Muscat, Oman (PANA) – Le Dr. Mohamed Rukara, Médiateur de la République du Burundi et vice-président du Conseil international permanent pour la prévention et la médiation (CIPM), a estimé que le dialogue est une piste pour combattre l’extrémisme musulman en Afrique dans un entretien avec la PANA, en marge de la conférence internationale sur le développement des sciences de la jurisprudence islamique qui se tient à Muscat, la capitale du Sultanat d’Oman.
« Pour combattre l’extrémiste en Afrique, il faut vaut mieux prévenir que guérir. Le plus grand ennemi dans la société, c’est l’ignorance, la pauvreté et la mauvaise influence. Avec la modernisation des moyens de communication, chacun peut faire véhiculer des bonnes ou mauvaises idées. Ce qu’il nous faut pour tous les Etats musulmans, c’est de créer un environnement propice pour que le message de l’islam dans le mass média international soit un message de paix, de cohabitation pacifique », a indiqué M. Rukara.
Le président du CIPM s’est interrogé sur l’objectif de Boko Haram d’interdire l’éducation ou l’école occidentale. De quel enseignement occidental parle-t-il?
M. Rukara a expliqué que les mathématiques ou la médecine sont des matières islamiques que l’Occident a développées.
« Contre les prédicateurs extrémistes, il y a un terme swahili qui dit: si vous voulez garder votre fils vivant dans un monde de sorciers, il faut le confier à un sorcier pour son éducation comme ça il ne peut pas le tuer. Cela veut dire que ces extrémistes, il faut les approcher, les mettre ensemble, les éduquer, peut-être qu’il y a des choses qui les dépassent », a-t-il affirmé.
« Ils se croient forts, qu’ils ont raison mais ils sont en totale contradiction avec l’islam. Mais eux, ils ne le savent pas. Il faut que nous leur montrions qu’ils sont dans le tort. Il faut qu’on leur donne un miroir pour qu’ils regardent leurs défauts », a ajouté Mohamed Rukara.
« L’islam en Afrique est un islam tolérant, un islam de cohabitation pacifique. On avait une bonne réputation. Mais aujourd’hui, c’est Boko Haram, Shebab et autres. Il faut qu’on change cette image et qu’on montre le bon visage de l’islam », a-t-il poursuivi.
« Sincèrement, ce qui se passe aujourd’hui en Afrique est très inquiétant, mais il ne faut pas désespérer, ni croiser les bras. Avec nos moyens modestes, il faut que nous prêchions la tolérance et l’acceptation de l’autre dans la diversité religieuse. Toutes les religions parlent de l’humanité, de la solidarité. Dieu n’a pas créé les gens pour s’entretuer ou se faire du mal. Dans tous les livres saints, Dieu montre son amour pour ses créatures. Mais,malgré tout cela je suis optimiste et j’espère qu’avec les efforts de chacun d’entre nous de prêcher la paix nous atteindrons notre objectif de vivre en harmonie », a-t-il conclu.
M. Rukara, par ailleurs vice-président de l’Association des ombudsmans et médiateurs de la Francophonie (AOMF), s’est insurgé que quand on parle d’extrémisme, on ne voit que la religion musulmane.
« Dans toutes les autres religions il y a des extrémistes », a-t-il souligné.
Dans l’avenir, il a appelé à l’organisation d’une conférence internationale en Afrique réunissant les grands intellectuels musulmans, chrétiens, juifs pour discuter et que chaque religion présente les problèmes dans sa communauté et les solutions à apporter.
« Que les gens soient transparents et qu’ils se disent la vérité. Si on fait cela, je crois qu’on peut réduire la montée de l’extrémisme à travers le monde », a indiqué M. Rukara.
Une conférence internationale sur le développement des sciences de la jurisprudence islamique, initiée par le ministère omanais des Affaires religieuses pour rapprocher les divers courants de l’islam, s’est ouverte dimanche à Muscat, la capitale du Sultanat d’Oman, en présence de plusieurs délégations africaines.
La conférence, dont c’est la 14ème édition, placée sous le thème « jurisprudence contemporaine: les méthodes du renouveau religieux et de la jurisprudence », regroupe du 4 au 8 avril des muftis, des chefs religieux, des conférenciers, des professeurs et des chercheurs du monde islamique de tous les courants pour débattre des faits religieux et de la tolérance au sein de la communauté musulmane.
La rencontre annuelle sur la jurisprudence islamique est organisée depuis 2002 par le ministère omanais de l’Awqaf et des Affaires religieuses qui est l’organisme gouvernemental dans le Sultanat d’Oman chargé de superviser toutes les questions liées aux affaires religieuses.
0- PANA BM/JSG 08avr2015 08 avril 2015