Pressée de toutes part de confirmer ou d’infirmer « la distribution d’armes au Burundi par les autorités », la diplomatie onusienne joue depuis le début de ce mois l’apaisement.
Ce sont des propos fort peu commentés par les médias burundais, eu égard à l’ampleur de la polémique ambiante autour de l’armement de la population burundaise par les autorités. Vendredi dernier, lors de sa conférence de presse annonçant la tenue de la deuxième évaluation de la feuille de route de Kayanza, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Burundi n’a rien moins que « diplomatiquement » mis fin à la saga du câble « CDN – 037. »
Premièrement en refusant d’endosser la véracité d’un document envoyé par ses services, « pour alerter New York », pourtant. Ensuite, le diplomate onusien a déploré « l’exploitation politicienne qui en a été faite », soulignant l’usage du mot « génocide » autour du câble. Ne croyant pas un instant, « et personnellement », à « une telle extrémité au Burundi », Parfait Onanga-Anyanga a tout autant récusé l’idée que le BNUB participe aux enquêtes sur la véracité ou pas du câble de début mai.
Petit moment de flottement : en disant « souhaiter que le gouvernement lance une nouvelle campagne de désarmement à destination des populations civiles », M. Onanga-Anyanga avait-il oublié le lancement, le 11 novembre dernier, de la seconde phase de désarmement baptisée « Armes contre développement socio-communautaire » ? Étaient notamment présents le président Nkurunziza et … la coordonnatrice d’alors du système onusien au Burundi, Rosine Sori Coulibaly.
En l’état, cette sortie du patron du BNUB devient le troisième message qu’envoie la diplomatie onusienne sur la crise de confiance générée par l’annonce de la distribution par les autorités burundaises d’armes à des jeunes. Certains médias y voyaient « dans cette campagne politiquement et ethniquement ciblée » les prémices d’un génocide à venir …
Plus en amont, le processus a commencé avec le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU chargé de la prévention du génocide. Pressé de dire si sa visite d’avril dernier a été un signal confirmant le contenu du câble, Adama Dieng indiquera le 2 mai dernier qu’il était prévu qu’il se rende au Burundi … bien avant la fuite du télégramme. Autrement dit, pas de relation de causalité entre le contenu du câble et sa présence eu égard à sa fonction aux Nations Unies, « même si la situation politique au Burundi est très préoccupante ! »
Le deuxième signal fut encore plus fort, lors de la vidéo-conférence de ce 14 mai. D’un côté le Conseil de Sécurité, à New York, de l’autre le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Burundi ainsi que le ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana. Outre les préoccupations répétées de Parfait Onanga-Anyanga sur un climat politique tendu marqué par la méfiance et la violence à la veille des scrutins de 2015, la rencontre a acté le départ du BNUB en décembre prochain, remplacé par une équipe-pays des NU. Là aussi, le message diplomatique fut clair : si la situation sécuritaire était aussi tendue que le laissait prévoir le fameux câble onusien, le Conseil de sécurité eut demandé de revoir la résolution 2137 annonçant le départ du BNUB.
Côté gouvernement burundais, on suit tout cela avec grand intérêt. « Même si on s’attendait du BNUB un rejet clair du contenu du câble, les propos de M. Onyanga valent plus que le silence. »
Prochain défi : gérer l’incarcération d’un Pierre Claver Mbonimpa auréolé de l’équivalent d’un prix Nobel des Droits de l’Homme et accusé de « propager de fausses informations » …
Petit détail à noter : alors que début avril, les informations plaçaient l’épicentre des formations militaires au Sud du Burundi, il s’est déplacé depuis pour Kiliba Ondes. Dans cet Est de la RDC, terre de tant d’inconnues depuis plus d’une décennie …