Me François Cantier, avocat du Rwandais Émile Gafirita, répond aux questions de « Jeune Afrique » au sujet de l’enlèvement de son client, au Kenya, mi-novembre. L’ancien sous-officier devait témoigner devant la justice française au sujet de l’attentat, en 1994, contre l’avion de l’ancien président hutu Juvénal Habyarimana.
Fondateur d’Avocats sans frontières France, dont il est aujourd’hui le président d’honneur, Me François Cantier a été sollicité par l’ancien sous-officier rwandais Emile Gafirita, qui souhaitait livrer son témoignage aux magistrats français en charge de l’information judiciaire sur l’attentat commis au Rwanda, le 6 avril 1994, contre l’avion de l’ancien président hutu Juvénal Habyarimana. Selon ce témoin, apparu tardivement, le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé serait impliqué dans cet épisode déclencheur du génocide des Tutsis.
Depuis plus de quinze jours, Émile Gafirita – mis en cause au Rwanda depuis près d’un an pour son rôle dans un attentat à la grenade en 2013 – a disparu au Kenya. Selon des témoins cités par RFI, il aurait été enlevé en pleine rue, à Nairobi, par deux hommes non identifiés. Présent à Dakar à l’occasion du XVe sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’avocat, qui connaît bien le Rwanda pour avoir défendu, depuis 1994, des génocidaires comme des rescapés, revient pour Jeune Afrique sur les zones d’ombre du dossier.
Jeune Afrique : dans quelles conditions Émile Gafirita vous a-t-il sollicité ?
François Cantier : Il m’a adressé un courrier électronique en juillet 2014. Il prétendait avoir été témoin d’événements concernant l’assassinat du président Habyarimana au Rwanda, en avril 1994, et m’a indiqué qu’il souhaitait témoigner devant la justice française. Il estimait courir des risques et voulait savoir s’il pourrait bénéficier d’un statut protégé.
Souhaitait-il rester anonyme ?
Non, il ne formulait pas les choses ainsi. C’est moi, compte tenu des risques qu’il évoquait, qui lui ai précisé qu’il existait cette possibilité procédurale afin que son nom n’apparaisse pas dans le dossier. Mais cela ne pouvait être demandé que par la Parquet ou par les juges d’instruction, ce qui n’a pas été le cas.Lire la suite sur:http://fr.africatime.com/external?url=http://www.jeuneafrique.com/Articl…