En Tunisie, les résultats officiels de l’élection présidentielle sont attendus au plus tôt lundi. Mais le parti Nidaa Tounes annonce déjà la victoire de son candidat Beji Caïd Essebsi, BCE, sans préciser avec combien de points d’écart par rapport à son rival, le sortant Moncef Marzouki.
A peine les bureaux fermés à 18h, le directeur de campagne de Beji Caïd Essebsi, Mohsen Marzouk, a donné une conférence de presse pour expliquer que selon leurs propres sondages de sortie des urnes, le candidat du parti Nidaa Tounes était gagnant. Il avance un écart net, sans plus de précisions pour l’instant. « Selon les indicateurs dont on dispose, monsieur Beji Caïd Essesbsi est vainqueur de l’élection présidentielle. Je crois qu’il y a un écart assez clair et net. Nous remercions bien sûr notre concurrent, le candidat Moncef Marzouki, parce que pour qu’il y ait une démocratie, il faut qu’il y ait deux [candidats] », a-t-il déclaré.
Il annonce déjà la reprise prochaine du travail avec pour priorité le développement économique et social et appelle les partisans de BCE à appréhender ces résultats avec modestie. Il appelle aussi à l’unité nationale promettant de tendre la main à tous les acteurs politiques. « Chacun doit maintenant reprendre ses esprits et comprendre qu’il faut prendre ces résultats avec beaucoup de modestie, parce que ce qui nous attend en matière de développement en matière de construction économique et sociale est très important, rappelle le directeur de campagne. Il est donc très important que l’unité nationale soit recomposée et reconstituée, à l’instar de ce qui s’est passé après les élections législatives. Nous tendons la main à tous les acteurs politiques tunisiens. Nous sommes des Tunisiens et nous avons les mêmes défis. J’espère que d’ici deux jours, chacun se remettra au travail. Ces élections ne sont qu’un outil. L’objectif est d’assurer le sort économique et social du pays. »
Le camp Marzouki évoque des fraudes
Il n’y a donc pas de résultats officiels pour l’instant, mais dès cette annonce du parti Nidaa Tounes, des drapeaux ont été lancés dans les airs avec d’un côté la photo de BCE et de l’autre le drapeau tunisien, sous les slogans « Beji président ». Les klaxonnent ne s’arrêtent plus couverts parfois par des feux d’artifice, des youyous et des applaudissements. Ces applaudissements retentissent de plus belle lorsque la foule se moque du président sortant avec une pancarte « pantin ». C’est le surnom malheureux de Moncef Marzouki. Une victoire avant l’annonce officielle des résultats qui ne passe pas dans l’autre camp. L’équipe de Moncef Marzouki la juge sans fondement et parle d’un écart très serré de quelques milliers de voix. Elle dit vouloir attendre les résultats officiels avant de s’avouer vaincue.
Ce scrutin n’a pas mobilisé les foules à peine 56 % de participation selon l’ISIE, l’instance électorale à la clôture des bureaux. Mais d’après les observateurs indépendants, le vote s’est bien déroulé, comme pour les législatives en octobre et le premier tour de cette présidentielle. Si les observateurs ne relèvent pas d’irrégularités majeures, l’entourage de Moncef Marzouki évoque lui des fraudes qui auraient été constatées dans certains bureaux par ses propres observateurs. Des réclamations ont donc été envoyées à l’instance électorale et ce sera à elle de trancher. Elle devrait annoncer les résultats officiels et définitifs au plus tôt lundi soir et au plus tard mercredi.