C’était un secret de polichinelle, c’est désormais public. Guillaume Soro est candidat à la présidentielle ivoirienne de 2020. L’ancien président de l’Assemblée nationale, devenu opposant au régime d’Alassane Ouattara, l’a annoncé lors d’une réunion avec des sympathisants de la diaspora à Valence en Espagne ce samedi 12 octobre 2019.
A Valence, en Espagne, ce samedi 12 octobre 2019, devant ses sympathisants de la diaspora, Guillaume Soro met fin à un faux suspense qu’il maintenait depuis des mois. « Il y a des partis politiques qui sont pro-Soro, qui m’ont déjà choisi pour être leur candidat. Donc, je serais candidat. Maintenant, si je gagne au premier tour, honnêtement, je serais content. Mais s’il y a un deuxième tour, celui d’entre nous qui aura le plus de points, il aura le soutien des autres. »
Lors de cette réunion retransmise sur les réseaux sociaux, Guillaume Soro affirme que des hommes se présentant comme des policiers d’Interpol Espagne ont fait une descente nocturne dans son hôtel de Barcelone en début de semaine dernière, pour tenter de l’interpeller. Ils seraient repartis après de longues discussions et son refus de les suivre.
Guillaume Soro, à l’étranger depuis plusieurs mois, accuse le pouvoir ivoirien d’avoir monté cette opération destinée selon lui à « l’humilier » et de multiplier les tracasseries, comme avoir fait annuler un visa pour les États-Unis ou tarder à lui délivrer un nouveau passeport.
Guillaume Soro lors d’une conférence de presse dans sa résidence à Abidjan, le 15 février 2019.
« Mais pourquoi tant de haine ? J’ai fait quoi ? Simplement parce que je ne veux pas militer au RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) d’ordinaire, les pays se battent pour aller chercher leurs ressortissants dans les autres pays. Mais moi, c’est mon pays qui se bat pour que tous les pays m’arrêtent ».
Stratégie de victimisation, buzz de campagne électorale ou véritable harcèlement politique, l’ancien Premier ministre assure lui, qu’il portera plainte. A Abidjan, une source proche du pouvoir dément tout lien du gouvernement ivoirien avec cette affaire. « Je suis catégorique: ça ne vient pas de chez nous. Nous n’avons pas saisi Interpol », commente une autre source sécuritaire de premier plan.
« Mieux vaut pour moi le risque d’oser que l’uniformité dans la médiocrité. » ― [François Fillon, novembre 2016]
Guillaume Kigbafori Soro, né le 8 mai 1972 à Kofiplé, sous-préfecture de Diawala, dans le département de Ferkessédougou, est un homme d’État ivoirien. Il est Premier ministre de 2007 (conformément à l’accord politique de Ouagadougou) à 2012 et président de l’Assemblée nationale ivoirienne de 2012 à 2019.
Biographie
Guillaume Soro est originaire du nord de la Côte d’Ivoire, et de religion catholique. Père de 4 enfants, il partage sa vie avec Sylvie Tagro depuis ses années de lutte estudiantine. Bété, Sylvie Tagro est originaire du sud-ouest de la Côte d’Ivoire.
Parcours universitaire
Engagé politiquement (surnommé le Che ou encore Bogotha), il dirige la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire2 de 1995 à 1998 (FESCI) alors qu’il préparait une licence d’anglais à l’Université d’Abidjan.
En 1998, il poursuit des études en sciences politiques en Grande-Bretagne puis en France. Il revient en Côte d’Ivoire après le coup d’État de 1999 et crée le Forum international des étudiants francophones (FIEF) avant de s’allier politiquement au Rassemblement des républicains d’Alassane Ouattara.
En décembre 1999, on le voit aux côtés de Robert Guéï après son coup d’État réussi, mais il s’oppose à lui et s’allie à Alassane Ouattara lorsque celui-ci est exclu de l’élection présidentielle en 2000. Il est secrétaire général des Forces nouvelles de Côte d’Ivoire, le mouvement rebelle, et l’actuel secrétaire général du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire).
RFI