« A voir le rythme de déboisement dans le pays et la demande grandissante en charbon de bois, si les gens n’utilisent pas d’autres sources d’énergie, il y a risque de se retrouver avec un pays désertique. C’est pourquoi nous avons pensé à rendre disponibles d’autres combustibles pouvant être utilisés à la place du charbon de bois », confie James Kwizerimana, un de ces jeunes de Cibitoke.
C’est non loin de la route Bujumbura-Rugombo qu’ils ont installé leur petite unité de fabrication de briquettes combustibles. Nous sommes en plein centre-ville de Rugombo, à proximité du lac Dogodogo. Là, on est attiré par le bruit des machines.
Quelques jeunes fabriquent des briquettes tandis que d’autres s’activent pour produire des braseros, et d’autres objets. Réunis dans une coopérative pour l’innovation et le développement, ces jeunes rencontrés sur place sont pour la plupart des lauréats d’une école technique sise à Rugombo.
Et la fabrication de ces briquettes suit un processus. D’abord, raconte M. Kwizerimana, on commence par la collecte des matières premières : des rafles du riz, de maïs, et d’autres déchets agricoles. Il faut ajouter des résidus du charbon de bois, des déchets de la farine de maïs ou de manioc récupérés près des moulins, etc.
Avant d’entamer la fabrication proprement dite, on fait la carbonisation. Des herbes, des branchages de maïs, de bananiers… sont broyés pour avoir de petites particules. On procède ainsi au tamisage pour ne rester qu’avec des morceaux plus fins.
Ensuite, le pétrissage de ces différentes matières premières pour avoir une pate noirâtre à mettre dans une machine pour avoir des briquettes. A la sortie des machines, elles sont chaudes et molles. « Après, elles sont rangées sur des plaquettes et sont mis sous le soleil ». Et le séchage dure des heures, des jours, selon que l’on est dans une période d’ensoleillement ou pas.
Et dans les conditions normales, M. Kwizerimana fait savoir que la production journalière se situe actuellement entre 500 et 600 kg. « Ce qui fait entre 4,5 tonnes et cinq tonnes par mois ».
Quid de la qualité ?
« 1 kg de ces briquettes est vendu à 400BIF. Et cette quantité peut suffire pour cuire du haricot accompagné de pommes de terre, de colocases ou du manioc. Une famille moyenne a donc besoin d’1kg par jour », raconte-t-il. Il ajoute que ce combustible ne produit pas de la fumée.
Ce qui est confirmé par les usagers. I.K. indique qu’il dépensait auparavant au moins 2000BIF pour le charbon de bois. « Avec ces briquettes, j’ai besoin uniquement de 2kg par jour. Ce qui me permet aujourd’hui de thésauriser plus de 1000BIF qui était destiné à l’achat du charbon de bois ».
Cette mère de quatre enfants ajoute que ces briquettes sont plus légères. Elle salue cette initiative : « En tout cas, l’initiative est très bonne. Les gens souffraient beaucoup pour avoir du bois de chauffage. Et cela détruisait beaucoup les forêts. Et, à la radio, j’entends souvent dire que le déboisement est très dangereux pour l’humanité. Espérons que ce projet va changer positivement les choses. » Toutefois, elle déplore que ces briquettes ne soient pas toujours disponibles sur le marché.
Constance, une autre mère de famille, abonde dans le même sens : « C’est vraiment salutaire. Mes dépenses pour l’achat du charbon de bois ont diminué de plus de la moitié depuis que j’ai découvert ces briquettes. »
Elle apprécie aussi le fait que ces jeunes ont su créer leur propre emploi. Cette institutrice note en outre qu’avec ce projet, la propreté s’est beaucoup améliorée, notamment près des décortiqueuses du riz : « Avant, on y trouvait des tas de rafles rizicoles et des tonnes des déchets. Actuellement, ils les récupèrent pour servir de matière première. »
Interrogé sur ces ruptures de stock, James Kwizerimana invoque le manque de séchoirs modernes : « Durant la période pluvieuse, il nous est difficile d’augmenter la production. Car, quand la pluie tombe, nos briquettes prennent du temps pour être utilisables. C’est donc notre principal défi. » Il souligne que l’autre défi majeur est le fait que leurs briquettes ne sont pas encore très connues : « Si on pouvait avoir un espace assez grand dans un marché pour étaler notre produit, sans doute que les clients afflueraient. »
Par Rénovat Ndabashinze (Iwacu)