Burundi: Le CNC insiste sur la responsabilité des médias
A Bujumbura, ce vendredi 30 mai 2014, à travers un communiqué, le Conseil National de la Communication (CNC) a fait constater une difficulté réelle chez certains médias au Burundi à se départir de la fonction de médiateur qui commande une neutralité certaine dans l’exercice de ce métier.
Par exemple, au mois de mai 2014, le CNC avait découvert une dangereuse fausse information diffusée par la Radio Publique Africaine RPA à Kirundo, au Nord du Burundi. Le dimanche 4 mai 2014, le président du Conseil National de la Communication (CNC), M. Richard Giramahoro, s’en était allé vérifier lui-même des informations qui étaient diffusées par la Radio Publique Africaine RPA, faisant état de l’existence de fosses creusées dans les 2 communes burundaises (Bwambarangwe et Kirundo) à des fins criminelles. La démarche du CNC était de faire le travail de terrain journalistique afin de voir si cette information qui avait irrité et salie l’honorabilité de responsables administratifs en province Kirundo, était véridique. Au grand étonnement, sur place, le président du CNC visitant les sites cités par la RPA où de soit disant fosses avaient été creusées, il découvre que l’information livrée était totalement fausse. Le président de la CNC, M.Giramahoro, a de suite rappelé aux journalistes burundais qu’il fallait apprendre à respecter la loi régissant la presse notamment l’article 17 « le journaliste est tenu à ne diffuser que des informations équilibrées et dont les sources sont rigoureusement vérifiées ». Cette fausse information avait mis à mal la paix et la sécurité dans cette région du nord du Burundi, frontalière au Rwanda.
Actuellement, le CNC annonce qu’il suit de près le traitement médiatique de l’actualité liée à l’affaire de l’emprisonnement du président de l’APRODH, M. Pierre-Claver Mbonimpa (qui a diffusé « des rumeurs ») et qui comparaît, pour ce fait, devant la justice burundaise. Le CNC rappelle dans ce cas précis, la loi de la presse en son article 19, alinéa f) qui dispose que « Le droit de diffuser des informations ou de publier des documents ne peut être invoqué si ceux-ci sont en rapport avec des communiqués, appels ou annonces incitant à la révolte, à la désobéissance civile, à une manifestation publique non autorisée, à l’apologie du crime, à la réalisation d’un chantage ou d’une escroquerie, à la haine raciale ou ethnique ».
Le but du communiqué du CNC est de demander aux professionnels des médias burundais de prendre comme référence le code de déontologie de la presse burundaise et le contenu de la loi sur la presse du 4 juin 2013.
Ce que rappelle le CNC, en filigrane, en insistant sur la responsabilité des médias burundais, dans ce communiqué, c’est surtout cette réalité dangereuse particulière au Burundi contemporain : Le danger du monopole médiatique des Bahima burundais. Il existe dans ce pays un déséquilibre inquiétant au niveau du rapport de force médiatique. 90% des médias burundais sont détenus par l’ancienne élite de la Dictature des Bahima burundais et leurs enfants. Le régime des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, et Buyoya ) a fait, en près de 40 ans d’exercice du pouvoir, plus de 4,5 Millions de victimes Bahutu Barundi ( La Population au Burundi est de 8 Millions d’habitants – Cfr 2008 ). Les Bahima burundais se sont 5 à 6 % de la population du Burundi. Le problème, c’est que ce monopole est utilisé dangereusement et coûte très cher à l’Etat du Burundi, en termes diplomatique et économique. Ce monopole médiatique est utilisé pour ternir l’image du Burundi au niveau national et internationale. Il ne sert nullement à accompagner la politique de développement du pays ou à aider les Burundais à se réconcilier. Le Bahutu Barundi (90% de la population du Burundi) à chaque fois qu’ils écoutent ces médias « ils savent que ce sont les autres qui parlent » … C’est de ce mal aussi que l’on retrouve derrière cet appel du CNC au respect de la déontologie médiatique.
DAM,NY,AGNEWS, le 2 juin 2014