Le 16 février 2017, la médiation au dialogue interburundais prévoit organiser une autre séance de dialogue à Arusha en Tanzanie. Sur ce, le conseiller principal chargé de la communication à la présidence de la République, Willy Nyamitwe, a accordé une interview aux médias au cours de laquelle les journalistes ont cherché à savoir si le gouvernement est invité et s’il va répondre à l‘invitation. Ils ont également voulu savoir si la division au sein du Cnared ne sera pas un handicap à l’aboutissement de ce dialogue aux résultats escomptés. Voici l’intégralité de cette interview.
nya.jpg
Question (Q.) : Le médiateur au dialogue interburundais prévoit organiser ce dialogue interburundais en date du 16 février 2017. Est-ce que le gouvernement Burundais a reçu cette invitation ? Si oui, est-il prêt à y répondre ?

Willy Nyamitwe (W.N.) : Le gouvernement du Burundi n’a pas besoin d’être invité au dialogue interburundais, parce que le modus operandi du gouvernement du Burundi trouve comme socle, le dialogue. C’est un processus qui est appuyé et soutenu par le gouvernement du Burundi, que ce soit le processus qui se déroule à l’intérieur du pays ou celui qui se déroule à l’extérieur du pays. Donc, le gouvernement du Burundi n’a pas besoin d’être convié à ce dialogue parce qu’il appuie, il supporte et il accompagne déjà ce processus.
Mais ceux qui sont invités, ce sont les différentes parties à ce processus comme des personnes qui appartiennent à des formations politiques, des acteurs politiques, des activistes de la société civile, des confessions religieuses, des personnes de la diaspora, etc. Ces gens sont invités par le facilitateur selon son cahier de charges.

Q : Les membres du Cnared sont aujourd’hui divisés par rapport à ce dialogue. Il y en a qui sont prêts à aller à Arusha et d’autres qui sont contre. Qu’en dites-vous au niveau du gouvernement?

W.N. : Le gouvernement n’a rien à dire à propos d’une coalition ou d’une organisation qui n’est pas reconnue par des lois de la république du Burundi. Que le Cnared se divise, ça fait quoi au gouvernement du Burundi ou au peuple burundais ? D’abord le Cnared, nous l’avons toujours dit, c’est un conglomérat d’intérêts sectaires. Quand des individus se liguent pour essayer de se battre pour leurs propres intérêts et non pas pour l’intérêt national, ils finissent toujours par se buter à un échec cuisant. On l’a vu en 2010 après les élections et l’échec cuisant, certaines personnes ont formé une coalition qu’ils appelaient l’ADC Ikibiri qui a fini par se détériorer et se détruire complètement.
Alors, que cette nouvelle plateforme ou coalition qui a été créée après les élections de 2015 disparaisse de l’échiquier politique burundais, c’était non seulement prévisible mais également c’était déjà une probabilité, puisque quand vous n’avez pas un même idéal politique, quand vous n’avez pas une même visée, quand vous n’avez pas les mêmes idéaux et la même idéologie, vous finissez toujours par vous séparer.
Donc, les Burundais ont un seul idéal, celui d’aller vers le développement de leur pays, de consolider leur unité et aussi de développer leur propre pays. Donc, ce que les Burundais ont choisi, c’est d’être solidaire pour bâtir leur paix et une paix durable. Ceux qui veulent détruire cette paix finissent toujours par échouer.

Q. : Parmi les points à l’agenda figure ce que certains appellent le gouvernement de transition et d’autres le gouvernement d’union nationale. Qu’en dites-vous ?

W.N. : Non seulement il n’y aura plus jamais de transition parce que nous avons embrassé le processus démocratique et tous les cinq ans nous devons avoir des élections et les gens sont appelés à respecter le choix du peuple, mais également le gouvernement qui existe actuellement est un gouvernement d’union nationale. L’union nationale veut dire que toutes les composantes sociologiques du Burundi se retrouvent au sein du gouvernement conformément à la Constitution de la république du Burundi. Si vous avez bien suivi, dans son discours d’investiture en 2015, le président de la République à bel et bien dit que si c’est nécessaire que l’article 129 soit amendé afin que ceux qui n’ont pas été aux élections puissent faire partie de l’équipe gouvernementale, cela sera fait. Alors, nous sommes dans un processus de dialogue et à l’issue de ce processus de dialogue interburundais, des contributions ou des suggestions de la population en vue de l’amendement de la Constitution seront prises en compte par une commission qui sera mise en place pour analyser quels articles qui seront amendés pour qu’après les élections de 2020, on puisse avoir un gouvernement qui inclura en son sein d’autres technocrates qui, peut-être n’appartiendront pas à des formations politiques. Mais ça, il faut attendre que la Constitution de la république du Burundi soit amendée.

Q. : Suite à cette division entre les membres du Cnared, au niveau du gouvernement, il n’y a pas d’inquiétude que ce dialogue ne pourra pas aboutir aux résultats escomptés?

W.N. : Nous avons un pays qui a une population qui avoisine les dix millions, une population qui essaye de se battre pour le développement de son propre pays et une population qui est engagée dans cette dynamique de paix et de cohésion sociale, je ne pense pas qu’une clique d’individus qui cherchent leurs intérêts sectaires peuvent supplanter à la volonté d’une population qui est dans une dynamique d’intérêt général. Donc, cette division du Cnared, une organisation qui n’est pas reconnue par les lois du pays, ne peut rien peser sur l’échiquier politique burundais.

Q. : Que dites-vous de ceux qui disent être prêts à entrer au gouvernement mais qui sont contre la révision de la Constitution et de l’Accord d’Arusha ? N’est ce pas une chose et son contraire ?

W.N. : Une chose est certaine. Il n’y a aucun pays au monde qui puisse avoir une Constitution inamovible. Plus les temps évoluent, plus les peuples aussi pensent à rectifier leur trajectoire. Et là, le peuple le fait à travers l’amendement de certains textes, y compris le texte constitutif. Alors, si le peuple décide de modifier la Constitution, aucune personne ne peut lui barrer la route. Si aussi certains individus pensent pouvoir revenir par la petite porte au gouvernement alors qu’ils ont été éjectés par le peuple burundais, cela également est impossible. Nous nous préparons aux élections de 2020 et, après ces élections, il y en aura d’autres en 2025, en 2030, etc. Aussi longtemps que nous aurons un cycle électoral de cinq ans, et bien les gens devront attendre que leur tour arrive et qu’ils parviennent à avoir un mandat populaire.

Source : Publication de Presse Burundaise