Si on s’en tient aux philosophies connues du PALIPEHUTU et de l’ UPRONA post RWAGASORE, cete nouvelle coalition constitue un revirement sans précedent parce que contrairement au fameux gouverment de partenariat de la fin des années 90, qui s’est révelé non viable, celle ci n’est pas imposée, mais voulue et bien réfléchie, je l’espère , par ses principaux protagonistes, NDITIJE et RWASA.

J’ai comme impression que cette coalition s’est faite dans la précipitation car, les deux acteurs politiques avaient encore une chance, certes minime, de tenter l’unification dans leurs partis respectifs. Ils avaient surtout l’opportunité de renforcer les rangs de l’ADC IKIBIRI, s’ils éspèrent tenir face au CNDD FDD. Visiblement, l’un et l’autre ont eu des ambitions démesurées. Ceci montre que les problèmes que l’un et l’autre ont connu dans leurs partis respectifs ne sont pas entièrement imputables au parti au pouvoir.

Malgrè tout, si cette coalition est effectivement confirmée , elle constituerait un évenement historique dans le changement des mentalités, car jusqu’à présent, dans le chef du PALIPEHUTU, toute personne travaillant ou ayant une quelconque entente avec l’autre éthnie, était considerée comme traître et vendue; j’en connais qui y ont laissé des plumes.

De même, dans le camp de l’Uprona, même sous la direction de hutu, MAYUGI, Mukasi , NDITIJE et autres….. les hutu cadres étaient souvent considérés comme des infiltrés( IVYITSO) , tandis que les Tutsi cadres ou membres de nouveaux partis prônant le changement démocratique, comme le FRODEBU de NDADAYE, étaient automatiquement déconsidérés dans leur camp éthnique.

Cependant, il nous faut relativiser la portée politique de cette coalition, a priori contre nature, même si le réflexe éthnique n’a heureusement plus la même vigueur chez nos concitoyens . Il faut noter que l’UPRONA actuel n’a plus énormément de poids, dépassé par un MSD qui ne cesse de monter, et que RWASA a perdu aujourd’hui beaucoup de ses dents. Mais le bât blesse surtout au niveau des circonstances de la création de cette coalition et de ses conséquences dans la balance Pouvoir- Opposition.
1. Au sein du camp NDITIJE, la décision d’entrer dans cette coalition avec RWASA a été concertée et mûrement réflechie, comme d’habitude, au sein du laboratoire de cet ancien parti. l’objectif est de s’allier aux Hutu pour casser le CNDD FDD , considéré désormais,comme hutisan, excusez le terme. Or dans ce cas, l’Uprona a tablé sur une fausse base, d’où incertitude quand aux résultats escomptés:

 Dans l’état actuel des choses, RWASA n’a plus ni l’aura ni la force de rassembleur et encore moins les moyens de sa politique .

 Le CNDD FDD n’a pas certes, instauré une meilleure gouvernance, mais on ne peut pas le taxer de hutisan vu le nombre non négligeable de personnalités, cadres et dignitaires de l’autre éthnie dans ses rangs, avec une forte influence politique économique et militaire.
2.Dans le camp de RWASA, aucune concertation n’a eu lieu pour entrer dans cette coalition, si on s’en tient aux murmures palpables chez certains collaborateurs de RWASA, qui auraient souhaité une réunifcation au sein du FNL, ou à défaut, une entente dans le cadre de l’ADC IKIBIRI. Par ailleurs, l’enseignement qui a été toujours prodigué au PALIPEHUTU ne plaide pas en faveur d’une telle coalition, quelle que soit la conjoncture.

Ainsi, dans ce projet de nouvelle coalition , RWASA risque de brûler sa dernière cartouche qui était précisément celle de la conscience éthnique. Ceci est valable aussi chez NDITIJE qui aura du mal à convaincre sa base dont pas mal d’extremistes tutsi, même en invoquant une subtile manipulation contre le camp RWASA, dans le strict intérêt de l’UPRONA. A quelque chose malheur est bon , car tout compte fait, cette philophie éthniste ne pourrait apporter rien de positif.
3.La Coalition RWASA- Uprona( NDITIJE) arrange bien le CNDD FDD, car elle affaiblit l’ADC IKIBIRI qui aurait pu compter sur eux pour constituer un bloc unique contre le « puissant » parti au pouvoir. Or, cela donne aujourd’hui quatre blocs principaux; par ordre d’importance ( c’est notre avis), Le bloc CNDD FDD, Le bloc FNL BIGIRIMANA, le bloc ADC IKIBIRI et le bloc RWASA- UPRONA( NDITIJE), même avec éventuellement Dr MINANI. Dans de telles conditions, le candidat du CNDDFDD , NKURUNZIZA ou un autre pourrait l’emporter, probablement dès le premier tour des présidentielles.
4.Dans le camp MINANI, l’entrée dans cette coalition serait quelque peu étonnante, car comment expliquer de refuser la main de son frère du Frodebu et accepter celle de l’UPRONA qui ne nous a pas encore expliqué le sort qu’il a réservé à NDADAYE.

Par ailleurs, le poids réel du Frodebu NYAKURI n’est pas connu pour le moment , car la plupart de ses voix aux législatives de 2010 sont venues de KIRUNDO, province natale du DR MINANI et de BUJUMBURA Rural avec les voix du FNL aujourd’hui acquises au camp BIGIRIMANA.

Compte tenu du poids financier apporté dans la balance par l’ex président Domitien, de l’expérence de MINANI en tant que fin négociateur, il est fort logique et probable, que c’est lui qui soit le chef de cette nouvelle coalition.
5.Le seul avantage de ce chambardement de l’opposition est que si les élections se tiennent normalement comme prévu, notre parlement( assemblée nationale et sénat) ne sera plus monocolore et que nous pourrons compter enfin sur cette institution pour une meilleure gouvernance au cours de la prochaine législature.
6.La coalition RWASA- Uprona ( NDITIJE) et MINANI? aurait elle été téléguidée depuis l’étranger? Certains pensent qu’un des pays voisins serait derrière cette nouvelle coalition et que certains des protgonistes auraient été soudoyés pour y adhérer. Si c’est ce pays auxquel je pense, cela constituerait sans doute la faiblesse de cette coalition, car contrairement au mythe souvent entretenu, l’influence et le poids de ce pays dans la sous région sont devenus très relatifs.

Et si c’est à partir de l’occident que cette nouvelle coalition a été prônée et que certains miseraient ainsi là dessus, ce ne serait pas la première fois que des occidentaux se trompent énormément d’analyses, dans le camp du Burundi. Rappelez vous, à l’aube des élections de 1993, la plupart d’analystes occidentaux donnaient l’ UPRONA et BUYOYA gagnants, alors que » même le petit paysan qui cuiltive ou qui garde les vaches, savait que c’est le FRODEBU de NDADAYE qui devait gagner ».

En conclusion, je persiste et signe, cette nouvelle coalition ne sera pas viable, à moyen terme, car comme on peut le soupçonner, les protagonistes en question n’ont pas le même agenda.

Anatole BACANAMWO