Les dissuasions et confits d’intérêts en cours semblent de plus en plus visibles au sein de l’opposition signataire et non-signataire de l’accord du dialogue politique exclusif de décembre dernier à Kinshasa, estiment des experts et analystes de la vie politique en République démocratique du Congo (RDC).
L’accord politique du deuxième dialogue signé décembre dernier à Kinshasa, sous la médiation des évêques de l’Eglise catholique, CENCO, remet officiellement le poste du nouveau Premier ministre au Rassemblement, plate-forme d’opposition dirigée par le leader Etienne Tshisekedi.
Suite à cet accord, le bureau politique du Rassemblement devrait dans le tout prochain jour remettre au président Joseph Kabila le nom de son candidat pour être nommé au poste du Premier ministre pour la formation d’un gouvernement de transition avec l’objectif de gérer conjointement le pays et s’organiser les prochaines échéances électorales.
Selon plusieurs experts et analystes politiques de la RDC, c’est donc sur le choix des noms de ces candidats que les membres de la plus grande partie de l’opposition réunie au sein du Rassemblement apparaît divisée, faute aux ambitions partisanes des acteurs politiques qui composent le Rassemblement.
Quelques semaines après la signature de l’accord du 31 décembre dernier, les membres du G7, plate-forme réunie derrière l’homme d’affaires populaire Moïse Katumbi, candidat déclaré et ancien gouverneur du Katanga devenu opposant au président Joseph Kabila, ont ouvertement exprimé le soutien à l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi pour pouvoir nommer son candidat au poste du nouveau Premier ministre.
Mais le soutien déclaré du bureau politique du groupe G7, membre du Rassemblement, n’a pas fait l’unanimité au sein de la plate-forme, car quelques heures après, la dynamique de l’opposition membre du Rassemblement s’est déclaré non favorable à la proposition du G7.
Pour d’autres analystes par contre, les dissuasions au sein de l’opposition signataire du dernier accord politique font suite à la volonté déjà exprimée de l’entourage proche du leader de l’UDPS, qui cherchent à positionner Felix Tshisekedi, fils d’Etienne Tshisekedi dont le nom est de plus en plus cité parmi les candidats favoris au poste du futur Premier ministre.
« Malheureusement dans notre pays, les politiciens sont capables de sacrifier les intérêts suprêmes de la nation juste pour du positionnement politique personnel », s’est indigné à Xinhua sous l’anonymat un membre éminent du Rassemblement.
Par contre, d’autres analystes indiquent que les dissuasions au sein de l’opposition risquent de bénéficier à la mouvance présidentielle qui va profiter de la non compromise interne de l’opposition signataire pour retarder l’application de l’accord politique.
Depuis la signature de l’accord du 31 décembre dernier, plusieurs ministres de l’opposition modérée, membres du gouvernement signataire de l’accord de l’octobre dernier de la cité de l’OUA, ont fait bloc derrière l’actuel Premier ministre Samy Badibanga et ont refusé de signer le présent accord du 31 décembre.
Les évêques de la CENCO, médiateurs de pourparler en cours ont déjà entamé de discussion avec ces membres de l’opposition réunis derrière Badibanga, mais rien de positif n’a été rapporté par les médiateurs, suite à des multiples blocages.
Quelques membres du Rassemblement accusent ces ministres issues de l’opposition de jouer aux jeux de la mouvance présidentielle pour tenter de retarder l’application de l’accord qui appelle à la formation d’un nouveau gouvernement avec un nouveau PM issue du Rassemblement.
Les discussions sur les arrangements particuliers entre les parties prenantes au dialogue exclusif sont en cours à Kinshasa, quelques semaines après la signature de l’accord avec peu d’avancées significatives suite à de multiples désaccords notamment sur la désignation du nouveau Premier ministre.
Les membres de l’opposition qui prennent part à cette discussion accusent la majorité présidentielle d’avoir bloqué la situation, car elle souhaite que le Rassemblement présente au chef de l’Etat cinq ou sept candidats à la primature.
Pour la mouvance présidentielle, il reviendra seul au président de la République de choisir un seul candidat pour le nommer au poste de Premier ministre. Proposition catégoriquement réfutée par les membres du Rassemblement qui préfèrent présenter un seul candidat pour la primature.
En attendant, l’accord politique stipule que l’actuel président Joseph Kabila reste au pouvoir jusqu’à l’élection de son successeur à la fin de cette année 2017.
L’ONU et plusieurs organisations internationales ont salué la signature de cet accord, et ont demandé son application effective par l’ensemble des acteurs politiques de la RDC.
KINSHASA, (Xinhua) —