Dans les esprits et sur les lèvres de bien des Burundais, c’est l’attente de la décision des juges qui préoccupe ce mercredi. La RPA, les professionnels des médias et certaines associations de la société civile prépareraient un accueil triomphal à Bob. Des bus auraient été loués pour se rendre à Muramvya et ramener Bob en héros. Pour dire que l’optimisme est plus que jamais au rendez-vous. Les 20 millions de caution auraient déjà été réunis. Et ils gardent l’espoir que les juges puissent revoir le montant de la caution à la baisse et surtout ignorer l’autre condition posée par le ministère public: livrer l’assassin!
Je n’ai jamais été Bob et ne le serai jamais. Je demeure convaincu que ce journaliste et son médium n’ont fait qu’un montage rocambolesque. Je suis aussi convaincu que Bob et la RPA roulaient pour une main plus puissante de l’étranger et qui n’est pas étrangère au crime odieux. Car jamais dans l’histoire des tragédies concernant des ressortissants occidentaux on avait vu un tel silence devant un assassinat de Blancs! Mais comme le gouvernement se disait n’y être pour rien et semblait mener des enquêtes lentement, le montage de la RPA est venu secouer. Et rien ne sera plus comme avant dans cette affaire. Que Bob soit en prison ou pas, cette affaire a pris une autre ampleur. Le Vatican, le parlement européen ou l’Italie suivent tout de très près.
A quelque chose malheur est bon: les associations hier inconnues se sont fait une publicité à travers les visites à Muramvya et les communiqués dans les médias. D’autres bénéficiaient des per diem et des frais de mission pour se rendre à Muramvya. Même les gardiens de prison se frottent les mains. Bob connaît plus de célébrité que Hassan Ruvakuki puisque plus jamais lié au dossier des religieuses italiennes.
Sous un autre angle, les Burundais sont très nombreux à guetter tout mouvement, information ou rumeur sur les tractations en cours au sein du parti au pouvoir. Tel qui lance la rumeur comme quoi le congrès pouvait se tenir le week end passé et qui recommandait de s’approvisionner en denrées alimentaires en prévision des troubles qui auraient dû suivre l’annonce de la candidature de Nkurunziza. Le week end annoncé est passé calmement et le congrès n’est pas tenu!
Comme rien ne filtre du côté de la permanence nationale du parti, d’autres rumeurs se lancent de plus bel. Et ceux qui propagent ce genre de canulars vous diront qu’ils ont l’information d’une source interne au parti. La trouvaille du moment est de souligner que le congrès doit se tenir avant le 15 mars!
Et l’on spécule alors sur les week-ends probables pour la tenue du congrès « de tous les dangers » et non de « tous les espoirs »! D’autres n’hésiteront pas à raconter que le parti au pouvoir a préféré organiser la distribution des vélos et des motos dans les provinces pour quadriller d’abord ses militants et intimer les adversaires. D’autres vous diront que le conseil des sages du CNDD-FDD va se réunir à la fin du mois de février et que cela sera la ligne droite vers le congrès. D’autres vous diront que des blocs s’opposent et que les querelles byzantines au sein du parti risquent de conduire à l’implosion. Rumeur quand tu nous tient!
Une chose est certaine: du côté du parti au pouvoir, les préparatifs du congrès vont bon train. La date pourrait être communiquée dans quelques jours. Car le parti est conscient que même les partenaires au développement sont préoccupés par le choix qui sera fait quant au candidat à présenter aux élections présidentielles.
Mais le parti au pouvoir évite le piège de la précipitation car les élections de 2015 ne concernent pas que les présidentielles. Il y a des choix à peaufiner pour les communales, pour les législatives. Il y a le bilan à présenter et le programme à proposer aux électeurs. Il y a toute une logistique à concevoir et organiser.
L’unique conseil à donner à ceux qui vont à la chasse aux rumeurs: soyez méfiants et surtout prudents. Ce n’est pas le choix du CNDD-FDD qui va provoquer les troubles mais ceux qui ont perdu déjà l’espoir de faire un meilleur score aux scrutins en cours de préparation. Dans l’histoire du Burundi, ce sont toujours les mauvais perdants qui creusent des tombes pour le peuple. C’est pour cela que les élections sont devenues synonymes de période redoutable. Le changement qu’il nous faut, c’est de pouvoir faire mentir les oiseaux de mauvais augures. Reste tout de même à redouter la troisième ethnie: elle se fout du folklore, du populisme et des masses au ton mouton.