« Il n’y aura pas de guerre ni de génocide » au Burundi, a affirmé samedi à l’AFP la présidence du pays, avant l’expiration d’un ultimatum lancé à ses opposants pour qu’ils déposent les armes.
La présidence du Burundi, jusqu’ici silencieuse, s’exprimait alors que la communauté internationale redoute que les propos menaçants du camp présidentiel ne déclenchent des violences de masse.
« Nous somme sûrs qu’il n’y aura pas de guerre ni de génocide au Burundi, on ne permettra pas que ce pays retombe dans ses vieux démons », a assuré Willy Nyamitwe, conseiller principal présidentiel en communication.
« Il y a aujourd’hui une manipulation de la communauté internationale car celle-ci est tombée dans le piège d’une opposition qui a toujours chanté +génocide+ et qui a propagé des traductions erronées de certains propos de responsables burundais », a-t-il dit.
Fin octobre, le président du Sénat Révérien Ndikuriyo avait menacé de « pulvériser les quartiers » contestataires de Bujumbura, utilisant au passage le terme « travailler », qui renvoie au génocide de 1994 au Rwanda voisin, qui fit 800.000 morts en trois mois, et où des miliciens hutu partant massacrer des Tutsi étaient encouragés à bien « travailler ».
Le ministre de la Sécurité publique, Alain-Guillaume Bunyoni, véritable numéro 2 du régime, a rappelé cette semaine aux habitants des quartiers contestataires, surtout tutsi, qu’ils étaient minoritaires face à la masse paysanne hutu favorable au président Nkurunziza.
« Si les forces de l’ordre échouaient, on a neuf millions de citoyens à qui il suffit de dire: +faites quelque chose+ », a-t-il lancé. « En quelques minutes, ils seraient ici! Qui parmi ceux qui ne rentrent pas dans le rang survivrait dans ce cas? ».
« Il peut arriver qu’un propos puisse avoir plusieurs sens, selon les intérêts des uns et des autres et dans ces cas, ils ont été interprétés exprès dans le sens négatif », a réagi M. Nyamitwe.
Pour Nyamitwe, « le Burundi fait face à des actes de terrorisme, comme avec les shebab en Somalie ».
« C’est étonnant de voir qu’un gouvernement qui veut mettre fin au terrorisme est critiqué au lieu d’être encouragé », s’est exclamé le responsable de la communication présidentielle, accusant l’opposition d’être « responsable » de tous les crimes commis dans les quartiers contestataires de Bujumbura.
« Ce sont ceux qui veulent imposer des négociations pour entrer dans les institutions élues sans avoir à passer par les élections qui sont responsables de ces assassinats ciblés odieux qu’on voit à Bujumbura », a-t-il insisté, réfutant les accusations des ONG et les témoignages des habitants sur la responsabilité des forces de l’ordre.
La candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat, contraire, selon les opposants burundais et Washington, à la Constitution et à l’accord d’Arusha ayant mis fin à la guerre civile, a plongé le Burundi dans une grave crise.
La répression de manifestations et la réélection en juillet de M. Nkurunziza n’ont pas empêché l’intensification des violences, désormais armées.
Lundi, le président a lancé un « dernier ultimatum », donnant à ses opposants jusqu’à samedi soir pour « déposer les armes » en échange d’une amnistie, après quoi la police pourrait « user de tous les moyens et techniques apprises ».
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