Burundi : La diaspora, son histoire et sa composante sociologique

Quelle est l’histoire et la représentation sociologique de la diaspora burundaise actuelle ?

Gitega, 20/06/2022 – Le mot « Diaspora » ,en français, fait référence à des populations ( communauté ethnique , peuple etc. ) chassées de leur pays, dispersées, continuant à entretenir, depuis l’étranger ( leur pays d’exil ) des relations affectives, culturelles, socio-économiques , et politiques, liées à leur origine.
A travers l’Histoire, les Barundi, portés par l’ubuntu [1] et grâce au mariage –ubugeni[2],ont beaucoup migré, de tout temps , dans le continent et partout ailleurs dans le monde [3], allant jusqu’à fonder des grands ensembles territoriales [4]. L’histoire d’ –ingoma y’uburundi -, état traditionnel des Barundi, est une histoire millénaire.
           Ce lundi, AGnews s’est penchée sur l’histoire récente de la diaspora burundaise, notamment causée par l’arrivée des colons occidentaux (cfr. Portugal, Vatican ) en Afrique dès le 15ème siècle.
La guerre civile burundaise qu’a connu -ingoma y’uburundi- entre 1405 et 1420 de notre ère, opposant Feu Ntare Rushatsi au – muhima – Ruhinda [5], originaire du Karagwe ( Territoire ancien au nord ouest de la Tanzanie frontalière à l’Ouganda ), a provoqué une vague de réfugiés à travers la région.
Ces réfugiés Barundi, éparpillés dans l’empire Mwene Mwezi [4], furent un des fondements de notre diaspora contemporaine. Etant aussi les témoins du début de l’effondrement de cette très grande alliance des Barundi qu’était le Mwene Mwezi en Afrique. Mais, en 1420, suite à la victoire de Feu Ntare Rushatsi, une très grande majorité de ces réfugiés Barundi vont rentrer sur leur terre d’origine, retrouver leur -itongo -, fondamentale pour les peuples de l’ubuntu. Pour le Murundi, la terre de ses ancêtres – itongo -, située sur sa colline d’origine, est à la fois son identité et sa mère nourricière. Ainsi, spirituellement, le Murundi se doit de défendre son -itongo-, s’agissant pour lui d’une question de vie ou de mort.
          Faisant un saut dans l’histoire, après la conférence de Berlin en 1884-1885, des Barundi, vers le 20ème siècle, vont être déportés, essentiellement, en Europe ou dans d’autres pays africains colonisés (ex. Algérie ), soit pour être exhibés dans les foires – zoo humains – ou les expositions universelles [6] ; ou soit pour être éduquer, de manière forcée, à la culture occidentale ( Christianisme, humanité Gréco-latine, etc. ).
Dans cette catégorie de Barundi déportés, sociologiquement, on trouve surtout des familles Barundi parmi les Baganwa, les Batware, et les enfants des Bagumyamabanga. C’est à dire les chefs et les enfants des savants planificateurs-régulateurs-législateurs Barundi.
Voilà une bribe de la diaspora burundaise au début du 20ème siècle en Europe ou dans les pays africains colonisés
Allons plus en détails, concernant cette catégorie :
Entre 1920 et 1940, sous la colonisation Belge, plus de 50.000 Barundi vont être victimes du 1er Génocide contre les Bagumyamabanga Barundi. On se souvient notamment de Feu Kanyarufunso Runyota. Une vague de réfugiés Barundi va avoir lieu dans la région, perdant leurs terres, volées par la Belgique et le Vatican.
La diaspora burundaise immigrée à cette période s’installa dans la région des Grands Lacs, espérant un jour retourner au pays -ingoma y’uburundi – et récupérer leurs terres – amatongo -… Nombre des enfants des Bagumyabanga Barundi, parents assassinés parce qu’elles/ils n’acceptaient pas d’oublier -ingoma y’uburundi – et d’être convertis au christianisme, opposant une très forte résistance institutionnelle, vont être déportés, comme orphelins, par les missionnaires – Pères/Mères Blanc.hes – pour être éduquer de force à la culture occidentale. Un fois, éduquer, ils/elles étaient réintroduits dans la société burundaise pour aider les colons Belges à instaurer leur mission civilisatrice.
             De 1959 à 1972-73, en vue d’instaurer un état néo-colonial,  à l’indépendance du Burundi, sur une population de 3 Millions d’âmes plus de 1,5 million de Barundi vont être victimes du Génocide Régicide contre les Barundi,mettant fin à l’état traditionnel des Barundi -ingoma y’uburundi -. Ce crime contre l’humanité était réalisé par les USA, le Vatican, la France et la Belgique, utilisant la main des acteurs néo-colons Barundi qu’ils avaient choisi, pour leur sale besogne : les Bahima Barundi. Soit 1.000 000 Barundi vont trouver le chemin de l’exil à cette période. On peut parler des vagues de réfugiés suite à divers assassinats :
–   les assassinats des Baganwa, des Batware, et du Mwami de 1961 à 1964 -1972 ( les Feu Rwagasore, les fils Baranyanka, Kamatari, Mwami Ntare Ndizeye…). L’assassinat de Feu Mwami Mwambutsa était programmé en 1965 et  a échoué. Il dut s’exiler en 1965  ;
–  les assassinats du 2ème Génocide des Bagumyamabanga Barundi en 1962 à 1965 ( les Feu syndicalistes Barundi (1962), Mgr Gihimbare -décembre 1964-, Ngendandumwe, Mirerekano, Benyaguje,…);
–   les assassinats du Génocide des enfants des Bagumyamabanga Barundi en 1969 ;
– et les assassinats du Génocide contre les Bahutu Barundi en 1972.
Ce sont ces divers vagues de réfugiés Barundi suite à ses assassinats ciblés qui vont composer le 2ème corps sociologique de la diaspora burundaise au 20ème siècle. Suite à ce Génocide Régicide [7] du Burundi de 1959 à 1972, la diaspora burundaise, à travers le monde, comptait plus d’1 million d’individus sur les 4 continents, mais surtout en Afrique, en Amérique ( Canada, USA ), et en Europe ( Belgique, France, Italie ).
A cette période, de nombreu.x/se étudiant.es Barundi, qui étaient à l’étranger pour être formés à la culture occidentale, avaient préféré demander l’asile politique dans le pays où elles/ils se trouvaient plutôt que de retourner au Burundi. Beaucoup de leurs parents avaient été tués lors de ce Génocide Régicide.
Jusqu’aujourd’hui, c’est ce corps sociologique qui fonde le substrat massif de la diaspora burundaise, appelée de manière usagère et grossière les victimes de 1972.
              Par la suite, lié à la dictature des Bahima Barundi, instaurée depuis 1965-66 comme acteur néo-colon au Burundi, il y eut le Génocide de 1988 -Ntega Marangara [8]. De milliers de réfugiés Barundi durent fuir vers le Rwanda, le Zaïre, la Tanzanie, et certains en Europe, demandant l’asile politique.
            De 1993 à 2005, la guerre civile burundaise, déclenchée par l’assassinat de Feu Ndadaye Melchior, causée par la guerre géopolitique entre l’Europe et les USA en Afrique, notamment dans les grands lacs africains, a fait plus de 3 Millions de victimes Barundi [9].
Des millions de réfugiés Barundi vont déferler à travers le monde, soit dans les 4 continents ( Afrique, Asie-Australie , Europe dont en Scandinavie notamment au Danemark, et Amérique du Nord – Canada et USA ).
Cette vague de réfugiés Barundi [10] fut la plus importante que le Burundi contemporain ait connu, après celui de 1972.
D’un point de vue sociologique, on y trouve diverses composantes sociales burundaises, notamment les acteurs néo-colons Barundi – les Bahima –[11], utilisés par les anciennes familles de colons européens lors du Génocide Régicide du Burundi entre 1959 et 1972, puis par la suite en instaurant le dictature militaire des Bahima Barundi ( Micombero, Bagaza, Buyoya ) qui a régné pendant plus de 40 ans au Burundi ( soit de 1965-66 à 2005 ).
Actuellement, c’est cette vague, issue de la guerre civile burundaise de 1993 à 2003 , qui compose majoritairement le tissu sociologique de la diaspora burundaise.
           En 2015, dans un contexte de guerre géopolitique face à la Chine en Afrique, utilisant le réseau militaire et policier de l’ancien dictateur muhima burundais Buyoya Pierre, les USA, le Vatican, et l’Union Européenne ( la France et la Belgique) ont organisé une révolution de couleur pour changer le régime au Burundi, échouant avec le coup d’état militaire du mercredi 13 mai 2015.
Une vague de réfugiés burundais, surtout dans le rang sociologique des Bahima Barundi, vont se répandre au Rwanda, en Ouganda, en Europe dont en Scandinavie ( Suède, Norvège, Finlande,… ), et en Amérique surtout au Canada.
Certains Barundi, qui avaient eu peur de revivre les Génocides précédents ci-haut cités, eux, ont préféré fuir en RDC ou en Tanzanie, espérant revenir au plus vite retrouver leurs – amatongo – . Bon nombre d’entre eux sont retournés au Burundi depuis 2015 à nos jours.
            En conclusion, ces divers vagues de réfugiés barundi, exilés à cause de la Colonisation et du Néo-colonialisme occidentale, composent la diaspora burundaise de nos jours, et sont le fondement du panafricanisme burundais. Voilà, grosso-modo, l’histoire et la sociologie de la diaspora burundaise qui s’est  constituée dans le malheur d’ -ingoma y’uburundi – et qui, aujourd’hui, pourrait être utilisée comme une force pour les Barundi, peuple de l’ubuntu.

NOTES :

[1] Burundi : L’Ubuntu, via le Nil , a porté Science et Religion au Monde – https://burundi-agnews.org/afrique/burundi-lubuntu-via-le-nil-a-porte-science-et-religion-au-monde/
[2] Burundi : Ubugeni – le mariage coutumier -, outil social, socio-politique, diplomatique des Barundi | https://burundi-agnews.org/politique/burundi-ubugeni-le-mariage-coutumier-outil-social-socio-politique-diplomatique-des-barundi/
[3] Runoko Rashidi , Histoire millénaire des Africains en Asie : Présence africaine en Asie de l’Antiquité à nos jours, ed. Monde Global, 2005
[4] Burundi : Le Mwene Mwezi ou Empire CWEZI des Barundi. – https://burundi-agnews.org/eac/burundi-le-mwene-mwezi-ou-empire-cwezi-des-barundi/ | Burundi : Au 15ème siècle, INGOMA Y’UBURUNDI gère l’EMPIRE MWENE MWEZI – https://burundi-agnews.org/eac/burundi-au-15eme-siecle-ingoma-yuburundi-gere-lempire-mwene-mwezi/ | Burundi : Histoire – ULUNDI, le BURUNDI d’Afrique du Sud – https://burundi-agnews.org/eac/burundi-histoire-ulundi-le-burundi-dafrique-du-sud/
[5] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la croix et à la bannière, 2015
[6] Le zoo humain de Tervuren (1897) – https://www.africamuseum.be/fr/discover/history_articles/the_human_zoo_of_tervuren_1897
[7] Le dernier Mwami du 20ème siècle des Barundi est assassiné en avril 1972, Feu Ntare Ndizeyi Charles.
[8] Le génocide de Ntega Marangara de 1988 – https://burundi-agnews.org/genocide.htm#1988
[9] La guerre civile du Burundi 1993 – 2003 – https://burundi-agnews.org/genocide.htm#1993 | Les camps de concentration du Burundi 1996 – 2001 – https://burundi-agnews.org/ccburundi.htm | https://burundi-agnews.org/histoire-la-guerre-civile-du-burundi-1993-2003/
[10] Les réfugiés Barundi – https://burundi-agnews.org/agnews_refugees.htm
[11] (umu)hima / (aba)hima est un citoyen Burundais, connu par comme étant un être porteur de -VICES -. Le MUHIMA est l’opposé d’un MUSHINGANTAHE ( ou des BASHINGANTAHE ) qui est porteur de VERTUS initiés [ http://bdiagnews.com/hima ]. Dans le contexte de l’ubuntu, le Burundi ne peut exister sans les Bahima Barundi, étant des êtres vitaux pour l’Harmonie d’-ingoma y’uburundi -. Le Muhima porte, avec fierté, le caractère vicieux de Mukakaryenda, soit -Ma-, mère de tous les êtres du monde, dont des Barundi. Mais, depuis la Colonisation occidentale, les colons européens ont des-harmonisés les Barundi ( et les Africains ), en s’appuyant sur les Bahima et en les instrumentalisant pour faire leur sale besogne.

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Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Lundi 20 juin 2022 | Photo : Ntare Rutshatsi house, bdiagnews