Le génocide demeure un fléau frappant l’humanité de manière récurrente. Le terrible holocauste des Juifs a été une des plus effroyables violations des droits de la personne et des peuples. Au procès de Nuremberg, les responsables ont été jugés et condamnés. Mais combien d’autres génocides restent impunis ? Les responsables s’efforcent de nier leur culpabilité et prétendent à l’impunité. Or, le génocide est un crime contre l’humanité dont la condamnation doit être universelle ; le temps ne diminue en rien la responsabilité de ses auteurs, et il n’y a pas de péremption pour un tel crime », constate Adolfo Perez Esquivel, Prix Nobel de la Paix.
Reconnaître l’existence d’un génocide s’impose à tous, car un tel forfait interpelle l’humanité dans son ensemble. Nier son existence atteint directement les survivants, insulte la mémoire des victimes et les assassine une seconde fois.
Nier ou oublier l’existence d’un génocide banalise l’horreur : « qui donc parle encore de l’extermination des Arméniens ? » déclarait Adolf Hitler devant les chefs militaires du Troisième Reich réunis à l’Obersalzberg, le 22 août 1939 à la veille de l’invasion de la Pologne, pour justifier à l’avance ses crimes.
Le devoir de mémoire et de lutte contre l’oubli s’impose donc à chacun, aux survivants de ces tragédies comme à ceux qui les côtoient, afin que ces actes barbares ne soient plus ignorés ou niés. On sait aujourd’hui qu’il est impossible d’entamer un travail de deuil sans que justice soit rendue et que les coupables soient punis – ou à tout le moins désignés -, quand il est trop tard pour les sanctionner. Le déni est un assassinat de la mémoire.
Alors que les pratiques génocidaires deviennent de plus en plus fréquemment des armes de guerre, la reconnaissance claire de l’existence du génocide arménien, qui fut le premier de ceux qui ont ensanglanté notre siècle, honorera notre pays.
En plus des témoins clefs civils tel que Mr Simbananiye Arthémon, Mr Zénon Nicayenzi, Mr Mworoha Emile, Mr Mpozagara, l’ancien Procureur Kayibigi et consorts ; des hauts responsables militaires de l’époque sont encore aptes à témoigner, s’ils ne l’ont pas déjà fait. Sans être exhaustif on peut citer par exemple :
- Le commandant du camp Sinduhije Jérome, qui assurait aussi la logistique avec les camions militaires lors des rafles de civils à tuer dans la région de Gitega, eut sa promotion de major juste après le génocide. Notons au passage qu’il doit savoir où on a enterré le Roi Ntare V, le peloton d’exécution avait dû nécessairement rédiger son rapport de mission et ne pouvait pas ne pas en avoir la teneur, à lui d’apporter les éclaircissements requis ;
- Le commandant du camp à Bururi Nduwingoma Samuel, a beaucoup sévi dans les écoles secondaires lors des rafles d’écoliers et grâce aux pillages, à 28 ans il comptait déjà une fortune de 28 millions de francs ;
- Nzirubusa qui lui sévissait à Muramvya dont le témoignage pourrait apporter des réponses aux massacres dans cette région du centre et d’autres.La CVR doit nous aider à aller sans tergiverser vers la qualification des faits, continuer à tirer en longueur ça ne sert à rien surtout que tous ceux qui sont de bonne foi, disent qu’il ne manque plus que cette reconnaissance pour qu’on aboutisse à l’épilogue de cette affaire.
Nous osons penser que la CVR, œuvre en toute indépendance et que l’« igitsure » des assassins de l’époque ne l’empêchent pas d’entreprendre des initiatives utiles et nécessaires à la découverte de la vérité, exhumer les restes des suppliciés c’est important mais ça ne peut pas remplacer les témoignages des témoins oculaires.
Ruvyogo Michel