Semaine de la Diaspora Burundaise 2023 : Un Décalage Inattendu et un Appel à une Reconnaissance Profonde, à la Réintégration Sociale
Gitega, 17 août 2023 – Conformément aux politiques étrangère et intérieure du Burundi. Traditionnellement prévue pour fin juillet, la semaine de la diaspora a été repoussée à la fin août en raison de l’agenda présidentiel. Cette décision a pris de court les membres de la diaspora du monde entier qui avaient réservé leurs congés pour juillet. Ce jeudi, dans une atmosphère quelque peu tendue, Son Excellence Ndayishimiye Evariste (Général Major), Président du Burundi, a inauguré la Semaine de la Diaspora Burundaise. Les activités se dérouleront jusqu’au samedi 19 août 2023 sous le thème : « Diaspora burundaise, unis avec les leaders de notre nation pour le développement de notre patrie« .
M. Niragira Eric, Président de l’association « Diaspora Burundaise », reconnue par l’État, a profité de l’occasion pour souligner l’importance de la contribution des membres de la diaspora au soutien de la politique socio-économique du Burundi : « Un compte intitulé ‘Projet diaspora’ a été ouvert à la Banque Nationale du Burundi depuis le 02/08/2023, afin que chaque membre puisse y verser au moins 5 dollars par mois en vue de contribuer au développement du pays« .
Pour de nombreux membres de la diaspora burundaise, c’est un profond regret… L’État du Burundi n’a pas saisi l’essence de la diaspora burundaise, qui porte en grande partie une histoire marquée par des blessures [1]. La diaspora burundaise ne doit pas être vue commeune source de financement ouune vache à lait pour résoudre les enjeux socio-économiques du pays. Elle ne devrait pas être considérée comme la solution aux besoins financiers du Burundi. Il incombe à l’État de résoudre cette question par une planification adéquate. En raison de cette incompréhension regrettable de la diaspora par les autorités burundaises, accentuée par le système éducatif hérité de l’époque coloniale qui encourage une préférence pour l’Occident au détriment de l’Afrique, une tendance alarmante s’est dessinée depuis 2020 : de jeunes Burundais quittent leur patrie avec l’espoir d’obtenir des ressources financières à l’étranger pour contribuer à la politique socio-économique [2]. Il s’agit d’une nouvelle forme d’émigration résultant des choix politiques faits par le Burundi.
La diaspora ne se limite pas à cela. L’État doit adopter une vision différente de la diaspora et mettre en place une politique de réintégration des membres de la diaspora dans le tissu social du Burundi. Ce sont principalement des individus blessés par les séquelles de la colonisation et du néocolonialisme.
Par exemple, à l’étranger, l’État devrait acquérir des résidences pour les membres de la diaspora burundaise afin de promouvoir le pays à l’international. Cela permettrait également à tous les Burundais vivant à l’étranger de préserver la culture, y compris la langue, l’ubungoma (l’ubuntu), les tambours du Burundi, l’histoire, la danse, les poèmes, la cuisine burundaise (à travers des restaurants ou des bars), etc. Ainsi, dans le nouveau monde multipolaire d’aujourd’hui, la diaspora a plus vocation d’être un outils diplomatique, une antenne pour le Burundi.
