Bruxelles, samedi le 01 Février 2020 ; Introduction : Jeudi 14 novembre 2019, le nouvel Ambassadeur du Burundi à Bruxelles, Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur Thérence NTAHIRAJA a présenté à Sa Majesté Philippe, Roi des Belges, les Lettres de créance l’accréditant comme Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République du Burundi auprès du Royaume de Belgique.
Jambonews a le plaisir d’avoir une interview avec le nouvel ambassadeur du Burundi pour parler de diverses questions portant sur les prochaines élections présidentielles, les progrès socio-économiques, la sécurité intérieure et régionale ainsi que l’image du Burundi en général.
Questions
- En date du 4 décembre 2019, la cour de justice de la Communauté de l’Afrique de l’Est déclare que le mandat du président Pierre NKURUNZIZA de 2015 à 2020 est constitutionnel. C’est dire n’a violé ni la Constitution de la république du Burundi, ni les Accord d’Arusha, ni le traité de la Communauté de l’Afrique de l’Est.
- Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Réponse :
- En ce qui nous concerne, il n’y a eu aucune surprise dans la mesure où la Constitution de cette période était claire en son article 96 qui précise que le mandat d’un Président de la République est de cinq ans renouvelable une fois quand il est élu au suffrage universel direct et secret. Or, S.E le Président Pierre NKURUNZIZA a été élu par le Parlement en 2005. En 2010, il a commencé son 1er mandat élu au suffrage universel direct et secret. En 2015, il avait le droit de se présenter comme Candidat en vue de faire la compétition pour briguer son 2ème mandat élu au suffrage universel direct et secret conformément à la disposition 96 de la Constitution de cette période.
- De surcroît, l’arrêt de la Cour Constitutionnelle du Burundi du 4 mai 2015 et le jugement rendu le 17 juillet 2015 par la Cour de Justice de l’EAC avaient déjà confirmé la légalité constitutionnelle de la Candidature de S.E Mr le Président Pierre NKURUNZIZA.
- Et quant à la déclaration de la même Cour de Justice de l’EAC du 4 décembre qui conclut que le mandat de S.E Pierre NKURUNZIZA de 2015 à 2020 est constitutionnel et que par conséquent il n’a violé ni la Constitution, ni l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation, ni le Traité de l’EAC, elle n’est venu que pour désillusionner et couper court à toute spéculation politicienne de nature à continuer à tromper l’opinion nationale et internationale.
- C’est dommage qu’il y ait, jusqu’aujourd’hui, certains partenaires du Burundi qui continuent à faire une sourde oreille à cette vérité générale.
- Quel message envoyez-vous à la communauté internationale et surtout à ceux qui avaient soutenu le coup d’état du 13 mai 2015 ?
Réponse :
- A la communauté internationale en général et à tous ceux qui avaient soutenu le Coup d’Etat de 2015, je leur demande de changer d’avis et d’accepter le verdict car, à chaque question, la vérité est unique.
- Je profite de cette heureuse occasion pour demander aux différents partenaires du Burundi en général et à l’UE en particulier de lever toutes les sanctions prises injustement contre le Burundi et d’appuyer notre pays à mettre en application son Plan National de Développement (PND 2018-2027) qui est en harmonie avec les 3 piliers stratégiques du Groupe des Etats ACP. Ce plan ne s’écarte pas non plus de l’Agenda 2030 de lutter contre la pauvreté et d’atteindre les ODD.
- Toujours sur la crise de 2015, beaucoup de Burundais avaient fui vers les pays voisins.
- Quelle est la situation actuelle, comment va le Burundi ?
Réponse :
- Le Burundi est un pays indépendant, souverain, de paix et de sécurité. En tant que membre du Concert des Nations et partant du principe sacré de solidarité internationale, le Burundi contribue énormément à la recherche et à la consolidation de la paix non seulement dans la sous-région, mais aussi dans le monde entier.
- En témoigne la présence des contingents burundais en Somalie, en Centrafrique, l’appui des officiers Burundais en Côte d’Ivoire, en Haïti et ailleurs. C’est un Etat de Droit qui aide et qui protège sa population dans le strict respect des droits de la personne humaine, de la démocratie et de la bonne gouvernance, quoi que ce soit encore un pays post-conflit qui a mis en place des mécanismes de justice transitionnelle en vue de connaître réellement la vérité sur son passé caractérisé par des événements malheureux répétitifs et de réconcilier les Burundais comme le recommande l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation des Burundais signé en 2000.
- Cependant, malgré les relations historiques qui lient l’UE et le Burundi en général et ses Etats membres en particulier, la coopération entre le Burundi et l’Union Européenne connaît aujourd’hui quelques difficultés liées à la suspension, par certaines autorités de l’Union Européenne, de certains appuis financiers destinés au Peuple Burundais depuis l’année 2016 jusqu’aujourd’hui. Les motivations avancées ne trouvent pas de consensus entre les Autorités Burundaises et celles de l’Union Européenne.
- Le Gouvernement Burundais qualifie ces motivations d’injustice d’autant plus que les éléments auxquels l’Union Européenne se réfère ne constituent qu’une lecture erronée de la réalité au Burundi quant à ce qui concerne les Droits de l’Homme, la Bonne Gouvernance, la Liberté d’Expression, la démocratie et l’Ouverture de l’Espace Politique, sans oublier le fameux slogan du soi-disant troisième mandat du Chef de l’Etat Burundais S.E Pierre NKURUNZIZA.
- Permettez-moi, Mesdames, Messieurs les journalistes, de vous présenter, dans quelques paragraphes, le Burundi dans le contexte actuel et la problématique de ses relations diplomatiques avec l’Union Européenne.
- En mars 2016, l’UE a pris des sanctions injustes à l’encontre du Burundi en vertu de l’article 96 de l’Accord de Cotonou. Les raisons avancées sont notamment le 3ème mandat de SE Mr le Président de la République du Burundi, jugé anticonstitutionnel par l’UE; la violation des droits de la personne humaine ; l’atteinte à la liberté d’expression, etc. Ces sanctions ont été prises sur base d’informations erronées alors que les Institutions étatiques et des organisations de la société civile œuvrant sur terrain qui pouvaient fournir les bonnes informations n’ont pas été approchées en vue d’avoir des informations équilibrées. Seuls les mensonges et les montages des putschistes du 13 mai 2015 ont été pris en considération par l’Union Européenne.
- Cependant, le Burundi a géré, conformément aux lois votées régulièrement par ses Institutions démocratiquement élues, la situation conflictuelle causée par les opposants radicaux à la candidature du Président Pierre NKURUNZIZA et aux résultats des élections de l’année 2015.
- On observe aujourd’hui de très grandes améliorations dans tous les domaines de la vie nationale. La paix et la sécurité sont une réalité sur tout le territoire et la population vaque quotidiennement à ses activités.
- Le Burundi vient aussi de se doter d’un Plan national de développement économique et social pour la période 2018-2027. Il invite ses partenaires à l’appuyer pour sa mise en œuvre ;
- A la lumière de cette évolution positive, le Burundi sollicite de nouveau l’UE à lever ces sanctions unilatérales et injustes qui sanctionnent beaucoup plus la majorité de la population nécessiteuse que certains Dirigeants ;
- Les Chefs d’Etat de l’EAC ont demandé à l’UE de lever ces sanctions injustes contre le Burundi et le Sommet des Chefs d’Etat de l’Union africaine a fait de même en février 2019. Or, nos voisins immédiats dans la Région sont les mieux placés pour témoigner de l’amélioration/la normalisation de la situation de la sécurité chez leur voisin.
- Le Burundi sous sanctions de l’UE risque de ne pas signer l’’APE avec l’UE tant qu’il sera sous sanctions de l’UE et tant que l’UE n’aura pas tenu en considération les principales préoccupations de la Communauté Est Africaine lui soumises fin 2017 et dont le Chef de la Délégation de la République Unies de Tanzanie a repris quelques-unes.
- Dans cette même perspective, lors du 9ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement ACP tenu à Nairobi les 9 et 10 décembre 2019, ces Chefs d’ Etat et de Gouvernement ont, dans leur déclaration « NGUVU YA PAMOJA DE NAIROBI » ce qui suit : « Nous condamnons l’utilisation de mesures unilatérales, telles que les sanctions illégales contre certains pays en développement, notamment le Burundi, le Soudan, le Zimbabwe et le Cuba, pour les empêcher d’exercer leur droit à adopter le système politique, économique et social de leur choix, rejetons l’application accrue de lois et mesures unilatérales et extraterritoriales contraires au droit international telle que « la loi Helms-Burton » en particulier dans le cas du Cuba, et réaffirmons notre solidarité avec le Gouvernement et le Peuple des Etats membres ».
- Le Burundi s’est retiré du Statut de Rome le 27 octobre 2017, et l’adhésion à ce statut relève de la souveraineté nationale de chaque Etat et ne doit pas être une décision/obligation dictée par un partenaire étranger.
- Si jamais les relations se rendormaient, le Burundi souhaite que les financements lui attribués par les 10 et 11èmes FED et non utilisés soient disponibles en plus du 12ème FED pour réaliser les projets non réalisés.
- Est-ce que ceux qui avaient fui, regagnent-ils leurs collines ?
- Avez-vous des statistiques ?
Réponse :
- Les plus de 400.000 réfugiés burundais annoncés par le HCR et l’UE depuis 2015 à aujourd’hui passent sous silence les deux centaines de milliers qui se sont rapatriés soit avec leurs propres moyens, soit avec l’assistance du HCR ;
- En effet, plus de 226 000 rapatriés dont plus de 168 000 spontanés ont été enregistrés depuis 2016 jusqu’aujourd’hui. Cependant, le Gouvernement Burundais déplore l’attitude contraignante du Rwanda de prendre en otage nos citoyens du camp des réfugiés de MAHAMA. Le même pays voisin entraine certains réfugiés burundais dans les forces négatives pour déstabiliser la Région des grands Lacs. Cependant, le processus de rapatriement continue jusqu’aujourd’hui.
- Il est en outre déplorable que le Rwanda, pays frère et voisin, continue à mettre sur pied des médias de diabolisation et de déstabilisation du Burundi pour semer la panique au sein de la population (IYAKURE TV sur YOUTUBE et les autres)
- Le Burundi est à 5 ou 6 mois des élections présidentielles.
- Où en êtes-vous avec les préparatifs en termes de budget, logistique, campagne, calendrier, les listes ?
Réponse
- Pour ce qui est des élections de 2020 :
- Le cadre légal y relatif a été mis en place en l’occurrence le Code Electoral et ses structures de coordination et d’exécutions et à tous les niveaux à savoir la CENI, les CEPI et les CECI, sans oublier le cadre de collaboration entre les partenaires concernés dans ce processus comme la Feuille de Route consensuelle pour les élections de 2020 et les différentes concertations régulières organisées par la CENI ;
- Le budget y relatif est déjà disponible, et ce sont les Burundais eux-mêmes qui ont financé ces élections. C’est un événement historique sans précédent ;
- Certains Partis politiques de l’opposition et un indépendant ont déjà élu leurs candidats à la présidentielle de mai 2020 ;
- Très récemment le 26 janvier 2020, le Parti au Pouvoir CNDD-FDD vient d’élire le Général Major Evariste NDAYISHIMIYE qui est le Secrétaire Général de ce Parti comme candidat à la présidentielle de 2020.
- La CENI a présenté le 28 juin 2019 à tous les acteurs et partenaires, le calendrier électoral 2020 qui précise que :
1° La date du 20 mai 2020 est consacrée à l’élection présidentielle, l’élection des députés et l’élection des Conseillers communaux ;
2° La date du 20 juillet 2020 est prévue pour l’élection des Sénateurs ;
3° La date du 24 août 2020 quant à elle est prévue pour l’élection des Conseillers des Collines et des Quartiers.
- Les échanges entre la CENI et ses partenaires continuent régulièrement.
- En début d’octobre 2019, nous constatons que les figures d’opposition (Anicet NIYONKURU du CNARED et les autres…) rentrent au pays pour préparer et participer aux prochaines élections présidentielles.
- Quel secret avez-vous utilisé ?
Rép. La réponse est claire. Depuis que le Chef de l’Etat a lancé un appel pressant depuis l’année 2016, tous les Burundais qui avaient quitté le Burundi en 2015 ont commencé à regagner le pays y compris les politiciens. Comme je l’ai déjà signalé, sur environ 400 000 Burundais qui avaient fui, plus de 226 000 Burundais sont déjà rentrés au pays de 2016 à nos jours. Et le processus de rapatriement continue normalement, excepté ceux qui sont pris en otage par la Rwanda dans le camp des réfugiés de Mahama. Les jeunes et les homes d’entre eux sont manipulés et utilisés pour déstabiliser l’Est du Congo et le Burundi. Malheureusement, les nations Unies n’en dit rien malgré les rapports qui ont été produits là-dessus.
- Quel message envoyez-vous aux pays qui bannissent les opposants à l’exil ?
Rép. Nul n’ignore que certains pays bannissent, sinon créent l’insécurité des opposants en exil. Le Burundi ne fait jamais de telles attitudes. Pour ceux qui le font, c’est dommage que la communauté internationale n’ait pas encore réagi pour protéger ces derniers. Certaines informations circulent comme quoi notre pays voisin le Rwanda serait parmi les pays qui posent de tels actes ignobles. Si tel est le cas, il faudrait que la communauté internationale prenne des mesures adéquates de nature à protéger les victimes et contraindre ces pays à arrêter cette violation des droits de l’homme et d’accepter la tolérance et le dialogue politiques.
- Dans son communiqué de presse publié par le Ministère des Affaires Etrangères et du Commonwealth le 31 octobre 2019, le Royaume Uni estime que la situation au Burundi au Burundi constitue une menace à la paix et la sécurité internationales.
- Quelle est la position du Gouvernement Burundais vis-à-vis de ces propos ?
Rép. De tels propos rentrent de la diabolisation de notre pays depuis l’année 2015 jusqu’aujourd’hui. Ce sont des mensonges et montages mélangés à une déception du fait que leur Radio BBC n’émette plus sur le territoire burundais parce que certains de ses journalistes ont été surpris en fragrant délit à Bujumbura en train de monter en cachette de fausses informations. Je vous rappelle ici que ces journalistes disaient qu’ils ont découvert, au quartier Kinindo, une maison dans laquelle les forces de sécurité burundaises égorgent les opposants. Or, le sang qu’ils avaient préparé et le sang des moutons qui avaient été abattus lors de la fête des musulmans. C’est le Chef des musulmans qui a témoigné devant les médias. De ce fait, le Conseil National de Communication a suspendu ce médium la BBC au Burundi.
- Les relations entre le Burundi et le Rwanda. Un commentaire ?
Rép. Depuis l’année 2015 jusqu’aujourd’hui, les relations diplomatiques entre le Burundi et le Rwanda ne sont pas bonne. En témoignent les différentes provocations observées depuis l’année 2014 jusqu’aujourd’hui. De tout cela, le Burundi a déjà porté plainte auprès de la CIRGL, de l’UA et des Nations Unies. Toutefois, quoi que ces institutions n’aient pas encore réagi, le Burundi ne va pas croiser les bras, si la provocation continue, le Gouvernement Burundais se réserve le droit de la légitime défense.
- Quelles sont les mesures prises pour empêcher que ces mauvaises relations entre le Burundi et le Rwanda ne perturbent pas les prochaines élections de mai 2020 ?
Rép. En matière de sécurité, aucun pays ne peut dévoiler publiquement les stratégies prises pour se protéger. C’est le secret du Gouvernement. Toutefois, je vous informe que le Gouvernement Burundais a pris toutes les dispositions nécessaires pour protéger le Pays et le Peuple Burundais avant, pendant et après les élections.
- Récemment, le Burundi a été signataire d’un Accord pour la mise en œuvre du projet que le Chemin de Fer qui le reliera à son voisin la RDC au port de Dar-es-Salam en Tanzanie.
- Est-ce la 1ère fois que ce genre de projet soit mis sur la table ?
Rép. Un tel projet avait été discuté au sein de la Communauté Est Africaine et il était prévu qu’il y ait un chemin de fer qui quitte l’Ouganda et arrive au Burundi en passant par la Tanzanie et le Rwanda. Cependant, comme notre voisin n’a pas voulu collaborer, d’autres alternatives ont été prises. Et nous en sommes fiers. J’adresse mes sincères félicitations à mon Pays, à la République Unie de Tanzanie et à la RDC.
- Pourriez-vous nous parler du calendrier et sources de financement de ce projet ?
Rép. Le calendrier précis sera connu après avoir obtenu le financement. Quant aux sources de financement, ce sont ces trois pays eux-mêmes ainsi que les différents bailleurs de ces pays.
- 8. Quel est votre message à la Diaspora Burundaise en Belgique ?
Rép. Nous demandons à tous les membres de la Diaspora Burundaise en Belgique de se mettre ensemble en vue de consolider l’unité dans la diversité car l’union fait la force. Quel que soit leur appartenance politique, religieuse et ethnique, ils restent tous des Burundais. C’est l’identité d’être « UMURUNDI » qui devrait nous unir. Nous sommes prêts à les appuyer.