Les paradoxes du jeu politique de l’opposition au Burundi. Par Hassan Ngendakumana
Il paraît qu’il est très difficile pour les étrangers et surtout les occidentaux de bien comprendre le jeu politique de l’opposition burundaise. Il est tellement complexe qu’il faut un maximum de recule et d’analyse historique approfondie pour bien comprendre ses paradoxes et par là, juger de sa fiabilité ou crédibilité. S’il est vrai qu’on dit souvent que ceux qui ne changent pas d’avis sont stupides, il est aussi vrai que par insanité, on change d’opinion. Depuis l’an 2000, on observe au Burundi des paradoxes dans le jeu politique de l’opposition que nous voudrions partager avec nos lecteurs.
Premier paradoxe :
Lors des négociations des accords de paix d’Arusha, le parti Uprona, leader du groupe G10, avait des doutes, il était retissant, il eut fallu une grande pression de la sous région pour que l’Uprona et son groupe acceptent de signer ces accords jusqu’à y mettre des réserves. De même, ce parti et son groupe s’étaient catégoriquement et farouchement opposés à la constitution post transition à tel point que le vice président de la république Alphonse Marie Kadege a dû être limogé. Actuellement l’Uprona crie haut et fort : « Ne touchez pas aux accords d’Arusha, ne touchez pas à ma constitution post transition SVP !!! ». Quel virage de 180°!!!
Deuxième paradoxe :
Pendant la campagne électorale de 2005, pour disqualifier le CNDD FDD, le parti Sahwanya FRODEBU propageait des rumeurs et des tracs dans l’électorat hutu, disant que le CNDD-FDD est à majorité tutsi, que le CNDD-FDD a des liaisons ioniques avec le FPR-Inkotanyi du Rwanda etc… Ce comportement du FRODEBU corroborait avec les déclarations du PA AMASEKANYA comme quoi le FRODEBU est un parti des génocidaires et anti tutsi. Actuellement le FRODEBU crie haut et fort que les tutsi sont en danger et se comporte « imparfaitement » comme un partenaire privilégié de PA AMASEKANYA. Ouah, on croirait que Léonce Ngendakumana et Diomède Rutamucero sont sur les mêmes longueurs d’ondes !!!
Troisième paradoxe :
S’adressant à une foule des bagumyabanga au stade Prince Louis Rwagasore, Hussein Radjabu alors président du parti de l’aigle a dit « gahanga, uzokwicwa n’akarimi kawe !! ». C’était une sorte de menace et de mise en garde à l’encontre de la radio RPA et à son patron Alexis Sinduhije suite à sa campagne médiatique anti Radjabu où Sinduhije avait juré de le faire tomber coûte que coûte. Chose promise, chose faite, Radjabu est maintenant moine dans un grand monastère de Musaga (prison centrale de Mpimba). Actuellement, C’est curieux d’entendre Sinduhije crier haut et fort que l’emprisonnement de Radjabu, injuste et non fondé, caractérise et prouve les harcèlements des opposants politiques au Burundi. Quel changement d’opinion !!!
Quatrième paradoxe :
Certains politiciens de l’opposition burundaise sont mentionnés dans le rapport S/2011/738 du Groupe d’Experts du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) rendu public le 2 décembre 2011, qui a révélé leur implication directe dans des manœuvres visant à déstabiliser le Burundi et la sous-région. Sans surprise, ces politiciens incriminés ont réfuté le contenu de ce rapport jusqu’à déclarer que ces experts étaient corrompus par le service national de renseignement burundais. Actuellement, ces mêmes politiciens crient haut et fort en confirmant que le contenu du câble du BNUB sur la distribution d’armes et le génocide en préparation est exact. Cela illustre que tant que le rapport envoyé à New York vise le pouvoir de Bujumbura, ces politiciens montent au créneau pour brailler « n’abambwe, n’abambwe » (qu’il soit crucifié, qu’il soit crucifié). Mais si le rapport de l’ONU épingle ces politiciens, ils vitupèrent contre son contenu en tonnant « il est faux et archifaux. » Quel paradoxe !!! Tant qu’on y est, juste une question, entre le rapport S/2011/738 du Groupe d’Experts du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies et le câble du BNUB, lequel est plus fiable ?
Par Hassan Ngendakumana