Il était le représentant de l’Union Africaine au Burundi depuis 2012. Ce diplomate d’origine malienne vient de faire discrètement ses adieux au Ministre Laurent KAVAKURE avant de se rendre à Addis-Abeba le vendredi 3 avril dernier. C’est que Diarra était au courant d’une évaluation conjointe de son action au Burundi par ’Union Africaine et les autorités burundaises. L ’ évaluation a conclu à une action remarquable sur terrain mais en contradiction avec la politique de l’Union africaine au Burundi. Il a été constaté que l’ambassadeur Diarra prenait des positions proches des diplomates occidentaux sur certains sujets où l’Union Africaine avait clairement donné ses orientations. C’est ainsi qu’en 2014, lors qu’un cadre du BNUB a envoyé discrètement un câble à New York en alertant sur la prétendue distribution des armes aux Imbonerakure et à une menace de génocide, l’ambassadeur Diarra s’est gardé de commenter. Averti par l’ambassade du Burundi en Ethiopie, l’Union Africaine a dépêché Adama Dieng qui fait le suivi des questions du génocide. Celui ci a rencontré bien des diplomates et des partenaires du Burundi de même que les autorités burundaises. Il a alors rassuré qu’il n’y avait aucune menace de génocide au Burundi.

L’autre question sur laquelle l’évaluation d’Adama Diarra a porté concernait les cadavres du lac Rweru. Le gouvernement du Burundi a adressé à l’Union Africaine une demande d’appui en termes d’experts devant permettre d’identifier les cadavres et l’origine. Alors que le gouvernement du Burundi était sous pression de certains pays comme les USA, la Belgique, les Pays Bas et la Suisse qui avaient offert une expertise afin d’identifier les cadavres, Adama Diarra aurait brillé par l’inaction et cela a fait traîné la demande du Burundi bien des mois sans réponse. Il se murmure qu’au lieu d’une réponse à la demande, un diplomate d’origine rwandaise travaillant à Addis a poussé à la sortie d’une lettre adressée au président Nkurunziza afin de lui signifier qu’il devait clarifier sans délais la tragédie de Rweru! Après protestations de Bujumbura, la diplomate rwandaise a été rappelée à l’ordre. Et l’Union Africaine a répondu favorablement à la requête du Burundi. Les experts sont attendus à Bujumbura et le Gouvernement du Burundi a marqué son accord pour leur collaboration avec les experts proposés par certains pays occidentaux. Le Burundi a déjà présenté deux fugitifs rwandais qui ont échappé aux exécutions qui ont créé le cas des cadavres de Rweru. C’est que Bujumbura est d’avis que les exécutions ont eu lieu au Rwanda.

Le troisième sujet de l’évaluation aurait concerné la question des observateurs pour les élections de 2015. D’après certaines sources, l’ambassadeur Diarra aurait produit une note pour conditionner l’envoi des observateurs de l’Union Africaine à l’abandon d’une nouvelle candidature de Nkurunziza. Diarra se serait aligné au même discours des diplomates occidentaux pour mettre en garde contre l’échec des élections si d’aventure le président Nkurunziza briguait un nouveau mandat. Sa note aurait donc retardé l’envoi de l’équipe préparatoire du déploiement des observateurs.

Mais grâce à l’action de l’ambassadeur du Burundi à Addis-Abeba, l’équipe préparatoire est venue en décembre 2014 et le déploiement des observateurs est en cours. Il faut noter qu’avant la visite de la présidente de l’union africaine au Burundi le mois passé, madame Zuma avait dépêché deux émissaires spéciaux à Bujumbura pour s’enquérir des priorités et se mettre d’accord sur la suite à donner aux conclusions de l’évaluation. D’après RFI, le président Nkurunziza aurait demandé à madame Zuma de rappeler son diplomate et d’en proposer un autre.

L’ambassadeur Diarra a été informé des échanges entre madame Zuma et le président Nkurunziza. Quand il a reçu la communication de se rendre à Addis-Abeba pourune réunion sur la région des GrandsLacs, il a compris que c’était un rappel qui ne disait pas son nom. C’est ainsi qu’il a sollicité une audience auprès du Ministre KAVAKURE. Il l’a informé de son voyage pour Addis-Abeba et a fait part des indiscrétions concernant son sort. Il a fait ses adieux. Il part par la petite porte comme un certain De Locker de l’Union Européenne! Peut-on dire « bon débarras »? Non! Disons qu’en grand diplomate, Diarra n’en veut pas au Burundi et saura partager les bons souvenirs de son séjour et de la joie de vivre du peuple burundais: un peuple épris de paix!

Paul Sorongo