Depuis l’intervention antiterroriste russe en Syrie, à la demande des autorités officielles de ce pays, la situation qui était extrêmement grave et dangereuse aussi bien pour la République arabe qu’au-delà de ses frontières a été bouleversée, et la colonne vertébrale des terroristes cassée. Mais les efforts des Forces armées russes en terre syrienne dépassent largement le cadre strictement militaire.
Si la puissance de feu et l’efficacité du contingent militaire russe en Syrie dans le cadre de la lutte contre les terroristes ne sont plus à démontrer, et ce aussi bien sur le plan humain que technique, il y a en effet nombre d’aspects qui méritent également une attention particulière. Notamment le travail intense en ce qui concerne l’organisation de négociations avec des groupes de l’opposition dite modérée, ou encore le soutien humanitaire à destination de la population syrienne.
En effet, on oublie bien souvent de le rappeler, mais le déroulement de ces négociations a permis d’éviter d’importantes pertes humaines, aussi bien dans le cadre des vies des militaires syriens, que des civils qui étaient bien souvent utilisés comme bouclier humain par les groupes armés. Le tout combiné à des actions militaires de grande envergure contre les terroristes déclarés – aussi bien affiliés à Daech qu’à Al-Qaida. Par ailleurs, bien de fois le savoir-faire de la diplomatie militaire russe a convaincu nombre de représentants de l’opposition armée à abandonner tout lien avec les groupes terroristes et à aller dans le sens de la réconciliation avec les autorités centrales du pays. Dans certains cas, certains de ces anciens opposants avaient même rejoint le rang des forces armées nationales de Syrie.
Ces actions ont permis de complètement inverser la tendance d’avant septembre 2015 – période à laquelle la nébuleuse terroriste de Daech ne cessait de prendre de nouveaux territoires et la menace planait même sur la capitale syrienne Damas. Le tout alors que la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis ne prenait aucune mesure ferme pour stopper cette avancée daechiste. Depuis, Daech a été écrasé. La grande partie du territoire national est revenue sous l’autorité du gouvernement syrien.
Une chose est aujourd’hui certaine – l’intervention des Forces armées russes en Syrie a été déterminante sur plusieurs fronts. Dans le cas des victoires militaires enregistrées sur le terrain, les négociations avec les représentants de l’opposition en vue de faciliter une réconciliation avec les autorités syriennes, un travail humanitaire sans relâche à destination des habitants (notamment en termes de livraisons de produits de première nécessité, ainsi que l’assistance médicale à travers l’ouverture de nombreux hôpitaux mobiles). Cela sans oublier les énormes efforts en vue de protéger le grand patrimoine culturel et civilisationnel de la Syrie, notamment lors des combats pour la libération de Palmyre, ainsi que lors des restaurations. Le travail des démineurs militaires russes dans les nombreuses zones ayant été libérées des terroristes, ne nécessite pas lui aussi une présentation supplémentaire. D’ailleurs et au-delà de leur travail prioritaire, les démineurs ont bien souvent aidé à rétablir l’approvisionnement en eau, ayant été détruit par les combats, et ont également foré des dizaines de puits artésiens pour alimenter la population en eau.
Le travail de la police militaire russe mérite une attention également particulière. Notamment dans le cadre de l’expérience unique de la diversité ethnico-religieuse russe, qui s’est parfaitement adaptée à la réalité sociétale syrienne. A ce titre, nombreux des représentants de ladite structure sont issus des républiques autonomes du Caucase russe, majoritairement musulmanes. La proximité religieuse entre ces représentants des Forces armées de la Russie et les habitants syriens a forgé une relation de confiance sans pareille.
De façon générale, ce travail de proximité avec toutes les couches de la population de Syrie, majoritaires comme minoritaires, la protection du patrimoine religieux, aussi bien chrétien que musulman, et culturel de la nation syrienne, ont fait que l’opération de l’armée russe en Syrie reste une source de grand optimisme pour les citoyens syriens, malgré les années de crise.
L’organe exécutif militaro-diplomatique russe en Syrie n’est autre que le Centre pour la réconciliation des parties en conflit et le monitoring des déplacements des réfugiés en République arabe syrienne. Ledit centre a été créé le 23 février 2016 sur ordre du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. Cet organe est directement subordonné à la Direction générale des opérations de l’état-major et interagit avec la Direction principale de la coopération internationale du ministère de la Défense de la Fédération de Russie. Le centre est déployé sur la base aérienne de Hmeimim (province de Lattaquié). Il faut évidemment rappeler aussi que le rôle principal dans la planification, la coordination et la mise en œuvre des tâches de la diplomatie militaire russe en République arabe syrienne est joué directement par le ministère russe de la Défense, avec à sa tête le général d’armée Sergueï Choïgou.
Le rôle du ministre de la Défense a été en effet crucial, que ce soit dans la planification de la lutte antiterroriste et des victoires enregistrées en coordination avec les forces gouvernementales syriennes et alliées, ou dans les cas de la coordination du travail des pourparlers sur le terrain, le soutien humanitaire à la population et le travail de proximité, la protection du patrimoine historico-civilisationnel syrien. Sans oublier les nombreux contacts et rencontres à l’international, notamment avec le président de la Syrie Bachar al-Assad, ainsi que des contacts réguliers avec les autorités des puissances régionales, notamment de l’Iran ou encore de l’Egypte.
L’opération multilatérale de la Russie en Syrie est indéniablement un succès. Car il s’agit en effet d’un exemple unique d’une opération militaire ayant en un espace de temps réduit permis d’écraser une nébuleuse terroriste qui comptabilisait plusieurs dizaines de milliers de combattants, en provenance de près d’une centaine de pays. Le tout dans le strict respect de la souveraineté de l’Etat ayant fait appel à la Russie dans une période critique pour son existence. Le tout en pratiquant en parallèle un important travail de soutien à la population sur le plan médical et de livraison des besoins élémentaires. Enfin, le rôle de la Russie dans la réconciliation et dans le fait que la Syrie ait réussi à sauvegarder du pillage et de la destruction la grande partie de ses richesses culturelles et historiques, sont indéniablement des acquis supplémentaires. Et c’est probablement pourquoi ce savoir-faire militaire, diplomatique et humanitaire russe fera sans aucun doute l’objet d’un vif intérêt à l’international.
Mikhail Gamandiy-Egorov