Depuis un certain temps, des gens affirmant être des jeunes combattants basés en RDC nous faisaient part des informations des jeunes tués à Kiliba-Ondes. Iwacu a mené des enquêtes et a failli être manipulé. Un clin d’œil pour nos confrères.
Issa Ngendakumana : « Je reçois beaucoup de gens qui enquêtent sur ma mort, même les agents des services secrets burundais sont déjà venus » ©IwacuIssa Ngendakumana : « Je reçois beaucoup de gens qui enquêtent sur ma mort, même les agents des services secrets burundais sont déjà venus » ©Iwacu
Notre informateur affirmait être un officier parmi ces combattants à Kiliba-Ondes. D’après lui, avant de se faire enrôler, les recrues présentent leurs dossiers comme pour une demande d’emploi classique : « Nous ne leur demandons que leurs attestations d’identité complètes. »
Actuellement, confiait notre source, l’effectif est à 105 combattants composés des démobilisés, Imbonerakure et même d’autres qui veulent porter l’uniforme. Au mois de mars, affirmait-il, 50 jeunes se sont fait enrôler en RDC. Et d’insister que tous ces jeunes se considèrent comme des forces de l’ordre à part entière.
Et pour cause, explique-t-il, tout l’approvisionnement est fait par des officiers de la FDN : « Des militaires nous amènent du riz, du haricot, des bottines et des uniformes. » Selon lui, ces jeunes ont des numéros matricules et certains d’entre eux se rendront prochainement au Darfour pour une mission de maintien de la paix.
En attendant, soutenait notre source, des combats font rage entre ces jeunes burundais et des maï-maï dans plusieurs localités de Kiliba Ondes : « 100 maï-maï commandés par un certain Fujo et des hommes de Nzabampema nous ont attaqués au mois de mars et avril. »
Le terrain prouve le contraire
La première attaque, confie-t-il, a été menée vers 2 heures du matin simultanément sur nos positions se trouvant sur la 6ème avenue près d’un aérodrome en construction à Ondes et dans la localité de Mwaba près de Cimuka. Et d’affirmer que l’attaque avait fait au moins 11 morts dans leurs rangs. Les victimes, concluait-il, avaient été enterrées sur place.
Et de nous donner quatre noms dont Jean Mugisha, Jean-Marie Ngendakuriyo, Tatien Ntunzwenimana et Issa Ngendakumana qui seraient morts dans l’attaque du mois de mars à Kiliba-Ondes. Nous passons à l’étape de la vérification.
Nous nous rendons sur la colline Gahwazi 1 en commune Mpanda où habitait Jean Mugisha. D’après nos informations, Jean Mugisha est parti en RDC pour des entraînements militaires. En mars, le groupe a été attaqué par les combattants d’Aloys Nzabampema. Il a été blessé et s’est fait soigner au Congo. De retour au Burundi, nos sources indiquent qu’il a commencé à consommer des boissons prohibées et sa mort était naturelle. Ses voisins sont unanimes : «Il est tombé malade, ne s’est pas fait soigner et il est mort. »
Etienne Manirambona, chef de secteur Gahwazi 1 ne confirme pas que Jean Mugisha a été au Congo pour des entraînements militaires. Néanmoins, il fait savoir que sa mort n’a rien à voir avec les attaques militaires qui auraient eu lieu en RDC car sa mort était naturelle.
Nous nous rendons ensuite sur la colline Nyomvyi, en commune Mpanda où habite un certain Jean-Marie Ngendakuriyo. La même source affirmait qu’il a été tué à Kiliba-Ondes.
Emmanuel Misigaro : « A moins qu’il vient de mourir mais mon fils est vivant car je l’ai même vu ce matin » ©IwacuEmmanuel Misigaro : « A moins qu’il vient de mourir mais mon fils est vivant car je l’ai même vu ce matin » ©Iwacu
Malgré un chemin escarpé, nous arrivons au domicile de ce conducteur de moto. Il n’est pas là. Nous retrouvons Emmanuel Misigaro, son père. Celui-ci est étonné par nos questions car son fils est vivant. « A moins qu’il vient de mourir mais mon fils est vivant car je l’ai même vu ce matin», insiste-t-il.
La femme de Jean-Marie Ngendakuriyo nous donne son numéro de téléphone portable. Nous essayons de le joindre et il nous dit qu’il est à Musenyi, à presque huit kilomètres. Nous rebroussons chemin pour le rencontrer. Pièces d’identité à l’appui, nous nous rendons compte que c’est finalement la personne que l’on croyait morte.
« Je reçois beaucoup de gens qui enquêtent sur ma mort »
Nous nous rendons enfin sur la colline Rugunga en commune Gihanga, l’adresse de Tatien Ntunzwenimana et Issa Ngendakumana, morts également à Kiliba-Ondes, d’après notre source. Nous retrouvons Issa Ngendakumana, ancien combattant dans les rangs du CNDD-FDD. Celui-ci n’est pas surpris : «Je reçois beaucoup de gens qui enquêtent sur ma mort, même les agents des services secrets burundais sont déjà venus. »
Il explique qu’il a été démobilisé en 2006 et ne s’est jamais plus fait enrôler dans des groupes armés. Toutefois, il reconnaît faire des déplacements privés dans la localité de Ntunda en RDC : «C’est souvent pour rendre visite à mes deux sœurs mariées là-bas. » Tatien Ntunzwenimana est également vivant. Ce père de six enfants indique n’avoir jamais mis les pieds en RDC.
Enfin de compte, nous nous rendons compte que nous avons failli être manipulés. Par qui ? On ne le sait pas. Visiblement, il y a un plan d’induire en erreur les professionnels des médias. Pour quel Objectif ? Là aussi, difficile de répondre à cette question. A nos collègues, gardez le crédo : Il faut toujours douter et