Aung San Suu Kyi, la cheffe de facto du gouvernement, a été arrêté. Même chose pour Win Myint, le président du pays. Selon un communiqué de l’armée, Min Aung Hlaing, le chef général de l’armée, concentre désormais les pouvoirs ‘législatif, administratif et judiciaire’. Un autre général, Myint Swe, a été désigné président par intérim, un poste largement honorifique.
Les soldats ont pris possession des rues de la capitale, Nay Pyi Taw, et de la ville principale, Rangoun.
Réactions internationales
Ce coup d’État militaire a été vivement critiqué par la communauté internationale.
‘Les États-Unis s’opposent à toute tentative de modifier le résultat des récentes élections ou d’entraver la transition démocratique du Myanmar, et prendront des mesures contre les responsables si ces mesures ne sont pas inversées’, a déclaré Jen Psaki, porte-parole du président américain Joe Biden.
‘Nous appelons les militaires à respecter l’état de droit, à résoudre les différends par des mécanismes légaux et à libérer immédiatement tous les dirigeants civils et autres personnes détenues illégalement’, a réagi la ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne.
L’arrestation d’Aung San Suu Kyi a également été ‘fermement condamnée’ par le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres. Une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Birmanie prévue de longue date pourrait prendre un caractère d’urgence et être avancée en début de semaine en raison des derniers développements, a indiqué à l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat.
L’armée birmane a proclamé l’état d’urgence pour un an. D’après elle, son putsch est nécessaire pour préserver la ‘stabilité’ de l’État.
Nouveau coup d’État
Depuis son indépendance, la Birmanie a déjà connu plusieurs autres coups d’État militaires: 1948, 1962, 1988. Ce dernier avait mené à une dictature militaire qui avait perduré jusqu’en 2011.
A l’époque, Aung San Suu Kyi était devenue le visage de l’opposition non-violente à cette dictature. Elle avait fondé la Ligue Nationale pour la Démocratie en 1988, un parti qu’elle préside toujours aujourd’hui.
La junte avait été dissoute en 2011, menant en 2015 à des élections générales. La LND les avait remportées. Mais elle avait été contrainte à un délicat partage du pouvoir avec l’armée qui contrôle trois ministères clés (l’Intérieur, la Défense et les Frontières).
Le parti d’Aung San Suu Kyi avait été très critiqué par la communauté internationale pour sa gestion de la crise des musulmans rohingyas, en 2017. Environ 750.000 d’entre eux avaient fui les exactions de l’armée pour se réfugier dans le Bangladesh voisin. Cet épisode avait valu à la Birmanie d’être accusée de ‘génocide’ devant la Cour internationale de Justice (CIJ), le principal organe judiciaire des Nations Unies.
Aung San Suu Kyi avait nié ‘toute intention génocidaire’ et était venue défendre son pays devant la Cour. Son manque de compassion avait été sévèrement critiqué. L’image de celle qui avait jusque là été considérée comme une icône de la démocratie en était ressortie largement ternie.