Les porte-paroles des institutions publiques ont animé une émission publique à partir de la province de Makamba le vendredi 17 mars 2017. Cette émission a été une occasion pour les journalistes et la population de poser des questions et soummettre leurs préoccupations par rapport à la vie sous tous les aspects de la vie nationale. Ces porte-parole ont apporté la lumière et révélé la position et les engagements du gouvernement par rapport à la vie du pays et de la population.
Lors de l’émission publique que les porte-parole de différentes institutions publiques ont animée le vendredi 17 mars 2017, le porte parole du président de la République, Jean Claude Karerwa, a d’abord présenté à la population burundaise un message du président de la République, Pierre Nkurunziza. Il indique que le chef de l’Etat présente ses salutations à la population et leur souhaite une année de prospérité. Il la félicite pour son comportement dans la consolidation de la paix et l’appelle à garder cet esprit. Selon toujours son porte-parole, le chef de l’Etat félicite les Burundais qui sont rentrés de l’exil et appelle les autres à rentrer afin de contribuer dans la construction du pays. En effet, dit-il, le pays à besoin des forces de ses enfants sans que nul ne soit laissé derrière. Ainsi, a-t-il poursuivi, M. Nkurunziza appelle les Burundais à ne pas céder aux rumeurs, mais plutôt s’atteler au travail. Le chef de l’Etat indique que le pays appartient aux Burundais et doit être dirigé par les institutions que ces derniers ont eux-mêmes mis en place à travers les élections démocratiques.
Questions et préoccupations des journalistes sur le plan politique
Les journalistes ont fait une série de questions en rapport avec les différents secteurs de la vie du pays. Ils se posent la question de savoir si, au regard de la déclaration du facilitateur lors de sa visite au Burundi, et qu’il a invité les personnes accusées de participer à la tentative de coup d’Etat, ce qui a poussé le gouvernement à ne pas participer à ce rendez-vous, si le gouvernement a confiance au facilitateur pour conduire le pays vers une paix durable.
Ces journalistes demandent si les relations ternies entre le gouvernement du Burundi et l’Union européenne ne devraient pas être rétablies pour permettre au gouvernement de répondre aux besoins d’urgence de la population comme la lutte contre l’épidémie du paludisme, la faim et autre.
Une inquiétude sur le travail de la CVR a été soulevée. Dans la mesure où cette commission fait recours aux bénévoles, il s’agissait de savoir pourquoi elle n’est pas dotée de moyes suffisants pour bien accomplir sa mission. Les journalistes demandent aussi où seraient allés les moyens prévus pour son travail.
Selon le porte parole du chef de l’Etat, le dialogue entre les Burundais est la tradition au Burundi. Les Burundais ont toujours fait recours au dialogue pour résoudre tel ou tel autre problème qui surgit. Il indique néanmoins que le dialogue actuel n’appartient pas aux pays étrangers. Il se réjouit de l’état d’avancement de ce dialogue d’Arusha en indiquant qu’il arrive à un pas satisfaisant. Selon lui, le gouvernement apprécie la façon dont il se passe même s’il existe de petites irrégularités.
Sans revenir directement sur la genèse des événements qui ont fait place au dialogue actuel, M. Karerwa a rappelé qu’il n’est pas question de parler du mandat présidentiel car, non seulement le Cour constitutionnelle du Burundi, mais aussi l’instance judiciaire de la Communauté est-africaine a aussi bien dit qu’il est dans la légalité. Pour rappel, le gouvernement du Burundi n’a pas participé à la récente séance de dialogue en Tanzanie. Sur cette question, M. Karerwa dit que le gouvernement ne pouvait pas s’asseoir avec les supposés représentants des partis politiques qui ne sont pas reconnus dans le pays, de même que les personnes poursuivies par la justice burundaise. Il indique que le gouvernement a déposé ses plaintes et que le facilitateur a reconnu qu’il y a des irrégularités et a promis qu’il va les résoudre.
Le porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba, a également réagi sur la question du dialogue interburundais et les relations avec la communauté internationale.
Il indique que la lenteur du dialogue interburundais est due à l’ingérence de la communauté internationale. Selon lui, la Belgique a influencé les pays de l’Union européenne. Il déplore les pays qui sont entrés dans la danse alors que certains ne localisent même pas le Burundi sur la carte du monde. Les conflits burundais sont également dus à leur maneouvre de faire avorter le processus électoral.
Sur la coopération avec l’UE, M. Karerwa indique que cette coopération est bilatérale ou multilatérale. Cependant, les pays de cette communauté ont besoin du Burundi et vice versa. Il révèle qu‘il y a des comportements qui commencent à changer, que ces pays reconnaissent qu’il y a des décisions qu’ils se sont précipités à prendre. Si les Burundais ont fait des manifestations contre la Belgique, M. Karerwa indique que les manifestations existent partout, que même en Belgique ça se fait. Selon lui, si ce pays se ressaisit, la situation deviendra normale.
A la question liée au fait que le gouvernement a refusé les envoyés spéciaux des Nations unies, et de savoir ce qui va se passer pour les accepter, Karerwa se résume : il indique que les envoyés refusés ont collaboré avec ceux qui ont fait des démarches de déstabilisation du gouvernement pour imposer le gouvernement à faire ceci et cela, ces envoyés ont donc créé une forme de réseau pour déstabiliser le pays et le salir. Il révèle qu’ils collaborent même avec les Burundais mal intentionnés, et appelle ces derniers à laisser ce comportement de détruire leur propre pays.
Sur la question relatif à la Commission vérité et réconciliation, Nzobonariba revient sur les Accords d’Arusha qui prévoient la création de cette commission. Il indique que la communauté internationale avait promis de l’appuyer, mais la question est devenue politique et cette communauté n’honore pas les engagements d’appui, et il estime que ceux qui avaient promis cet appui ont même soutenu les déstabilisateurs du pays. Il indique que le gouvernement essaie d’appuyer cette commission. Il estime que le bénévolat a toujours servi dans la construction du pays, les écoles, les centres de santé et autres. Selon lui, l’appui de l’Europe a viré vers la société civile et le Rwanda pour prendre en charge les refugiés, et encourager la population à fuir le pays. Mais, se réjouit-il, il y a des refugiés qui rentrent, même si la Communauté internationale scande que personne ne rentre.
Sur le plan social et économique
Le gouvernement du Burundi a levé les taxes sur les vivres pour lutter contre la faim. Cependant, les journalistes se demandent quand cette mesure sera mise en application. Dans leur série de questions, ils évoquent l’épidémie de la malaria, les malades qui se plaignent qu’ils ne trouvent pas de médicaments efficaces, alors que le personnel soignant dit que les malades prennent les médicament sans suivre la prescription. La question de la vérification de l’efficacité des médicaments a également été posée. Il en est de même pour le sucre qui est devenu une denrée rare, le manque de courant dans la capitale et le peu qu’il y a qui n’est pas partagé équitablement. Les jeunes se lamentent du manque de courant alors que leurs activités génératrices de revenus nécessitent le courant. Au niveau de l’éducation, les journalistes ont voulu savoir le sort réservé aux élèves qui ont échoué le concours, ceux qui étudient à l’étranger ou dans des camps de réfugiés, de même que la question de prêt-bourse.
Dans leurs réponses, Désiré Musharitse du ministère des Finances indique qu’il y a des projets de lois déjà élaborés relatifs à ces taxes, mais qu’ils doivent passer devant le parlement et que le ministre va définir les produits concernés.
A propos de l’épidémie de malaria, Dr Thaddée Ndikumana du ministère de la Santé publique indique que les malades se partagent souvent les médicaments, ce qui fait que la dose ne soit plus suffisante. Des études sont en cours avec la collaboration de l’OMS, on va faire des essais pour voir s’il y a des médicaments inefficaces, dit-il. Il révèle que le ministère va opérer une distribution des moustiquaires imprégnés à travers tout le pays à partir du mois d’avril de cette année, et rassure que dans le proche avenir on aura éradiqué le paludisme. Il reconnaît néanmoins qu’il y a des fraudeurs qui commercialisent les médicaments non reconnus ou retirés de l’utilisation, bien que ces fraudeurs soient souvent traqués par les forces de l’ordre. Il appelle la population à ne pas utiliser ces médicaments de même que les médicaments traditionnels, mais à aller aux structures de soin de santé. Sur la question du salaire du personnel du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) bloqué suite au recrutement de quatre personnes, Dr Ndikumana rassure que le salaire sera bientôt débloqué et que le cas de ces quatre personnes est sous analyse.
Du sucre qui coûte cher sans même être trouvable
Isidore Ntirampeba de la Deuxième vice-présidence dit que la question du sucre les préoccupe. Selon lui, les gens cherchent la solution où elle n’est pas. Il estime qu’il faut s’attaquer à la cause d’un problème et non au problème en soi. Il souligne que les consommateurs de sucre sont supérieurs à la production de la Sosumo. Comme solution, il faut accroitre la production. Et de préciser que les experts sont à l’oeuvre pour voir comment accroitre la production de la Sosumo pour répondre aux besoins de la population. Cette équipe d’experts a sorti le rapport, mais une autre va faire d’autres études pour sortir le rapport final sur cette politique. « Mais pourquoi ne pas faire recours aux importations, pourquoi ce peu qu’il y a n’est pas vendu au prix normal ?», demandent les journalistes. Dans son intervention, Nzobonariba parallélise cette question avec celle du courant électrique. «La population augmente, les villes s’agrandissent alors que la production n’est pas accrue », dit-il. C’est la raison pour laquelle le gouvernement appelle à l’importation, à condition que le prix soit réglementé. Il estime qu’il faut que la quantité soit grande pour que l’offre dépasse la demande et les prix vont chuter.
Leonidas Sindayigaya du ministère de l’Energie et des mines indique que l’insuffisance du courant est liée au changement climatique. Mais, il y a un programme de diversifier les sources d’énergie et les problèmes vont diminuer. Sur la distribution inéquitable, il dit que le ministère va faire une enquête. Il souligne néanmoins qu’il y a des localités particulières comme l’hôpital, les camps militaires, etc.
Dans le secteur de l’enseignement, les questions son nombreuses
De son côté, Edouard Juma du ministère de l’Enseignement dit que le ministère n’a pas promis d’organiser la formation aux élèves qui ont échoué le concours. Mais, le gouvernement va accueillir ceux qui veulent repasser le concours. Il y a même une liste de 16 000 élèves déjà élaborée qui veulent repasser. Il indique que le droit de l’enfant à l’éducation doit être une réalité partout où il est, mais que, aller dans les camps de réfugiés dépend des relations entre les pays et de la politique du pays de faire rentrer les refugiés ou les laisser là à long terme. Dans le cas contraire, il y a une commission qui étudie et fait la conformité des diplômes obtenus à l’étranger. Souvent, en collaboration avec l’Unicef, nous analysons la faisabilité d’envoyer les tests selon toujours les relations.
Sur la question de prêt bourse, Venant Ndimurirwo du même ministère indique que le programme est là, mais estime que rien ne justifie la menace de grève des étudiants, car cette question de prêt bourse ne les concerne pas. Il y a une commission qui étudie cette question. Le nombre d’étudiants a augmenté, mais ceux qui sont en cours vont continuer et la mesure va concerner ceux de l’année académique 2015-2016. C’est-à-dire ceux qui vont entrer à l’université avec la prochaine année académique. M. Nzobonariba appelle les parents et les étudiants à ne pas agir sur injonction des gens qui veulent les manipuler et semer le désordre dans le pays. Pour le cas des étudiants de l’ENS qui ne font pas leurs mémoires, M. Ndimurirwo dit que le problème réside entre eux et leurs directeurs de mémoires.
Astère NDUWAMUNGU
Alfred NIMBONA
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