20 ans après sa première élection au poste du président, Vladimir Poutine a évoqué, lors d’une conférence de presse annuelle, la fin de son mandat. L’occasion aussi pour le chef de l’Etat de dresser un bilan de son service au plus haut poste du pays. D’habitude évasif sur cette question, le chef de l’Etat russe a été interrogé sur une réforme de la Constitution, et notamment l’interdiction d’exercer plus de «deux mandats consécutifs». Elu pour un quatrième mandat en mars 2018, Vladimir Poutine a évoqué son départ du Kremlin lors de la conférence de presse annuelle le 19 décembre. En effet, la réforme constitutionnelle russe de 2008 a allongé le mandat présidentiel à six ans au lieu de quatre, mais a également introduit la notion de l’enchaînement de deux mandats.
C’est cette réforme qui a permis à Vladimir Poutine, élu président russe pour la première fois en 2000, d’effectuer au total quatre mandats présidentiels interrompus par 4 ans au poste du Premier ministre quand Dmitri Medvedev était alors le maître du Kremlin. «Ce qu’on pourrait faire concernant ces mandats, c’est supprimer le qualificatif consécutifs s’agissant de la fonction présidentielle», a-t-il commenté. Si ce terme devait être supprimé de la Constitution, cela exclurait tout retour de Vladimir Poutine au Kremlin après 2024, lorsque son actuel second mandat consécutif expirera.
Cela veut dire également qu’aucun président russe après Vladimir Poutine ne pourra faire plus que deux mandats présidentiels au total. «On a deux mandat successifs, votre fidèle serviteur fait ses deux mandats, puis quitte la fonction, puis il a le droit de revenir à la fonction de président car il ne s’agit plus de deux mandats successifs», a expliqué le chef de l’Etat.
Ce genre d’alternance «dérange certains politologues, acteurs de la société», a-t-il remarqué, à l’occasion de sa 15e grande conférence de presse, à laquelle quelque 1 800 journalistes ont assisté. Pour la rédactrice en chef monde de RT, Margarita Simonian, les propos de Vladimir Poutine signifient qu’il a décidé de quitter la présidence. «Si quelqu’un se demande si le chef fera un nouveau mandat présidentiel. Il ne le fera pas», a-t-elle écrit sur Twitter.
Qui pour succéder à Vladimir Poutine ?
Depuis sa dernière réélection en 2018, les conjectures vont bon train quant à ses intentions au-delà de 2024. Certains lui prêtent l’intention de garder le pouvoir via de nouvelles fonctions qui restent à définir, d’autres de redevenir provisoirement Premier ministre. Vladimir Poutine n’a, en tout cas, jamais mis en avant de successeur potentiel et le Kremlin avait, jusqu’ici, jugé prématuré d’évoquer la question. La conférence de presse de cette fin d’année fut, en conséquence, l’occasion pour les journalistes d’interroger le président sur le sujet. Mais comme à son habitude, Vladimir Poutine a préféré répondre par un trait d’humour. A la question d’un journaliste sur les éventuels candidats pour la présidentielle, Vladimir Poutine a répondu : «Vous pourriez être un des candidats. Bien sûr ! Pourquoi pas ?»
Dans le même temps, le chef de l’Etat russe n’a pas exclu qu’une femme puisse occuper le plus haut poste du pays. «Du point de vue de la gouvernance, du point de vue de la responsabilité devant le pays et les citoyens, les exigences ne différeront pas en fonction du genre», a estimé le dirigeant russe. Parmi ces exigences, il a mentionné la compétence et la décence. «Les femmes, néanmoins, apportent dans la politique une touche féminine, moins d’agression. Il me semble qu’il y aura une demande [pour ces qualités]», a analysé le chef de l’Etat.
Bilan de la présidence
20 ans après son arrivée au pouvoir Vladimir Poutine a également été appelé par les journalistes à dresser un bilan de sa présidence.
Tout en regrettant que la pauvreté, «l’un des plus grave problèmes» selon le président, n’ait pas été entièrement éradiquée, Vladimir Poutine a déclaré qu’en vingt ans, la Russie a fait un progrès considérable. «En général, si nous regardons notre pays au début des années 2000 et notre pays maintenant, ce sont presque deux pays différents», a fait remarquer le maître du Kremlin.
Lire aussi Beslan, vivre pour les disparus Interrogé concernant les événements qui ont le plus marqué sa présidence, Vladimir Poutine a déclaré : «Les événements les plus durs [lors de ma présidence] ce sont bien sûr les grands attentats. C’est Beslan, [je] n’oublierai jamais. C’est l’attentat du théâtre Doubrovka.» Les deux attentats, mentionnés par Vladimir Poutine, ont frappé la Russie au début de sa présidence, et ont été parmi les plus meurtriers de l’histoire moderne du pays. Le jour de la rentrée scolaire à l’école de Beslan (en Ossétie du Nord), en 2004, 32 terroristes avaient pris en otages plus de 1 000 personnes (dont 800 enfants). A l’arrivée, près de 200 enfants ont péri lors du siège de cette école qui a duré trois jours. La prise d’otages au théâtre Doubrovka à Moscou est, quant à elle, survenue en 2002 et a coûté la vie de 128 personnes tout en faisant 646 blessés.
A la question de savoir si Vladimir Poutine se considérait déjà comme une personnalité historique, le chef de l’Etat s’est montré modeste : «C’est aux futures générations de le dire… Pour nous les contemporains de l’époque et pour moi, à titre personnel, ce n’est pas une question à laquelle je devrais répondre.», a déclaré le président russe.
RT France