Burundi : Jeunesse, entrepreneuriat, paix régionale et résister au néolibéralisme

L’entrepreneuriat des jeunes au Burundi favorise la paix, mais la dépendance aux financements étrangers menace la souveraineté socio-économique nationale.

Bujumbura, 11/09/2025 – Organisée par le bureau de l’Ombudsman burundais, en présence de la ministre burundaise de la Jeunesse, Nsekera Lydia, et en partenariat avec International Alert, une rencontre régionale s’est tenue à Bujumbura, réunissant des jeunes du Burundi, du Rwanda et de la RDC. Le thème était : « L’entrepreneuriat, levier de la promotion de l’agenda jeunesse, paix et sécurité en Afrique centrale ».
L’Ombudsman du Burundi, Hon. Kanyana Aimée Laurentine et les panélistes ont écouté les jeunes. Ingabire Esther, jeune commerçante rwandaise de 26 ans, a dénoncé l’impact de la fermeture des frontières entre le Rwanda et le Burundi sur son activité : « Le coût de transport de mes marchandises est passé de 20 à 220 USD à cause de la fermeture des frontières. »
Les jeunes de la RDC ont salué les initiatives du Burundi pour la jeunesse, telles que la Banque d’Investissement pour les Jeunes Entrepreneurs (BIJE), le Programme d’Autonomisation Économique des Jeunes (PAEEJ) et le centre de formation de Rusi.

Le partenaire financier principal de cette activité était International Alert (IA), une ONG britannique fondée en 1985 par Martin Ennals. En 2014, International Alert a reçu 49 930 USD de l’Open Society Initiative for Europe pour un projet intitulé Platform for Voice. Dans le cadre de la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale (GUAN) [1], pour IA, comme pour l’Open Society de George Soros et de nombreux autres acteurs parmi les fondations et ONG, l’objectif géopolitique est de contrôler les Économies Sociales (ES) dans le monde. La jeunesse et les femmes sont des cibles privilégiées pour ces projets de domination économique et civilisationnelle.
Début des années 2000, la GUAN a financé divers secteurs de l’Économie Sociale du Burundi (ESB), incluant la société civile, les entreprises, les médias privés, les partis politiques, les hôpitaux et les centres de santé. En guerre géopolitique contre la Chine dans la région des Grands Lacs Africain, le 26 avril 2015, la GUAN a mobilisé ces acteurs de l’ESB pour provoquer un changement de régime ou « Révolution de Couleur » ( outil de soft power ) au Burundi avant les élections démocratiques où le CNDD-FDD semblait destiné à l’emporter. Suite à l’échec de cette manœuvre, une « Guerre Humanitaire » a été lancée contre le Burundi, conduisant à la mort mystérieuse du président Nkurunziza Pierre en 2020 et en ce jour à une pénurie organisée de carburant.

Aujourd’hui, l’État burundais accepte que le PNUD finance l’Economie Sociale du Burundi (ESB), bien que 95% des ressources de cette agence du PNUD proviennent du monde occidental. C’est se jeter dans la gueule du loup. Cela revient à se remettre dans les bras de la « Croix et la Bannière ». [2]

Le Burundi, Ingoma y’Uburundi, devrait cesser d’accepter ces aides pour sa vision 2040-2060, car elles le mettent en danger, et s’ouvrir davantage aux horizons du monde multipolaire. Réalisé par les Banyamabanga (planificateurs burundais), les Barundi possèdent leur système socio-économique propre, appelé Ubumu (la chose de « Mu », la mère : Mukakaryenda, la femme Tambour) [3]. Entre 1920 et 1930, plus de 50000 Barundi, dont de nombreux Banyamabanga, ont été victimes de la cruauté de la colonisation [4], un crime contre l’humanité et un génocide. En 1965, les derniers fils de Banyamabanga et de nombreux Bataka ont été assassinés, avant la chute d’Ingoma y’Uburundi en 1966.
En 1972, l’Ubumu a été remplacé de force par l’économie de marché occidentale (le capitalisme) suite au génocide contre les Hutu du Burundi [5]. Les Hutu, principaux acteurs de l’Ubumu, produisent les ressources nécessaires pour répondre aux besoins de tous les miryango Barundi.
Depuis, le Burundi est devenu l’un des pays les plus pauvres du monde. Pour son plan 2040-2060, l’État du Burundi devrait instaurer une politique socio-économique basée sur l’Ubumu, en remettant les Banyamabanga (planificateurs) et les Bahutu (producteurs) au cœur du système. Selon le Bureau Central du Recensement du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage 2022 (BCR-RGPHAE2022), 85,7 % des ménages burundais vivent du secteur agropastoral [6].

Références :

[1] Nahimana Karolero Pascal, La guerre civile du Burundi (1993-2003). Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale, le CNDD-FDD, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[2] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France – notamment via les Pères Blancs de Lavigerie –, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
[3] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[4] En février 2025, l’Union Africaine (UA) a qualifié officiellement l’esclavage, la déportation et la colonisation de crimes contre l’humanité et d’actes de génocide contre les peuples africains. Cette décision, adoptée le 16 février lors de la 38e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba, marque un tournant dans la quête de justice historique pour le continent.
[5] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi, Bruxelles, 2025.
[6] Burundi : 85,7 % des ménages vivent de l’agriculture – RGPHAE2022 – https://burundi-forum.org/109343/burundi-857-des-menages-vivent-de-lagriculture-rgphae2022/

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Jeudi 18 septembre 2025 | Photo : Jimbere