source:ikiriho.org
Après les déclarations du Mkapa soulignant la légitimité du pouvoir issu des élections de 2015 et l’urgence de préparer les élections de 2020, l’opposition radicale réunie autour du CNARED cherche tous les moyens de discréditer l’ancien président tanzanien. Dernière trouvaille: le facilitateur serait un corrompu qui veut se faire des sous.

La colère de l’opposition radicale contre le facilitateur n’est pas prête de retomber. Après avoir souligné que ceux qui remettent en cause la légitimité du président Nkurunziza sont “hors de leur esprit”, indiqué que son souci est de parvenir à un accord en juin 2017 qui prépare les élections de 2020 et non discuter avec les putschistes en exil, Mkapa est devenu la peste pour l’opposition radicale.

Cette dernière lui a réservé un cadeau de Noël particulièrement épicé: “Alors qu’il gagnait 8000 $ par mois, il a exigé une augmentation jusqu’à 1500 $ américain par jour mais la demande a été rejetée” répètent en boucle les communicateurs du CNARED.

Consternation à Arusha face à la violence de la diffamation. En effet, c’est l’EAC qui a couvert et couvre tous les frais liés aux sessions et voyages de la facilitation conduites par Mkapa, son équipe et les conseillers nommés par les présidents tanzanien, ougandais et kényan: “Mkapa et toute l’équipe reçoivent de l’EAC les frais de mission habituels donnés aux employés de l’EAC, c’est à dire de 250 $ à 450 $ par grade. C’est tout”, indique-t-on au Secrétariat de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est. “Ils n’ont reçu aucun salaire mensuel”.

Cela date de longtemps…

Pour des analystes à Arusha, l’attaque contre Mkapa pour ce qu’il a dit est risible: “L’EAC, l’Union Africaine et l’ONU ont reconnu le gouvernement de Nkurunziza depuis longtemps. Quand Mkapa dit ce qui est déjà mondialement reconnu quel est son tort? Comment cette opposition va-t-elle attaquer le monde entier ?”

Pour un des diplomates de la région qui secondent Mkapa, “cette attitude d’une partie de l’opposition politique en 2015 était présente dès les années 1990, avec les négociations qui allaient conduire aux Accords d’Arusha. Elle consiste pour une minorité politique burundais à estimer que le Burundi et le monde entier doit penser comme eux, ce qui est une grave erreur de jugement et une méconnaissance de la région”.

Qui est Matthew Russell Lee ?

Se disant journaliste “couvrant au quotidien le travail des Nations Unies, du Conseil de Sécurité, du FMI et des banques qui se comportent mal”, Matthew Russell Lee est derrière l’agence “Inner City Press” (@innercitypress) qui a lancé l’attaque contre le facilitateur Mkapa.
A la recherche de gloire médiatique, Matthew Russell Lee s’est illustré depuis avril 2015 en reprenant les thèses et informations de l’opposition radicale. Ses principales sources incluent notamment le compte Twitter @iburundi, Pacifique Nininahazwe, et son frère Thierry Uwamahoro, qui réside à Washington.

La charge contre Mkapa de la part de l’opposition radicale montre aussi les limites de cette dernière en termes de pression diplomatique pour le changement du facilitateur. Alors que le CNARED milite depuis longtemps pour une facilitation onusienne, les blocs régionaux (CIRGL, EAC), l’Union Africaine et le Conseil de Sécurité font toujours confiance au tandem Museveni-Mkapa.

Finalement, l’intransigeance du CNARED sur la légitimité de Nkurunziza risque de faire imploser la coalition, à l’image de l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya qui est rentré au Burundi après des mois d’exil au Rwanda, puis en Belgique: “D’autres membres du CNARED vont aussi rentrer”, précisent des sources à Bruxelles.

by Axelle Kakunze