Dans son dernier article « Rwanda Burundi: rivaux et indissociables », le Prof. Guichaoua fait remonter les tensions entre le Burundi et le Rwanda à 2013, quand le M23 est écrasé à l’Est du Congo. C’est Kagame qui ouvre les hostilités, parce que ne pouvant plus s’élargir vers l’ouest comme il en avait toujours rêvé, il tente la direction Sud. En effet, pendant ces dernières années Kabila a réorganisé l’armée, de telle sorte les conquêtes éclair comme celles de 1996 ne sont plus possibles. En plus, le peuple congolais de l’est a créé des guerrillas d’autodéfense, qui ne laissent pas passer facilement une armée d’invasion. Kagame s’est retrouvé encerclé, par la RDC, la Tanzanie (qui a défait le M23), et le Burundi qui a un système politique d’intégration ethnique.

La tentative de percée vers le sud est dictée par la conviction de Kagame que le Burundi a peur de lui. Ceux qui habitent près de la frontière ont assisté plusieurs fois aux débordements d’éléments de l’armée rwandaise qui entraient au Burundi, soit disant pour traquer les rebelles, et qui y restaient plusieurs jours, campés au Burundi (Kabarore). Kagame a aussi tenté de susciter des querelles de frontière, cherchant la confrontation, mais les burundais ont toujours répondu sagement, en confiant ce problème à des commissions d’études.

Kagame a donc entrepris depuis 2013 une oeuvre de destructuration du Burundi, pour le faire ressembler au Rwanda. Car le système politique burundais, basé sur un partage de pouvoir entre les hutu, les Tutsi et les Twa, est non seulement solide, mais il est de loin en avance sur la dictature monethnique tutsi rwandaise. Kagame a peur que les Burundais n’influencent la masse rwandaise opprimée, pour qu’elle réclame la démocratie. Le système de Kagame est schyzophrène, et boitant. En effet, Kagame (comme Bagaza en son temps) a interdit de parler d’ethnies, pour favoriser, dit-il, la citoyenneté rwandaise (« ndumuryarwanda »), mais en même temps, la campagne de « génocide contre les tutsi » a continué de plus belle. Ce qui en définitive porte à la conclusion que seules les ethnies Hutu et Twa, n’ont pas le droit d’être citées au Rwanda. Kagame leur a enlevé l’existence politique; effacées!

Kagame dès lors voudrait un Burundi semblable, où les Hutu et les Twa disparaitraient des radars, pour laisser tout l’espace aux tutsi. C’est cela le motif de ses menaces proférées contre le Burundi déjà en 2013: »S’il y a génocide contre les tutsi, j’interviendrai ». Toutefois, le système burundais étant bien solide, Kagame et ses commissionnaires (principalement Tutsi rwandais grandis au Burundi: Muhozi, Gakunzi, etc.) ont entrepris une campagne médiatique de déstabilisation, pour faire accepter un génocide inexisant et impossible, qui justifierait son intervention. C’est la raison de la campagne actuelle, télécommandée de l’extérieur, dernier recours après les échecs des attaques armées et du coup d’Etat de mai 2015. Les propagandistes antiBurundi ont un point commun: ils veulent faire lire l’hisoire du Burundi à travers le drame rwandais. Il n’y a qu’un pas quant à dire dans un proche avenir que le Burundi est le Rwanda.

En conclusion, Kagame veut-il annexer le Burundi, faute d’avoir eu le Kivu ?

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