Le dollar est monté mercredi à son plus haut niveau face à l’euro depuis près de 20 ans après l’annonce d’une hausse de taux de la banque centrale américaine (Fed), qui se cumulait à des déclarations du président russe Vladimir Poutine.
Les inquiétudes envoient les investisseurs vers les valeurs refuges
Ces propos intervenaient au lendemain de l’annonce, mardi, de la tenue, dans l’urgence, d’un “référendum” d’annexion par la Russie dans quatre régions d’Ukraine. Le sentiment généralisé d’escalade du conflit avait déjà sapé l’ensemble des devises européennes, en premier lieu l’euro, avant que la Fed ne leur porte un nouveau coup.
“Catalyseur”
Le “catalyseur” de ce nouveau coup de rein du dollar a plutôt été, selon lui, l’actualisation des projections des membres de la Fed en matière d’évolution du taux directeur. “La Fed nous dit que les taux vont atteindre entre 4,4% et 4,9% en 2023, ce qui est plus que ce que le marché avait intégré”, à savoir environ 4,5% au pic du cycle de resserrement monétaire, a expliqué Christopher Vecchio. En outre, les banquiers centraux ont écarté toute baisse des taux avant 2024, ce qui a pris de cours les cambistes, qui pariaient sur le deuxième semestre 2023.
Le président de la Fed, Jerome Powell, a ainsi alerté sur les risques qui pourraient être posés par “un assouplissement prématuré de la politique” monétaire. Le Dollar Index, indice qui compare le dollar à plusieurs grandes monnaies, a été propulsé mercredi à un sommet de plus de 20 ans (juin 2002). Le rythme échevelé de la Fed met sous pression l’ensemble des grandes banques centrales, notamment la Banque d’Angleterre (BoE), qui publiera jeudi sa décision de politique monétaire.
Alors que la plupart des économistes tablaient jusqu’ici sur une hausse d’un demi-point du taux directeur de la BoE, l’hypothèse d’un relèvement de 0,75 point, aligné avec celui de la Fed, est montée en puissance ces derniers jours. “Les risques de baisse sont limités pour le dollar avec une Fed qui prévoit encore une hausse de plus d’un point de son taux d’ici la fin de l’année”, a commenté Joe Manimbo, de Convera, dans une note.
Pour autant, Christopher Vecchio ne s’attend pas à ce que le “buck”, autre surnom du dollar, aille beaucoup plus loin dans les prochaines heures. La Fed “s’est montrée plus offensive, mais de façon marginale”, selon lui. “Les attentes du marché n’étaient pas si éloignées de ce que nous a dit” la banque centrale américaine mercredi.
Source: AFP