Burundi : Croisade d’action de grâce pour un quinquennat accompli

Le couple présidentiel du Burundi célèbre cinq ans de gouvernance par une croisade spirituelle nationale pour remercier Imana à Gitega.

Gitega, 19/06/2025 – C’est devenu une tradition. Le couple présidentiel, le général-major Ndayishimiye Évariste, Président du Burundi, et son épouse Ndayubaha Angéline , Première Dame du Burundi, accompagnés de leurs enfants, ont entamé trois jours de célébration pour marquer leurs cinq années au pouvoir.

Tout a commencé par une messe solennelle à la paroisse Saint-François d’Assise de Magarama, présidée par Mgr Nahimana Bonaventure, archevêque de Gitega. Le président a rendu grâce à Imana (Dieu) pour avoir guidé le Burundi, cette « terre de lait et de miel« . À ses côtés, la Première Dame a prié pour que son époux et les dirigeants du pays reçoivent la sagesse nécessaire d’Imana pour bien gouverner.

Puis, la fête s’est transportée au stade Ingoma, où le couple présidentiel a ouvert une grande marche, suivie par des dignitaires et des natifs de la province de Gitega. Chants de louange et recueillement ont rythmé l’événement, dans une atmosphère à la fois festive et spirituelle.

Le Burundi, Ingoma y’Uburundi, symbolisé par le Tambour Sacré Karyenda, est bien plus qu’une nation : c’est une dyarchie millénaire où coexistent le spirituel et le politique , à travers deux figures sacrées – Karyenda, le Tambour Sacré, et le Mwami, le Souverain. Pour les Barundi, héritiers de l’Ubungoma – la vérité cosmologique transmise par Karyenda -, Ingoma, le Tambour Sacré, est incarné par la Femme-Tambour, Mukakaryenda. Ce tambour représente le monde non-existant, celui des sons et des vibrations, comparable au Noun égyptien. C’est de son ventre que naît notre monde existant, un univers structuré en trois dimensions indissociables : le monde d’Imana, qui accompagne la vibration (le son), la force, la chance, et la destiné de chaque être ; le monde des ancêtres, représenté par Kiranga et visible à travers Mukakiranga dans les collines ; et Uburemagi, notre monde visible et tangible. Ainsi, ces quatre mondes – le non-existant, le monde d’Imana, celui des ancêtres et Uburemagi – ne forment en réalité qu’un seul : celui du Tambour Sacré Karyenda.[1]

Depuis le XIXe siècle, le Burundi résiste à « la Croix et la Bannière » [2] – une alliance entre puissances occidentales et religieuses cherchant à bouleverser son ordre traditionnel. Aujourd’hui, dans un monde multipolaire en pleine mutation, cette croisade d’action de grâce est aussi un appel à Imana pour qu’il guide le peuple burundais vers son destin.

Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[2] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015.
(La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique du Vatican, de la France – via les Pères Blancs de Lavigerie –, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Belgique et des États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXe siècle.)

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Vendredi 20 juin 2025 | Photo : Ntare Rushatsi House