En ces moments où le monde se mobilise contre Ebola et les forces du mal en Irak, l’actualité burundaise passe inaperçue. Dans cette ambiance d’accalmie, des complots se trament contre la stabilité du pays. A la faveur de la commémoration du coup d’Etat contre Bagaza le 3 septembre 1987, NetPress a fait un montage astucieux intitulé « Spécial « coup d’Etat du 3 septembre 1987 ». C’est à vrai dire une stratégie redoutable de déverser sur la toile une haine éternelle des fossoyeurs de la paix au Burundi. Nous avons décidé de réagir et d’envoyer notre refus du monopole de la parole à la rédaction de NetPress. Mais comme nous sommes convaincus que NetPress va refuser la contradiction, nous avons proposé cette réaction à d’autres médias susceptibles d’aider les lecteurs à faire la part des choses.

NetPress comme un psychopathe nostalgique des décennies des pogroms
Et le médium d’affirmer à titre d’exemple : « (…) Pierre Buyoya s’attendait à ce que les électeurs de la majorité ethnique lui disent « merci » dans les urnes, pour avoir mis fin à leur exclusion dans la gestion des affaires de leur pays. Mais les résultats proclamés au soir du 2 juin 1993 montrèrent que les électeurs hutu avaient choisi un des « leurs », Melchior Ndadaye, avec un score avoisinant les 65%.
Le vote fut donc « ethnique » comme s’en alarmèrent manifestants tutsi qui envahirent les rues dès la mi-journée, du lendemain contestant par là le côté « démocratique » du scrutin. Certains y virent les prémisses de ce qui allait se passer le 21 octobre 1993 avec l’assassinat du président élu, une centaine de jours seulement après son investiture »

Cette lecture de l’histoire avec des lunettes daltoniennes requiert une réaction musclée de tous les esprits épris de paix et de vérité. Déjà dans ce papier abject, NetPress présente Buyoya comme l’homme qui a pris le taureau par les cornes en formant des gouvernements où les Hutus obtiennent la moitié des postes ministériels y compris le prestigieux poste de Premier Ministre. Non seulement, NetPress ment sciemment car nul n’ignore que les ministres hutus n’étaient que des « Hutus de service ». Ces pseudos gouvernements d’unité nationale de même que la charte de l’unité n’ont jamais convaincu les Hutus car c’était un stratagème boiteux et scandaleux par rapport aux revendications des intellectuels hutus qui avaient osé signer une lettre ouverte au Président Buyoya au lendemain des massacres de Ntega et Marangara.

Nul ne peut être éternellement le dindon de la farce. Buyoya a fait une politique d’ouverture et d’unité? Mon œil! Pourquoi a-t-il refusé l’offre de Melchior Ndadaye de passer par une transition avant de se lancer dans les élections? Parce qu’il croyait que les Hutus étaient toujours naïfs et trop crédules. Les maîtres à penser du parti UPRONA étaient convaincus qu’en plaçant les Hutus à la tête des listes des candidats députés dans toutes les provinces du pays, Buyoya allait gagner haut la main et signer des décrets en cascade pour écarter doucement ces « hutus de service » et permettre aux Tutsis de contrôler le pouvoir législatif. Souvent n’est-il pas pris qui croyait prendre ou pendre !

Mais NetPress par mépris et dégoût envers les Hutus estime que ceux-ci auraient dû porter Buyoya au triomphe en ravalant les larmes et les deuils du massacre de Ntega et Marangara ! A lire les accusations que NetPress porte sur les Hutus, on comprend très aisément que l’équipe de rédaction de ce « médium de la haine » considère les hutus comme des rats qu’on devrait attraper avec du fromage ou des miroirs aux alouettes!

Revenons sur « vote ethnique ». Si nous considérons que les Tutsis sont autour de 15% de la population, les Hutus 84% et les Twas 1%, comment se fait-il que Buyoya ait obtenu plus de 30% des suffrages exprimés ? Ces âneries de NetPress constituent bien entendu un plat réchauffé mais très avarié, donc indigeste pour le peuple et les amis du Burundi. C’est une énième illustration que NetPress est un médium de la haine par excellence. N’en déplaise aux entreprises, missions diplomatiques, ONG internationales et sociétés publiques qui lui confient des pages publicitaires très juteuses!

NetPress ou le comble du cynisme à la burundaise
NetPress n’a pas froid aux yeux quand il transforme les victimes en bourreaux. Ce genre de comportement n’a rien d’inédit dans l’histoire du Burundi. Déjà en 1972, les diplomates du régime Micombero sillonnaient le monde pour raconter que les personnes qui mouraient en masse n’étaient tuées que dans le feu de l’action. Bien que les images, les rapports et les témoignages des missionnaires catholiques et des coopérants belges et suisses soient accablants sur la consommation d’un génocide contre les Hutus, il s’est toujours trouvé des avocats du diable de l’acabit de NetPress pour imposer des larmes de crocodile.

Et NetPress n’y va pas par le dos de la cuillère pour accréditer le mensonge cynique du Hutu aux allures de Cain face à un Tutsi aux qualités d’Abel. Et d’affirmer : « les électeurs hutu estimèrent sans doute qu’en massacrant les Tutsi 5 ans auparavant, ils avaient en quelque sorte poussé le régime de la IIIème République à les reconnaître comme ayant les mêmes droits que leurs compatriotes de l’ethnie minoritaire. En résumant de façon cynique, ils avaient eu « le mérite » de verser du sang pour accéder aux postes de responsabilité. »

S’il est certain qu’en massacrant les Hutus en 1972, les Tutsis puissants ont créé les conditions d’un pouvoir monoethnique voire despotique, il est archifaux de mettre en parallèle cette situation à celle de 1988 pour la simple raison que c’est toujours le régime en place qui lance des bombes Napalm sur de Hutus aux abois. Les termes utilisés par NetPress ont par contre l’intérêt de confirmer que les Tutsis alors au pouvoir ne misaient que sur les bains de sang pour monopoliser les rênes du pays. N’avaient-ils accédé à ce pouvoir qu’à la faveur d’un régicide et d’un génocide ? NetPress a le culot de tourner le couteau dans les plaies, à la veille de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation. Cela participerait d’un plan d’envergure de résistance et de sabotage des travaux de ladite commission et surtout de dénier aux Hutus tout droit à la vérité. Cet article n’est donc que l’infime partie d’un iceberg qui est prévu pour couler le bateau national de la Commission vers un véritable havre de paix.

Le Burundi dans le collimateur des forces rétrogrades
NetPress se fait passer pour la mémoire historique du pays mais son traquenard est trop grossier. S’il est vrai qu’aux imbéciles on montre la lune et ils fixent le droit que la leur montre, le papier que NetPress vient de diffuser à la faveur d’une commémoration étrange du coup d’Etat contre Bagaza a mis la puce à l’oreille de bien des analystes et des observateurs attentifs de la marche burundaise vers la stabilité irréversible.

NetPress comme tous les opposants au régime de Bujumbura sont conscients des chances infimes de l’opposition et de ses maîtres à penser de l’Occident d’empêcher le CNDD-FDD de rempiler pour 2015. La fermeté qu’affiche le régime à l’endroit des activistes aussi ignorants que l’Ours de la Fable de l’amateur des jardins et des opposants outrecuidants comme Léonce Ngendakumana ou comme Alexis Sinduhije, a poussé au plan d’envergure mais qui peut s’écrouler comme un château de cartes.
Abraham Lincoln disait: « Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps ». Si les Tutsis extrémistes et mégalomanes avaient eu un minimum d’humanité la mémoire de Pierre Ngendandumwe aurait été plus honorable de même que celle Paul Mirerekano, pour ne citer que ces vaillants Hutus à jamais regrettés.

Le papier de NetPress est donc tout sauf un élément isolé ou éphémère. Il fait partie d’un plan de matraquage et de diabolisation médiatiques du régime à quelques mois des élections générales où l’Occident bat toujours ses cartes, le cœur écartelé entre le désespoir de voir l’opposition essuyer une déconfiture incontestable et le choix réaliste de tendre la main au vainqueur un tantinet populiste.

NetPress joue pleinement son rôle de préparer l’opinion internationale à l’indifférence envers les Hutus et à comprendre les forfaits qui peuvent se commettre comme venant nécessairement des éternels chiens enragés : les Hutus ! Les dignitaires du parti au pouvoir ont pris conscience du fait que la communauté internationale plaçait le financement des élections au-dessus du Président de la République comme une épée de Damoclès. Fort heureusement, le Président NKURUNZIZA a réagi avec panache en dotant la CENI de 7,4 milliards Fbu dans le budget national révisé. Il a pris son bâton de pèlerin vers la Chine pour exhorter ce partenaire et ami du Burundi à appuyer l’organisation des élections. La réponse a été prompte et palpable. Bientôt, des émissaires du Président vont sillonner les pays émergents et bien des capitales africaines pour sensibiliser au complot contre la démocratie burundaise.
Pendant ce temps, NetPress et d’autres forces rétrogrades vont s’en mordre les doigts. Cependant, dans ce contexte, la vigilance s’impose de même que le rejet prompt du monopole de la parole par les nochers des enfers. Car comme disait De La Rochefoucauld: « Il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle de passions, en sorte que la ruine de l’une est presque toujours l’établissement d’une autre ». Toujours convient-il de plaider en faveur du boycott de ce médium qui crache au visage des responsables hutus et de tous les Burundais déterminés d’en découdre avec les rivalités ethniques combien anachroniques. Oui, il ne faut plus, bêtement, donner des publicités ou souscrire des abonnements à NetPress! Nous faisons un clin d’œil au Conseil National de la Communication de ne point laisser ce genre de médium abuser de la liberté de presse.

Miburo Pontien