Le Burundi a demandé samedi des explications à son grand voisin congolais après la mort de 34 réfugiés burundais dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), victimes de tirs de militaires congolais.
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En plus des 34 morts, 124 personnes ont également été blessés lorsque les Forces armées de la RDC (FARDC) ont voulu disperser une manifestation vendredi soir à Kamanyola, selon les autorités provinciales du Sud-Kivu.

Les FARDC ont voulu tiré « des balles en l’air mais ils ont été débordés par les jets de pierres », a déclaré à l’AFP Josué Boji, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur du Sud-Kivu.

Selon Josué Boji, un groupe de réfugiés burundais exigeait la libération de quatre des leurs, arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi puis « expulsés vers leur pays d’origine ».

On dénombre « 34 morts côté réfugiés burundais et 124 blessés », a-t-il affirmé, revoyant à la hausse un premier bilan de 18 réfugiés tués. Un militaire congolais a également été tué dans ces violences.

Une porte-parole de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), Florence Marchal, avait fait état d’un bilan, également provisoire, de 18 morts et 50 blessés. Depuis, les autres réfugiés burundais « sont toujours dans une base de la Monusco », a déclaré Mme Marchal.

‘Chassés comme des animaux’

La plupart des réfugiés burundais ont décidé de passer la nuit devant cette base, car « les réfugiés qui sont restés chez les habitants ont été chassés comme des animaux par des congolais toute la nuit », a témoigné un réfugié, disant craindre pour ses compatriotes encore hébergés dans des familles congolaises.

« Des éclaircissements sont nécessaires » sur les circonstances de cette « fusillade », a réagi le ministre burundais des Relations extérieures, Alain-Aimé Nyamitwe, sur son compte Twitter.

Cet incident « nous rappelle que la gestion des camps de réfugiés doit se conformer pleinement aux convention [de] Genève », a encore noté le ministre burundais.

« J’ai vu des gens tomber, des hommes, des femmes et des enfants qui n’avaient aucune arme. Jusqu’ici nous avons déjà décompté 31 tués et au moins 105 blessés dont une quinzaine très grièvement », a témoigné auprès de l’AFP un autre réfugié burundais.

D’après les témoignages recueillis par l’AFP, ces réfugiés affirment pour la plupart être victime de « persécution religieuse » du gouvernement burundais.

La majorité d’entre eux sont des adeptes de la prophétesse Zebiya, qui assure avoir des visions de la Vierge dans le nord du Burundi.

Ils se sont réfugiés dans la cité congolaise de Kamanyola, frontalière du Burundi, en 2015 avec leur prophétesse après que la Police burundaise a tiré sur eux à Businde (nord du Burundi).

En 2013, près de 200 adeptes de ce groupe religieux avaient été condamnés par la justice burundaise à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour « désobéissance civile ».

Le Burundi traverse une grave crise politique émaillée de violences depuis la candidature en avril 2015 du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année.

Ces violences ont déjà fait de 500 à 2.000 morts, selon les sources (ONU et ONG), des centaines de cas de disparition forcée et de torture et ont poussé à l’exil plus de 400.000 Burundais.

La RDC accueille 44.000 réfugiés burundais sur son territoire dont 2.005 à Kamanyola, selon le Haut Commissariat de l’ONU au réfugiés (HCR).

AFP, le 16 septembre 2017 à 16h15, http://www.jeuneafrique.com