Selon une déclaration publiée par le parti non enregistré de Mme Ingabire, le FDU-Inkingi, le cadavre de Mutuyimana, découvert dans une forêt du nord-ouest du Rwanda, présentait des signes d’étranglement. Le Bureau d’enquêtes rwandais (Rwanda Investigation Bureau, RIB) a déclaré à l’agence Reuters qu’il avait ouvert une enquête.
La mort de Mutuyimana s’ajoute à une longue série de meurtres, de disparitions forcées, d’arrestations effectuées pour des motifs politiques et de détentions illégales au Rwanda, en particulier de personnes soupçonnées d’être des opposants au gouvernement, y compris de membres du FDU-Inkingi.
Anselme Mutuyimana avait été arrêté une première fois en 2012, sous l’accusation d’avoir tenu une réunion illégale dans un bar. En janvier 2014, il avait été déclaré coupable d’incitation à l’insurrection, en même temps que le Secrétaire général du FDU-Inkingi, Sylvain Sibomana. Mutuyimana a été remis en liberté en août 2018, tandis que Sibomana continue de purger sa peine.
Victoire Ingabire a été condamnée à 15 ans de prison pour incitation à l’insurrection, après qu’elle eut tenté de prendre part à l’élection présidentielle de 2010. Elle a purgé six ans de cette peine avant d’être remise en liberté en septembre 2018, quand le président du Rwanda, Paul Kagame, a amnistié plus de 2 000 détenus.
Et la liste continue.
En octobre 2018, le chef adjoint du FDU-Inkingi, Boniface Twagirimana, a « disparu » de sa cellule dans la prison de Mpanga, dans le sud du Rwanda. Il avait été inculpé, en même temps que plusieurs autres membres de son parti, d’atteintes à la sécurité de l’État, dans le cadre d’une vaste répression de l’exercice de la liberté d’expression après les élections de 2017.
Et en mars 2016, une activiste politique membre du FDU-Inkingi, Illuminée Iragena, a été portée disparue, très probablement après avoir été victime d’une disparition forcée dans un lieu de détention gouvernemental non officiel.
Il est à craindre qu’Illuminée Iragena et BonifaceTwagirimana soient tous deux morts.
La triste réalité semble être que s’opposer au gouvernement au Rwanda demeure une entreprise dangereuse.
Lewis Mudge, directeur Afrique centrale – Human Rights Watch
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