Fallait-il vraiment concocter l’ADC-Ikibiri dont la descendance fut le CNARED ? Quid du MAP?
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Pourquoi diable il fallut plus d’une fois créer un club de Politiciens loosers, imaginer un assemblage de personnalités Burundaises ayant tout raté ou tout perdu politiquement, tel un serpent qui se mord la queue, pour en arriver quelques années après l’errance, à la conclusion que ce n’était qu’un moment d’égarement, que vaut mieux tourner casaque et redevenir un citoyen honnête bénissant sa mère patrie.

S’agissait-il d’une béquille pour s’encourager devant tant d’échecs de parcours avec la peur du lendemain ? Un club pour se filer les bons tuyaux entre loosers pour se booster ? Pour se sentir considéré tout au moins par ceux qui partagent le même sort, se le dire et s’en convaincre entre soi qu’on est important.

Ce club va ratisser large : des Généraux en débandades, des Politiciens rêveurs et sans envergure, des membres de la « société civile » s’auto-baptisant être des « Sindumuja » et là on perd son latin, des individus de tout acabit et de tout gabarit, etc… pourvu que tous ensemble aient la même caractéristique d’avoir tout raté et sans espoir de se refaire pour se bâtit le salut au sein de ce club, il parait qu’il y a plus dans plusieurs têtes que dans une seule. Mais quoi exactement ?

Les thèmes pour se mobiliser sont toujours les mêmes, ils veulent aussi occuper le pouvoir après avoir chassé le Gouvernement en place de préférence par la force des armes et grâce à la prestance des personnalités qui composent le club notamment les supers frondeurs recrutés par les milieux des néocoloniaux. Du poids politique ils étaient censés en avoir et à revendre disait-on.

Occuper le pouvoir pour quoi faire ? C’était le moindre de leurs soucis, pourvu qu’on ait l’ivresse, du pouvoir cela s’entend. Alors ils prédisaient comme par magie, que les Burundais vivront mieux et heureux. Eux au pouvoir, plus besoin de travailler, plus besoin de construire, plus besoin de fournir un effort quel qu’il soit, tout viendra de soi, les caisses de l’Etat regorgeront de devises rien que ça et ils affirmaient que la population burundaise n’attend que leur délivrance. Ce monde de bisounours n’existait que dans leurs imaginations. Diriger un pays c’est plus sérieux que cela.

Les atermoiements des puissances occidentales par rapports aux agressions contre le territoire national en violation du droit international ne seront jamais compréhensibles. Toutefois, avec les résultats des processus électoraux surtout compte tenu du taux de participation de la population burundaise impressionnant aux scrutins, tout le monde a fini par se rendre compte qu’il s’était trompé sur la véritable détermination de la majorité des citoyens Burundais à bâtir un pays démocratiquement dirigé et leur envie de promouvoir la paix. C’est loin du rêve de violence et de guerre de ce club qui avait juré la perte du Burundi.

L’ADC-Ikibiri

L’alliance des Démocrates pour le Changement-ADC-IKIBIRI s’est formée au lendemain des élections communales de mai 2010, qu’elle a dénoncées comme un hold-up électoral. Elle a publié plusieurs prises de position, soit pour accréditer cette thèse, soit pour demander des négociations avec le pouvoir.

Ceux qui croyaient que l’ADC-IKIBIRI était une génération spontanée, un rejeton de la colère et de la frustration n’avaient raison qu’en apparence. En effet, au moment où le CNDD-FDD mettait en place son alliance avec certains petits partis, l’opposition menait elle aussi des consultations discrètes. Le député Léonard Nyangoma, à travers des conférences, en Europe et à Bujumbura, sensibilisait l’opinion sur les techniques les plus courantes et avérées de fraudes électorales, pratiquées en Afrique et dans le monde. Dans la foulée, il avait essayé d’amener les partis d’opposition à s’organiser pour réclamer hypocritement la mise en place des conditions d’élections transparentes, notamment le toilettage du code électoral et l’instauration du bulletin de vote unique.

Une fois la défaite consommée, la mise en place de l’Alliance fut rapide et radicale. Les 12 partis politiques qui la composaient publièrent une déclaration rejetant les élections communales et exigèrent leur reprise dans la transparence. Face au refus de la CENI et du pouvoir, ils décidèrent de se retirer de la compétition. Plusieurs documents imaginés pour la cause et correspondances, destinés à démontrer le caractère frauduleux du scrutin du 24 mai 2010 ou réclamant la démission de la CENI et de ses démembrements ont été rédigés et publiés. Parallèlement, des textes organisant la coalition ont été confectionnés. Avec le temps la coalition fut un feu de paille.

Le CNARED

Au-delà de ses incohérences et dès le départ, la direction du CNARED avait manifesté son incapacité à exercer librement son rôle en ce qui concernait notamment la mise en place des organes structurels rassurants et inclusifs susceptibles de lui donner la force et les capacités d’alimenter le soulèvement populaire ouvertement déclaré contre le soit disant « 3ème mandat ». Né aux environs du 25 Avril 2015.

S’appuyant sur la rencontre de Kampala, le leadership des Frondeurs avait mis sur table les structures préalablement établies au sein du groupe mentionné ci-haut que Mr Nyangoma avait avalisé sous pression. Quelques-uns parmi les Frondeurs en quête d’intérêts matériels, en pactisant avec le diable, estimaient que les postes les plus rayonnants devaient leur revenir ou tout au moins appartenir à leurs proches oubliant sciemment qu’ils avaient été en grande partie responsables et gestionnaires de la situation qu’ils disaient vouloir combattre.

Publiquement, le CNARED disait qu’il voulait le respect de l’Accord d’Arusha, l’Etat de droit, la transparence. Tous comptes faits, c’était une combinaison malhonnête d’une certaine Société Civile dite « Sindumuja » appuyée par les frondeurs et d’autres politiciens en quête d’aventures. Le CNARED avait préféré dans ses magouilles, multiplier le nombre des postes à responsabilité à pourvoir en son sein, sans pour autant mesurer l’effet qu’ils allaient produire sur le fonctionnement menant vers leurs ambitions politiques affichées.

Rien n’allait au CNARED, malgré le colmatage de la structure, en dépit du rafistolage en serrant les rangs, en y injectant du sang neuf et mêmes les incantations n’arrivaient pas à générer l’électrochoc suffisant pour garder le moribond en vie car la saignée était une véritable et fatale hémorragie.

Les financiers néo-colons qui voulaient coûte que coûte provoquer une révolution de couleur au Burundi afin d’installer à la tête de l’Etat des hommes de paille qui devaient obéir, au doigt et à l’œil du maître, ont fini dépités par dire leurs adieux à leurs suppôts du club des loosers, vu le constat qu’ils avaient dû faire, que le temps béni des colonies est bien loin, qu’il ne reviendra plus. Surtout après la tentative du coup d’Etat manqué du 15 mai 2015.

Le MAP

Après comme un rejeton, survint un mouvement pour des actions patriotiques (MAP) composé aussi d’anciens éléments du CNARED comme le transfuge professionnel, le professeur Ntibashirakandi Libérat qui avait déjà, toujours dans l’ombre, batifoler avec l’UPRONA, le FRODEBU, Survit Banguka, Le Palipehutu FNL, le CNARED et après le MAP ; pour demain attendons juste un peu car ça n’est pas fini. Personne n’a compris le discours ambigu prononcé par le Président en exercice du MAP lors de sa sortie officielle. A peine né on enregistrait déjà des défections en série et en cascade.

N’est pas homme de paille qui veut car il faut avoir les qualités requises notamment d’abord être extrêmement cupide avec un amour sans faille pour les biens mal-acquis, avoir le goût du lucre tout en sachant, qu’avoir un surcroît de capacité d’obéissance sans état d’âme et prêt à accomplir toute mission reçue fidèlement même s’il faut détruire son propre pays, est un atout majeur. C’est ainsi qu’on a assisté au mouvement insurrectionnel qui a occasionné beaucoup de dégâts humains et matériel en passant par les forces de l’ordre qui étaient prises pour cible. On déplore pour cette année-là 2015 plusieurs policiers tués, certains gravement blessés et d’autres traumatisés à vie.

Aujourd’hui, certains de ces égarés s’en retournent vers la mère patrie, elle a un grand cœur et des bras ouverts, ils seront toujours accueillis avec amour et allégresse car un enfant de la maison le reste quelles que soient les circonstances ou quels que soient ses égarements.

La désorientation qu’on observe dans le comportement irrationnel de beaucoup de nos compatriotes peut se concevoir comme une des conséquences des traumatismes que nous avons traversés depuis l’indépendance du Burundi en passant par la dure période du régime dictatorial qui a commis pogrom sur pogrom notamment le génocide de 1972 dont cette année marque le 49ème anniversaire commémoratif. Que ce soit du côté des bourreaux ou des victimes un processus de guérison est plus que jamais souhaité, en vue de la restauration durable de l’harmonie qui doit impérativement caractériser le peuple burundais.

Osons parier que le Burundi s’est durablement mis sur des fondations solides qui lui permettront dorénavant et à l’avenir de transcender tout malentendu socio-politique avant qu’il ne se transforme en volcan en éruption.

Ruvyogo Michel