Le sommet tant attendu vient de se terminer à Dar es salaam. Contrairement à qui se racontait dans les médias étrangers et dans les milieux de l’opposition et des activistes au Burundi, seuls deux points étaient soumis concernant le Burundi: la candidature de Nkurunziza et le report des élections. Concernant le premier point, il a été écarté car sans objet. Les chefs d’Etat ont estimé que la question a été vidée par la cour constitutionnelle du Burundi. Selon un participant à la réunion, un chef d’Etat a confié: » Nous devons respecter les institutions en place. S’il faut les changer ou les contredire, il faut passer par des voies légales. La cour constitutionnelle n’a pas été contestée quand elle a été mise en place. Comment contester ses décisions qui ne sont susceptibles d’aucun recours au Burundi? »
Ce même participant estime que les chefs d’Etat du Rwanda et d’Ouganda ont dû faire profil bas et savoir qu’ils sont dans le même panier que leurs homologues burundais! On note l’absence très remarquée du président rwandais et de son ministre des affaires étrangères. Le Rwanda était représenté par Valentine Rugwabiza, ministre des affaires de l’EAC. L’autre grand absent est Pierre Nkurunziza. Le Burundi était représenté par le nouveau Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération, Alain Aimé Nyamitwe et madame Leontine Nzeyimana, ministre des affaires de l’EAC.
Le sommet a connu la participation du président Jacob Zuma, de la présidente de la commission de l’Union Africaine, de l’envoyé spécial de l’ONU dans la région des Grands, Djinnit. Le président angolais avait été annoncé mais n’est pas venu. Il a été représenté par son ministre des affaires étrangères. Les USA, l’Europe et l’EAC étaient représentés. Le sommet s’est réuni à huis clos pendant presque une heure pour analyser les propositions du conseil des ministres de la veille. Il a recommandé le report des élections pour un mois et demi mais en veillant à ce que les nouvelles institutions soient en place au 26 août 2015. Il a condamné toutes les violences et a appelé à l’arrêt de ces violences pour des campagnes électorales apaisées.
Djinnit de l’ONU a expliqué aux chefs d’Etat que beaucoup de points de négociations entre le gouvernement et ses détracteurs étaient en voie de trouver un compromis. Il a parlé de l’arrêt des manifestations violentes, de la levée des mandats d’arrêt lancés contre certains activistes de la société civile et certains opposants, de la réouverture des médias détruits ou fermés. La Belgique a promis de financer les équipements des médias détruits (mais financement qui sera autorisé si pas de discrimination envers la radio TV REMA)!
Avec ce sommet, les points d’achoppement du dialogue de Bujumbura viennent d’être tranchés. L’opposition est appelée à s’engager dans la course aux suffrages. Les activistes doivent renoncer aux manifestations. On peut donc espérer que l’Union Africaine et l’union européenne reviennent sur leur décision et envoient des observateurs. Reste à savoir ce que le président Nkurunziza va faire de la demande de report des élections. En tant que membre à part entière de l’EAC, le Burundi est tenu d’appliquer les décisions d’un sommet. L’EAC comprend le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya. C’est la Tanzanie qui assure la présidence tournante. Elle est présentée comme très proche de Nkurunziza. Pour le persuader?
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