Dans un message à la nation ce soir, le président Nkurunziza a rappelé que le Burundi compte 3002 collines ou quartiers et que seulement quelques quartiers de Bujumbura ont choisi la voie des manifestations destructrices. Il a invité les jeunes des quartiers de Musaga, Nyakabiga, Ngagara et Cibitoke à se resaisir et écouter la raison. Nkurunziza a souligné que la paix et la sécurité règnent sur plus de 99% du territoire. Et de confirmer la détermination du gouvernement à organiser les élections dans les délais prévus par la constitution et le code électoral.

Pierre Nkurunziza a expliqué qu’il a entendu l’appel des pays membres de la CIRGL, de l’UnionAfricaine et de l’EAC pour un report des élections pour les conseilscommunaux et les législatives. D’où la propositiondela CENI de prolonger les campagnes électorales jusqu’au 2 juin et les élections devant se dérouler le 5 juin. Le président Nkurunziza exhorte les partis politiques, les coalitions politiques et les indépendants à participer activement aux campagnes électorales et aux élections. Il a demandé les amis et partenaires du Burundi à soutenir le processus en cours car les conditions de sécurité sont réunies pour des élections libres et transparentes.

Le Président Nkurunziza a regretté le comportement de certains journalistes et reporters étrangers qui donnent l’impression de n’être au Burundi que pour encourager les manifestations. Il a fait remarquer que l’image que ces journalistes donnent du Burundi est une propagande malveillante. Car le Burundi ne se limite pas aux quatre quartiers où se déroulent des manifestations illégales et violentes. Il a souhaité que les journalistes et reporters étrangers aident plutôt dans la consolidation de la paix et à redorer l’image du Burundi: reconnaître que 99% du territoire est en paix, parler des contributions du Burundi dans les opérations de maintien de la paix dans le monde.

Sonia Rolley

Il faut ici souligner que ces souhaits du président Nkurunziza sont exprimés au moment où le Conseil National de la Communication a convoqué une réunion à l’intention des journalistes, reporters et correspondants des médias étrangers. La réunion est prévue pour le jeudi 21 mais au siège de cet organe de régulation. Une réunion qui était réclamée par bien des Burundais agacés notamment par les positions tendancieuses comme ce qui est rapporté par Sonia Rolley sur RFI ou d’autres correspondants sur TV5, France 24, BBC, Voix d’Amérique et Reuters. Tous ces médias au service des intérêts occidentaux diabolisent le président Nkurunziza et présentent le Burundi comme s’il se limitait aux quartiers où se déroulent les manifestations! Aucune condamnation des manifestants et de cette imposture des jeunes des quatre quartiers de Bujumbura alors que la vie redevient plus ou moins normale dans la capitale.

On note que le discours du président Nkurunziza de ce mercredi 20 mai 2015 diffère de celui qu’il a prononcé à son retour du pays après la tentative de coup d’Etat. Il tend la main aux manifestants, rappelle que ce sont eux aussi des enfants du pays et qui doivent plutôt éviter de détruire leur pays. Le président Nkurunziza s’attarde aux dommages subis par les médias et à l’hôpital BUMEREC. Il se montre solidaires des personnes ou organisations éprouvées et encouragent des enquêtes rapides afin que ces organisations puissent reprendre du service. Le président Nkurunziza se place au dessus de la mêlée et reprend sa stature d’homme d’Etat. Un discours qui était très attendu. La concession du report des élections exige désormais de ses détracteurs une autre stratégie car ne pas faire un pas vers un compromis les condamneraient à perdre bien des soutiens régionaux et internationaux.

Didier REYNDERS

On note que même si la Belgique rejette par principe un nouveau mandat de Nkurunziza, elle a ouvert une brèche à travers la déclaration du ministre Didier REYNDERS qui estime qu’il faut plutôt des législatives transparentes et une percée de l’opposition pour servir de contre poids à la machine DD. La Belgique reconnaît implicitement que les manifestations prônées par les activistes ne peuvent pas obtenir le départ de Nkurunziza mais qu’il faut relancer l’action des opposants. Le conflit né de la contestation du choix fait par le parti CNDD-FDD et du verdict de la cour constitutionnelle pourrait trouver une solution qui réaffirme les politiciens burundais dans leur rôle et relègue les activistes dans l’antichambre des chicanes politiques. Meme à Arusha, les activistes n’étaient pas signataires de quoi que ce soit! Ce qui risque de provoquer une prise de conscience des opposants et une redéfinition des rôles et cadres de lutte. Car les activistes vendent les rapports, les interventions dans les médias ou ateliers tandis que les politiciens doivent séduire les électeurs et gagner les suffrages pour imposer le changement des régimes. La démocratie gagnera. Espérons que la haute délégation de l’EAC qui sejourne dans la capitale saisisse tous les aspects et non dits d’une crise où tout aura été tenté pour enterrer le verdict souverain du peuple burundais.

Editeurs B-24