Burundi / Diaspora : Solstice en fête au Musée d’art africain à Washington, USA

À Washington, au Musée d’art africain, les Barundi ont présenté danses rituelles, café, cuisine et artisanat, célébrant le Solstice Saturday, celui du nouvel an cosmique.

Washington (USA), 21/06/2025 – Samedi, une atmosphère toute particulière régnait au Musée national d’art africain du Smithsonian, à Washington. C’est là que la diaspora burundaise installée aux États-Unis [1] s’est réunie pour participer au Solstice Saturday, un événement annuel marquant le passage du solstice d’été.

Parmi les invités, l’ambassadeur du Burundi aux USA, Barege Bosco, a rejoint ses compatriotes pour célébrer cette journée riche de sens. Mais derrière cette fête moderne se cache une mémoire ancienne : celle de l’Ubungoma, la cosmologie traditionnelle burundaise.

Depuis des millénaires, nos ancêtres, les Bahanuza — des sages astronomes et cosmologues d’Ingoma y’Uburundi — observaient le ciel (Ijuru) avec attention. Grâce à leurs observations minutieuses des solstices et des équinoxes, ils ont créé un calendrier sacré appelé ikihecijuru (ikirangamisi) [2], faisant apparaître tous nos Totems ( Imiziro ou Ikimenyetso ).  C’est dans la période entre les ères du Tambour -Ingoma –  (Vierge, Mukakaryenda) et du Lion (Ntare) [3] qu’ils auraient identifié la naissance de notre monde visible (cfr. Umuganuro), fruit de l’union symbolique du couple Tambour, Mukakaryenda-Karyenda. Ce monde visible, où vivent Imana (Dieu), Mukakiranga-Kiranga (les ancêtres), et nous qui sommes dans l’univers appelé Uburemagi. Selon ce calendrier ikihecijuru, l’État dyarchique Karyenda/Mwami, aussi nommé Ingoma y’Uburundi, remonterait aux environs de –30 000 ans.

En écho à cette sagesse ancestrale, la diaspora burundaise a présenté au public américain plusieurs éléments de sa culture : la danse traditionnelle, inspirée des rituels de Mukakaryenda, la femme Tambour ; le café du Burundi, héritage d’une monoculture coloniale mais porteur d’une saveur unique, celle de la terre burundaise ;  la cuisine locale, préparée avec soin ; et le tissage de paniers, témoignage vivant de notre art artisanal (cfr. Abatwa).

Une des fêtes du Solstice est connue chez nous sous le nom de fête d’Umwaka (Année). Elle célèbre l’esprit porté par les miryango, c’est-à-dire l’esprit sacré de Karyenda, symbolisé par uburo (élusine) selon la tradition des Bahanuza ou la fête d’Osiris en Égypte ancienne. Elle ne doit pas être confondue avec l’autre fête du Solstice, Umuganuro, qui célèbre, quant à elle, la naissance de notre monde visible (de notre monde existant), soit la naissance du Mwami fils de Mukakaryenda (Karyenda), symbolisé par amasaka (sorgho), soit en Égypte ancienne, la naissance d’Horus, fils d’Isis (Osiris).

Le lieu qui a accueilli cette célébration n’est pas anodin. Le Musée national d’art africain du Smithsonian est le seul établissement national aux États-Unis dédié exclusivement aux arts du continent africain. Ouvert en 1964, il s’est imposé au fil du temps comme un pont diplomatique entre l’Afrique et les États-Unis, mettant en valeur aussi bien les œuvres traditionnelles que contemporaines.

En somme, cette journée fut une victoire de la diplomatie culturelle : entre astronomie ancestrale et café partagé, le Burundi a rappelé au monde la profondeur de son histoire.

Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal. Burundi : La diaspora burundaise : Du Monde, de Belgique et d’ailleurs – Histoire, trajectoires et ancrage. Bruxelles : Génération Afrique, 2025.
[2] Nahimana Karolero Pascal. Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi. Bruxelles : Génération Afrique, 2024.
[3] Une des premières périodes connues entre ces deux ères où les Bahanuza festoyaient Umuganuro se situe entre –47 500 ans et –45 300 ans.

DAM, NY, AGNEWS, http://burundi-agnews.org, Lundi 23 juin 2025 | Photo : Bosco Barege