Confronté à une motion de méfiance et constatant que son « appel » n’avait pas été « entendu », Charles Michel s’est rendu ce mardi soir chez le Roi pour présenter la démission de son gouvernement. Après avoir reçu le Premier ministre pendant une demi-heure, le Roi a annoncé qu’il tenait « sa décision en suspens ».
Motion de méfiance
Si le Premier ministre a fait des ouvertures sur certains sujets, les engagements ont semblé beaucoup trop vagues à l’opposition. Les socialistes s’apprêtaient à annoncer le dépôt d’une motion de méfiance, cosignée par les Verts, afin de donner 48 heures à M. Michel pour préciser ses intentions.
Démission dans la foulée
Ils n’en ont toutefois pas eu le temps. A la reprise de la séance plénière, peu avant 20h, le Premier ministre a demandé la parole et annoncé qu’il se rendait chez le Roi pour lui présenter la démission de son gouvernement. « J’ai exprimé cet appel avec une profonde sincérité et une profonde conviction dans l’intérêt des citoyens. Je constate que cet appel n’a pas convaincu, n’a pas été entendu, à ce stade en tout cas », a-t-il déclaré.
Réaction
L’appel du Premier ministre faisait également grincer des dents dans la coalition orange-bleu. La présidente de l’Open Vld a rappelé sur twitter le souci des libéraux d’achever le travail entrepris par l’ex-majorité suédoise, notamment à propos du budget et du jobsdeal.
Nouvelle plénière ce jeudi
La Chambre a levé mardi vers 20h40 sa séance après que le Premier ministre est allé présenter sa démission au Roi. Une conférence des présidents s’est réunie dans l’intervalle. Mercredi à 14h15, la commission des Finances examinera la loi de finances qui autorise le gouvernement à recourir aux douzièmes provisoires pour assurer la gestion courante de l’Etat. Une nouvelle séance plénière aura lieu jeudi après-midi, qui devra entre autres choses approuver la loi de finances.
« Coalition de bonne volonté »
Le Premier ministre, Charles Michel, a appelé mardi le parlement à la constitution d’une « coalition de bonne volonté » en vue de gouverner le pays jusqu’aux élections du 26 mai. Il a fait comprendre qu’il pourrait renoncer à certains des projets du gouvernement mais il n’a pas demandé la confiance de la Chambre, comme une majorité de ses membres le lui avait pourtant demandé.
« Nous sommes confrontés à une situation exceptionnelle qui exige une réponse exceptionnelle », a expliqué M. Michel.
Gouvernement minoritaire
Selon sa formule, le gouvernement demeurerait minoritaire. Le travail législatif se déroulerait selon des propositions de loi et même les arrêtés royaux seraient soumis en deuxième lecture à la Chambre. Les projets de loi déjà déposés pourraient être retirés et amendés. Quant aux projets de loi futurs, ils seraient soumis à la prise en considération de la Chambre après un passage devant la conférence des présidents de l’assemblée.
« Feuille de route »
Le chef du gouvernement a proposé une « feuille de route » au parlement. Il a énuméré les thèmes sur lesquels il voulait travailler, s’adressant davantage à la gauche et au centre qu’à la droite.
Trois chantiers
Le premier chantier est le pouvoir d’achat. M. Michel a cité tour à tour le tax shift, l’enveloppe bien-être en vue de revaloriser les allocations sociales, l’accord interprofessionnel, le prix de l’énergie (M. Michel n’a pas exclu de diminuer la TVA, la cotisation fédérale prélevée sur l’énergie ou encore de travailler via des fonds), la réforme des pensions ou encore le marché du travail, le tout dans le respect de la concertation sociale.
Le deuxième chantier est la sécurité, notamment le statut des policiers et le recrutement d’effectifs supplémentaires.
Le troisième est le climat, à propos duquel la Chambre vient d’adopter une résolution en vue de renforcer les ambitions de la Belgique.
Le Premier ministre a également insisté sur les enjeux internationaux qui attendent la Belgique, à commencer par le Brexit.
Charles Michel lance un appel
« Je lance un appel concret à ce que l’on se mette le plus vite possible autour de la table, autour de ces quelques points qui ne sont pas à prendre ou à laisser », a déclaré M. Michel qui veut « constituer avec ceux qui le veulent une coalition de bonne volonté ».
Devant l’impossibilité de réunir une majorité pour soutenir le budget, le gouvernement demandera au parlement de lui accorder les douzièmes provisoires.
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