La nouvelle est relayée par plusieurs grands médias de l’Occident: RFI, Voix d’Amérique, Le monde, France 24 etc. Il est rapporté que Hugo Haramategeko, président du parti « Nouvelle Alliance pour le Développement » (NADEBU en sigle), aurait été arrêté chez lui très tôt ce matin (aux environs de six heures du matin, heure de Bujumbura, d’après le journal Le monde). Et pour rendre la nouvelle très alarmante, ces médias titrent: « Arrestation de l’un des derniers leaders de l’opposition présents encore au Burundi »! D’un coup, le politicien est propulsé au rang de grand opposant au régime de Bujumbura!

Et ces médias occidentaux, toujours hostiles au chef de l’Etat du Burundi, de souligner que le parti de Hugo Haramategeko avait appelé à manifester contre le troisième mandat! Mais alors, avec combien de militants dans le pays ou dans la capitale? Bien des Burundais sont indignés en lisant les écrits élogieux des Occidentaux sur ces prétendus héros qui ont manifesté contre la candidature du président Nkurunziza! On se souvient que ces mêmes médias ne tarissaient pas d’éloges à l’endroit du général Godefroid Niyombare aux premières heures du putsch du 13 mai 2015! Ils n’ont jamais condamné le coup d’Etat militaire. Parce qu’ils tablaient sur une « révolution du balai » comme au Burkina Faso qui n’a pas marché et que le putsch était également leur oeuvre, du moins de certaines puissances! Autrement dit, Hugo Haramategeko est un pion de ces mêmes Occidentaux!

N’allez pas croire que nous nous réjouissons de l’arrestation d’un citoyen burundais. Tout sauf ça. Nous demandons avec insistance que les autorités policières et politiques du Burundi fassent rapidement la lumière sur ce cas. Qu’est-ce qui lui est reproché?Pourquoi lui offrir ce tremplin pour une visibilité internationale? A moins que l’arrestation ait été inévitable. Ce remous serait alors de la diversion pour brouiller les pistes et mobiliser l’opinion internationale comme ce fut le cas avec le fameux mandat où le président Nkurunziza fut diabolisé tandis que les fauteurs de troubles, fossoyeurs de la démocratie, étaient encensés!

Hugo Haramategeko, un politicien inconnu est poursuivi par la justice et les Occidentaux disent qu’il s’agit de la traque aux opposants! Est-il devenu, si spontanément un redoutable opposant à abattre? Or, ce n’est qu’un secret de rue au Burundi, ce Hugo Haramategeko ne représente presque rien dans le landerneau politique du Burundi. Son parti politique compterait probablement autant de militants que les membres de la famille biologique de l’intéressé! S’il s’agissait de chasse aux opposants, il est clair que le gouvernement se serait intéressé plutôt à Léonce Ngendakumana du FRODEBU (ADC-IKIBIRI) ou Charles Nditije (aile dissidente de l’UPRONA). Ces deux opposants se trouvent à Bujumbura, s’expriment librement et rencontrent qui ils veulent au Burundi ou à l’étranger. Hugo Haramategeko pourrait au contraire avoir de sérieux problèmes par rapport aux services qu’il était en train de rendre aux ennemis de la démocratie burundaise! Il est permis de déduire cette évidence de la panique qui gagne les Occidentaux! Les autorités burundaises ont intérêt à rendre publiques les accusations portées contre ce citoyen ou se serviteur des néocolonialistes.

Mais alors pourquoi tant d’agitations autour de ce Hugo Haramategeko? L’on nous dit qu’il avait appelé à manifester contre le mandat! Et pourtant il est resté tout ce temps dans son quartier sans être inquiété! Pourquoi cette arrestation maintenant? Et s’il y avait plutôt des faits et actes gravissimes qui lui seraient imputables et que le tollé médiatique chercherait à cacher? Hugo Haramategeko est resté à Mutakura et probablement en train d’encadrer les insurgés! Et comme de plus en plus de ces jeunes hier désabusés reviennent à la raison et font des aveux, il est fort probable que Hugo Haramategeko n’ait pas été un enfant de choeur dans les troubles qui ont secoué son quartier! En le présentant comme un grand opposant au régime de Bujumbura, cela suscite plus des interrogations que des préoccupations!

Ce n’est pas le moment de spéculer car une vie est apparemment en danger: nous plaidons, mutatis mutandis, pour le respect de la vie et de la dignité de ce Burundais, afin qu’il ait droit à un procès équitable, le cas échéant. Nous le disons par rapport à ce qui est raconté que les droits de l’homme ne sont pas beaucoup respectés! Et cela a été accrédité même quand les putschistes qui ont tenté de renverser les institutions élues dans des bains de sang, même quand les insurgés arrêtés en lançant des grenades sur de innocents, sont simplement mis en prison en attendant des procès! Disons qu’au nom de la présomption d’innocence qui est un grand principe du droit, nous plaidons pour que ce qui est reproché à Hugo Haragametegeko soit révélé.Tout en désapprouvant la manipulation autour de cette arrestation qui pourrait se révèler régulière, nous encourageons à éviter des conclusions hâtives dans ce genre d’affaires.Dossier à suivre.

Paul Sorongo