Rejet de la demande de remise en liberté provisoire d’un responsable d’une radio privée au Burundi
Bujumbura, Burundi – Le tribunal de grande instance en mairie de Bujumbura n’a pas lâché prise en décidant, mercredi, du maintien en prison du responsable de la Radio publique africaine (RPA, indépendante), Bob Rugurika, au terme de 14 premiers jours légaux de détention préventive pour « complicité d’assassinat », « manquement à la solidarité publique » et « violation du secret d’instruction » dans le dossier d’assassinat au Burundi de trois sœurs religieuses d’origine italienne, en septembre 2014, apprend-on de la défense du prévenu.
La justice burundaise reproche au prévenu des allégations qui sont passées sur les antennes de la RPA qui mettaient en cause de hauts gradés de la police nationale et du service national des renseignements dans l’assassinat de sœurs italiennes pour des raisons qui relèvent aujourd’hui encore du mystère.
Pour prolonger la détention préventive, les juges se sont fondés sur l’article 110 du code de procédures pénales burundais qui donne des pouvoirs au magistrat de « conserver les preuves » au chaud afin d’éviter une « concertation entre inculpés » à l’air libre.
La même source a cependant déploré le fait qu’on ne connait pas d’autres inculpés, à part « un déficient mental qui n’en est pas un ».
Le déficient mental avait été présenté aux médias comme étant l’assassin des trois sœurs italiennes dans leur couvent de Kamenge, un quartier populaire du nord de la ville de Bujumbura.
S’agissant de la suite du dossier, « nous comptons interjeter appel dans les 48 heures », a-t-il avisé.
L’autre réaction à chaud est venue du président de l’Union burundaise des journalistes (UBJ, syndicat), Alexandre Niyungeko, qui a déploré le maintien en prison d’un innocent.
« Nous allons continuer le combat pour que justice soit faite à Bob Rugurika et aux sœurs italiennes », a conclu le président de l’UBJ dont les « troupes » étaient mardi encore dans les rues de Bujumbura pour la même cause de la remise en liberté du patron de la RPA.
La justice burundaise, quant à elle, reste imperturbable malgré de fortes pressions internes et externes des défenseurs de la liberté de la presse et d’expression qui sont convaincus que Bob Rugurika était à féliciter pour avoir mis les enquêteurs sur des pistes dans le dossier du triple assassinat de sœurs italiennes pour des raisons jusque-là inexpliquées et difficilement justifiables dans différentes opinions.