C’est dans un communiqué de presse du 17 août 2020 que Physicians for Human Rights (PHR) alarme sur le caractère urgent de la situation préoccupante du Dr Mukwege.
« Médecins pour les droits de l’homme (PHR) appelle de toute urgence à une action immédiate pour protéger le médecin, les membres de sa famille, ses patients et le travail vital du personnel de l’hôpital de Panzi », signale PHR.
Cet appel fait suite à une campagne « d’intimidation alarmante », en ligne et hors ligne, contre le Dr Mukwege.
« Le général James Kabarebe, ancien ministre de la Défense du Rwanda et conseiller de longue date en matière de sécurité du président rwandais Paul Kagame, a dénoncé le Dr Mukwege à la télévision d’Etat rwandaise. Le Dr Mukwege et sa famille sont devenus la cible d’attaques sur les réseaux sociaux et ont reçu des menaces de mort sur son téléphone portable par SMS », peut-on lire.
Et d’indiquer :
« Les efforts d’intimidation semblent répondre à la condamnation par le Dr Mukwege d’une vague de meurtres récents par des groupes armés locaux dans les provinces du Sud-Kivu et de l’Ituri en RDC, et en réaction aux appels constants du Dr Mukwege pour la mise en œuvre des recommandations de longue date, d’un rapport de cartographie des Nations Unies sur les violations les plus graves des droits de l’homme en RDC entre 1993 et 2003 ».
Il s’agit notamment, selon le communiqué, d’enquêtes et de poursuites pour atrocités qui ont coûté la vie à des millions de personnes dans la région et ont inclus les violences sexuelles de masse qui ont causé des milliers de les femmes et les filles à rechercher et à recevoir un traitement auprès du Dr Mukwege et de ses collègues de l’hôpital de Panzi.
« Physicians for Human Rights considère que les menaces contre le Dr Mukwege et sa famille sont sérieuses et inquiétantes étant donné son rôle prépondérant dans le soutien des droits humains et de la justice, y compris les réparations, dans toute la région », indique le PHR.
Cela comprend, poursuit-il, sa connaissance de première main des atrocités en tant que médecin qui a traité des milliers de survivants qui ont subi des blessures graves causées par des décennies de violence politique dans l’est de la RDC.
« Ses appels constants en faveur de la fin de l’impunité pour les crimes internationaux dans la région des Grands Lacs préoccupent sans aucun doute de nombreux acteurs puissants qui préfèrent nier ou échapper à la responsabilité pour la longue et douloureuse histoire de crimes contre l’humanité qui n’ont toujours pas été pris en compte dans ces terres riches en minéraux où le pillage, le viol et le meurtre ont laissé des millions de personnes appauvries et en insécurité », témoigne cette organisation de défense basée à New York.
Et de continuer :
« PHR appelle les Nations Unies, par le biais de ses forces de maintien de la paix, la MONUSCO, à assurer la protection continue du Dr Mukwege et à renforcer la sécurité du personnel de l’hôpital Panzi à Bukavu, en RDC ».
C’est pour cela que le PHR exhorte le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à défendre publiquement son rôle dans l’enquête et la cartographie des atrocités commises en RDC qui n’ont toujours pas abouti à une responsabilisation significative, et à soutenir des processus de justice transitionnelle efficaces en RDC.
« Et nous appelons tous les gouvernements à s’abstenir et à dénoncer les messages provocateurs qui nient les violations des droits humains et menacent la dignité et la sécurité des défenseurs des droits humains mondiaux respectés comme le Dr Mukwege », lit-on.
Et signifier :
« PHR continue de soutenir la fin de l’impunité en RDC pour les crimes internationaux de violence sexuelle, de pillage et de meurtre, et s’inquiète de la recrudescence de la violence dans de nombreux endroits du pays ».
Il sied de rappeler que ce n’est pas la première fois que Dr Denis Mukwege fasse l’objet d’une cible. En octobre 2012, il a été violemment agressé et sa famille a été détenue sous la menace d’une arme à domicile lors d’une tentative d’assassinat et ce, à cause de son travail et plaidoyer.
Celui-ci avait dénoncé le conflit qui dure depuis 16 ans dans le pays et avait appelé à ce que les responsables soient traduits en justice lors d’un discours aux Nations Unies.
Hervé Pedro