‘’Le 29 avril 1972 vers 22heures,Charles Ndizeye, Ntare V est assassiné au Camp Commando de Gitega, sous les yeux du commandant adjoint capitaine Ntabiraho. Son meurtre constitue l’acte 1er de la tragédie qui a endeuillé le Burundi et qui a été qualifiée de génocide commis contre les Bahutu du Burundi en 1972-1973 par la CVR’’.
Le Président de la CVR a expliqué à la presse que Charles Ndizeye est le second fils du roi Mwabutsa IV Bangiricenge qu’il a eu de la Reine Baramparaye. Il est né le 2 décembre 1947 au Palais de Gitega.
C’est le 8 juillet 1966 qu’il s’est proclamé nouveau souverain du Burundi, sous le nom de Ntare V, après avoir déposé son père le Roi Mwambutsa Bangiricenge. Il désigne Michel Micombero alors secrétaire d’Etat à la défense comme Premier Ministre.
Le 28 Novembre 1966, le capitaine Micombero, Premier Ministre renverse la monarchie et proclame la République dont il devient le Premier Président.
Le coup d’Etat du 28 Novembre 1966 contre Ntare V a été perpétré pendant que le jeune roi était en voyage officiel à Kinshasa où le colonel Mobutu Sese Seko célébrait le premier anniversaire de sa prise de pouvoir. Après son renversement s’exile en Allemagne.
Selon le président de la CVR, l’exil du Roi Ntare V hantait toujours les esprits du pouvoir en place à Bujumbura, le président Michel Micombero est resté inquiété par Ntare V qui symbolisait encore la monarchie.
Pour en finir définitivement avec Ntare V qui était entre temps arrivé en Ouganda dans le cadre de son exil, un plan d’extradition a été concocté par le pouvoir du président Micombero.
Pour exécuter ce plan, le ministre des affaires étrangères Arthémon Simbananiye a effectué plusieurs missions en Ouganda visant à convaincre Ntare V de rentrer au pays. Il a même eu des entretiens avec le président de l’Ouganda Idi Amin Dada. Le président de l’Ouganda s’est laissé convaincre de renvoyer Charles Ndizeye dans son pays en tant que simple citoyen, mais il tenait à recevoir une assurance écrite que lorsque l-ex-roi retournerai au Burundi sa vie ne serait pas en danger.
Il y a eu plusieurs tractations sur le retour du roi, mais finalement, le 30 mars 1972, Ntare V a été embarqué et ramené de force à Bujumbura dans un hélicoptère de la police ougandais de marque Bell Lagousta, qui est parti du palais présidentiel de Nakasero.
Aussitôt arrivé au Burundi, Ntrae V est menotté et emmené à Gitega par hélicoptère sous la surveillance du commandant Rwuri Joseph et il est placé en résidence surveillée.
Le pouvoir accusait Ntare V de vouloir restaurer la monarchie par force avec l’appui de mercenaires étrangers et de monarchistes locaux.
A Kampala Idi Amin Dada découvre la vérité, le chargé d’affaires burundais Pierre Nkundwa a dut revenir à Bujumbura chercher un message destiné à apaiser le président Idi Amin Dada.
En date du 29 avril 1972 Ntare V est exécuté à la Compagnie commando de Gitega dirigée par le commandant Sinduhije Jérome qui n’était pas présent.
Cette exécution était dirigée par le commandant en second, le capitaine Ntabiraho Onesphore alias Rwabisazi. Celui-ci acheva Ntare V de trois coups de revolver en plein front. La dépouille fut déposée dans une brouette et conservée dans un magasin d’armements du camp.
Le président de la CVR Pierre Claver Ndayicariye a affirmé que la vie et ainsi que l’assassinat du Roi Charles Ndizeye ont été entouré de mensonges d’Etats. Selon Pierre Claver Ndayicariye le pouvoir politique a parlé d’attaques contre le camp militaire de Gitega, alors que ce fut une véritable attaque simulée pour liquider l’ex-Roi, d’autres ont dit que le roi a été tué lorsqu’il tentait de fuir avec les assaillants venus le libérer. Ces mensonges était diffusées par le biais de la Radio Nationale ‘’La Voix de la Révolution’’, le journal gouvernemental ‘’Flash Infor ’’ ou le ‘’Livre Blanc sur les événements de mai 1972’’ publié par le gouvernement.
Le président de la CVR reconnait qu’elle ne dispose pas d’information sur la sépulture du Roi Ntare V.
Mais la CVR estime que la réhabilitation de Ntare V comme personnage politique, symbole de la monarchie renversée, est une question majeure dans le processus de guérison des mémoires blessées.