Le Rwanda a accusé samedi des rebelles hutu rwandais des FDLR en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) voisine d’avoir attaqué un poste de police dans l’ouest du pays, quelques semaines après avoir déjà dénoncé une première incursion sur son sol.
« Dans la nuit du 15 au 16 avril 2016, des présumés éléments terroristes FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) ont infiltré notre pays depuis la République démocratique du Congo et ont attaqué un poste de la police nationale rwandaise dans le district de Rubavu, secteur de Bugeshi », a dénoncé dans un communiqué le lieutenant-colonel René Ngendahimana, porte-parole adjoint de l’armée rwandaise.
« Les assaillants ont été repoussés » en RDC par les forces de sécurité rwandaises et « la situation sur le terrain est totalement sous contrôle », a ajouté M. Ngendahimana, sans préciser le nombre d’assaillants présumés, ni s’il y avait eu des victimes.
Le 24 mars, l’armée rwandaise avait déjà assuré avoir été attaquée dans le même district par des « hommes armés » vêtus d’uniformes de l’armée congolaise, et avait indiqué avoir abattu l’un d’entre eux.
Cette attaque avait ensuite été attribuée aux FDLR par le président rwandais Paul Kagame, dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Les FDLR sont présents dans l’est de la RDC depuis la fin du génocide au Rwanda en 1994, au cours duquel environ 800.000 personnes ont été tuées, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Opposés à M. Kagame, qui a pris le pouvoir à l’issue des massacres, les FDLR sont toujours considérés par Kigali comme une menace stratégique majeure, même s’ils n’ont mené aucune action d’envergure en territoire rwandais depuis plusieurs années.
La présence de cette rébellion rwandaise dans l’est de la RDC empoisonne les relations entre les deux pays. Le Rwanda a envahi son voisin par deux fois, directement ou par milices interposées lors des deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003).
Après ces deux conflits qui ont laissé la RDC exsangue, Kigali a soutenu une succession de rébellions à dominantes tutsi dans l’est congolais, et Kinshasa accuse régulièrement le Rwanda de déstabiliser sa façade orientale.
De son côté, le gouvernement rwandais reproche aux autorités congolaises de ne rien faire pour mater les FDLR, voire de les soutenir.
Le 30 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté une nouvelle résolution renouvelant pour un an le mandat de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco).
Cette résolution « demande que les opérations conjointes des FARDC (armée congolaise, ndlr) et de la Monusco, conformément à son mandat, reprennent de toute urgence et que tous les efforts possibles soient faits pour neutraliser les FDLR et les autres groupes armés ».
La coopération dans la traque de ces rebelles était suspendue depuis février 2015, l’ONU reprochant à Kinshasa d’avoir nommé pour mener les opérations deux généraux soupçonnés de graves violations des droits de l’homme.
Lors d’une conférence de presse samedi à Kinshasa, le chef de la Monusco, Maman Sambo Sidikou, a reconnu que la coopération n’a pas repris entre les Casques bleus et les FARDC en ce qui concerne la traque des FDLR, mais que « la planification est en cours, les instructions ont été données » pour la reprise de la coopération.