuis l’accession à son indépendance en 1962, le Burundi est demeuré dans le collimateur des milieux néo-colons, trouvant à chaque fois dans la société burundaise des traîtres prêts à collaborer pour l’accomplissement des sales besognes contre la mère-patrie. C’est pour cela que nous saluons les séances de moralisation qu’organisent à travers tout le pays les autorités burundaises, compte tenu du fait, qu’il est temps que le tissu national soit à nouveau recousu, à juste titre, afin de permettre que tous les enfants du pays puissent vivre dans un cadre harmonieux, garantissant l’épanouissement à tous, un meilleur vivre ensemble au travers d’une citoyenneté partagée. Que les néo-colons ne changent pas malgré le temps qui s’écoule, libre à eux. Mais que cela ne puisse pas empêcher le renouveau du peuple burundais et la marche entamée vers la renaissance culturelle et politique des citoyens Burundais.
Ruvyogo Michel